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Centrafrique : les pieds nickelés de la gateway unique
Publié le vendredi 27 fevrier 2015  |  LNC
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Les gateways uniques seraient une manne. Ceux qui les promeuvent proposent à des chefs d’Etat, le plus souvent des dictateurs de préférence dans des pays pauvres, de confier l’exclusivité du traitement des flux d’appels téléphoniques entrants et sortants d’un pays à une société privée. En échange, cette dernière reverse une partie de ses revenus au régulateur local et aux opérateurs de téléphonie locaux, puis répartit le reste, c’est-à-dire le profit, entre elle-même et surtout quelques personnes désignées pour l’importance de leur contribution à ce merveilleux résultat. La « gateway » agit comme une barrière de péage électronique, inégalable pompe à fric, concédée par le despote local à une société privée qu’il choisit. Officiellement, elle contribuerait à contrôler le flux entrant de chaque opérateur mobile afin de lui appliquer une taxe et améliorer la qualité des communications téléphoniques du pays, même si, dans les faits elle pousse naturellement les acteurs locaux à vouloir frauder plus et mieux.

C’est à la recherche de cet eldorado qu’est parti le dealer d’armes François-Régis Tézé : il était demeuré ébahi devant le modèle simple du montage financier de gateway centrafricaine opérée par la société Comcell-Telsoft Centrafrica sous Bozizé. Des revenus récurrents et prévisibles, en lieu et place de ses commissions « one shot » pour des deals d’armes, avaient mis en émoi François-Régis Tézé .

Il crée d’emblée une société dédiée au Luxembourg, ZTA (ex Zeus Telecom Africa) et, n’y connaissant à peu près rien aux télécoms, s’associe à un ancien militaire d’infanterie, Didier Pagnoux, débarqué manu militari de la société française Ercom pour divers agissements indélicats, voire impropres autour d’un véhicule suisse, « Xtel », créé par lui. L’ex-militaire s’est depuis réinstallé au Luxembourg, à travers la coquille « Mobill (ex CFR) », rémunérant elle-même une société « Pactole Ltd » – tout un programme – domiciliée cette fois à Dubaï.

Depuis cinq ans, François-Régis parcourt la terre – presque 120 pays visités, de la Mongolie au Pérou en passant par le Liban – pour proposer sa nouvelle danseuse aux dictateurs peuplant notre planète, parfois aux chefs d’Etat quand ces derniers acceptent de le recevoir. Il ne faut pas sous-estimer l’entêtement de notre « lord of wars » aux petits pieds : une fois il rêve d’obtenir la gateway internationale de la Turquie, un petit pays connu pour son absence de position géostratégique. Une autre fois celle du Maroc. Plus modestement, il se vautre à Madagascar avec Andry Rajoelina et au Somaliland avec Silanyo, se fait escroquer de 600 000 euros en Guinée Conakry pour avoir prêter foi à un document de licence qui s’avérera être un faux grossier. Il rencontre à Beyrouth le ministre des postes et télécommunications d’Irak qui le traite publiquement de mythomane quand les représentants irakiens découvrent que la structure irlandaise « Gemtelco », que Tézé mettait en avant dans son montage « ad hoc », n’existait en réalité pas. Dans les documents présentés par Tézé, figure la référence centrafricaine de la gateway Comcell-Telsoft que Tézé n’a pourtant jamais opéré, ni de près, ni de loin.

Il accumule en parallèle une longue collection de casseroles, notamment en Afrique, faisant face aujourd’hui à la fronde d’une cohorte de prestataires dont ZTA n’a pas honoré les créances, parmi lesquels le propre CTO de la société, un ingénieur tunisien de qualité.

C’est finalement en Centrafrique, d’où il était pourtant intellectuellement parti avant de faire le tour du monde, qu’il aurait fini par trouver, tout récemment, un peu de réconfort : une licence de gateway internationale temporaire, qui pourrait courir jusqu’à la mise en place du prochain potentat par voie démocratique, donc sans contrôle biométrique de l’identité des votants, aurait été attribuée à la société ZTA, plus ou moins associée avec une société de conseil active au Tchad. Mais chut … il ne faut pas le dire, c’est secret.

François Régis Tézé est peu connu du grand public. Fils d’une mère appartenant à une prestigieuse famille française d’entrepreneurs du BTP, le bambin a mal tourné en donnant dans la vente d’armes. Sa société, General Engineering Marketing Development and Trading (GEMDT), sert de structure de portage de commissions dont les deux tiers sont reversés à divers agents.

GEMDT est notoirement proche de Charles Millon, personnalité devenue célèbre pour son alliance avec le Front National, intervenant désormais comme entremetteur, quand il le peut encore, notamment au profit des deals d’armes, réels, et des affaires de gateways, plus rares, de Tézé.

Suivez les prochains épisodes de notre feuilleton sur les gateways : « De la faillite frauduleuse de Nuage Neuf à l’organisation de nouveaux circuits de corruption en Centrafrique, sous couvert de télécommunications internationales ».
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