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Allocution du Pr. N’guérékata à Mbaiki 12 juillet 2014: lancement des VOCOCI (volontaires de la consultation citoyenne)
Publié le lundi 14 juillet 2014  |  Centrafrique Libre
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Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, ici à Mbaiki, pour vous parler d’une vaste opération populaire que j’ai décidé de lancer et qui, je crois, peut radicalement modifier la manière dont nous abordons les problèmes de notre pays.


Depuis des dizaines d’années, les gouvernements successifs ont trop souvent appuyés leurs décisions – quand ils en prenaient – sur une connaissance imparfaite, pour ne pas dire faible, voire inexistante, de la situation réelle du pays et des conditions de vie des populations.



Il en a résulté une absence totale de planification globale, des programmes sans queue ni tête, des gaspillages toujours plus nombreux, une corruption permanente, et surtout, surtout, sur un abandon du peuple. Incapable de faire entendre sa voix autrement que par des manifestations de colère, ce dernier vit désormais replié sur lui-même, sans rancune voix au chapitre de son propre destin. De cela nait les crises, dont celle que nous vivons aujourd’hui, sans doute la plus grave de toute.



Cette manière de faire ou plutôt de ne rien faire, de confisquer pour soi ou son clan le pouvoir et les ressources, sans un regard pour le sort des populations, ne peut plus durer. Ce constat, nombreux sont ceux qui le font, clamant un jour qu’ils vont faire différement, et oubliant la minute d’après leur belle promesse, pour se jeter dans les vieilles habitudes de la confiscation du pouvoir pour soi et dans l’inaction totale pour les citoyens.



Ceux qui me connaissent savent que, pour ma part, l’analyse et la réflexion servent toujours de catalyseur à l’action. Lorsque j’ai entamé mes visistes de terrain à Bangui et en province, je l’ai fait pour détecter ce qui n’allait pas. Et y apporter, avec mes modestes moyens, les réponses que je pensais les plus pertinentes en fonction des urgences. J’ai donc d’abord privilégié les dons de médicaments et de matériels médicaux aux hôpitaux et centres de santé à Bangui et en province. J’ai également pensé qu’en ces temps troublés, notre jeunesse, la relève qui aura à rebâtir ce pays brisé, devait avoir les moyens d’apprendre et de communiquer. L’internet est une fenêtre ouverte sur le monde, qui permet de tisser des relations et de penser l’avenir en collaboration avec des gens de tous les pays, et d’abord avec les centrafricains de l’extérieur, qui ont un rôle déterminant à jouer pour nous aider, grâce à leur position ou leurs réseaux. C’est pour cette raison que j’ai décidé de doter l’Université de Bangui du wifi. Favoriser l’apprentissage, le savoir, la connaissance et les échanges pour nous rouvrir aux autres et à la collaboration positive



Notre société brisée, où vivre ensemble apparaît souvent difficile du fait de l’instrumentalisation communautaire, a été l’autre grand sujet auquel je me suis attelé. Comme vous le savez sans doute, j’ai organisé plusieurs manifestations culturelles ou sportives en vue de rapprocher les communautés. Dans tous les quartiers de Bangui, dans l’Ouham Pendé… Les populations ont répondu à cet appel. Elles se sont déplacées en masse, comme pour signifier que la violence, la haine communautaire était clairement un ferment externe, un « produit d’exportation » que tous souhaitaient voir disparaitre, au même titre que la drogue venant corrompre la jeunesse de certains pays…



J’ai surtout vu, durant ces nombreux déplacements, rencontres, et discussions, sur tout le territoire, l’envie. Et l’espérance. L’envie de personnes de toutes conditions, communautés, religions, statut social ou origines, de participer au règlement de la crise. J’ai entendu des idées, des propositions et, très vite, il m’est apparu que les solutions à nos problèmes étaient là, à portée de main. Je peux comprendre que dans l’urgence, l’on ai fait appel à l’extérieur pour tenter de stabiliser une situation qui dégénérait chaque jour d’avantage, mais je crois qu’il est de notre responsabilité, aujourd’hui, d’apporter notre pierre à l’édifice de reconstruction. Collectivement. Et individuellement.



Nous avons en nous, vous avez en vous, chaque centrafricain a en lui, les clés pour permettre à notre pays de sortir du chaos. J’en suis convaincu. Par un comportement responsable d’où la haine est absente, et par les idées et les propositions que chacun porte en lui.



Encore faut-il que l’on prenne la peine de vouloir recueillir ces idées, que l’on veuille écouter ce qu’ont a dire les centrafricaines et les centrafricains. D’analyser leur vision…



Cela n’a jamais été fait ? Ni en RCA ni ailleurs sur notre contient ?



Et alors. Ce n’est pas parce que quelque chose n’a jamais été fait qu’il faut abandonner l’idée. Au contraire, l’innovation, l’originalité, la recherche de nouvelles voies pour faire renaître notre nation est une option décisive pour que nous puissions nous en sortir. Par nous-mêmes !



C’est ce que je veux faire maintenant. Et c’est ce qui sera fait.



Aujourd’hui donc, ici à Mbaiki, je lance officiellement l’opération DES CAHIERS DE DOLÉANCES DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE. Cette consultation populaire, la plus large et la plus ambitieuse jamais réalisée sur le contient africain, doit redonner à chacune et à chacun la parole qu’on lui a toujours refusée. Plusieurs centaines de volontaires – les VOCOCI, les VOLONTAIRES DE LA CONSULTATION CITOYENNE – vont partir dès ce jour dans tout le pays, pour interroger les populations, les questionner sur leur analyse de la crise, leur vision pour le pays et pour eux même, la place du Centrafrique dans la communauté des états de la sous-région, les manques et les besoins qui s’expriment chez eux, dans leur village ou leur quartier… Plus de 30 000 questionnaires vont circuler pour recueillir l’avis des centrafricaines et des centrafricains de toutes origines, de toutes confessions, ethnies, et milieux sociaux, pourvu qu’ils soient majeurs. Ils seront aidés par les VOCOCI, qui ont été formés pour épauler dans la rédaction des questionnaires, celles et ceux qui voudront participer à cette immense entreprise de salut et de redressement national, dans laquelle ils deviendront l’un des supports.



Ces dizaines de milliers de questionnaires, qui comportent chacun plus de 20 questions vont me permettre d’entendre, au plus près, l’écho profond de votre volonté, de détecter les grandes tendances que vous portez en vous. De connaître vos craintes et vos espoirs. Et d’y répondre le moment venu. Ces cahiers, que vous voyez aujourd’hui pour la première fois, peuvent devenir l’âme du peuple centrafricain, la passerelle qui vous redonnera accès à votre destin. Celui que vous voulez et pas celui qu’on cherche à vous imposer.



Les VOCOCI seront les messagers de la paix et les réceptables de votre parole. Ils sont précieux. Accueillez-les dignement et dites leur votre vision et vos attentes. Ensemble, reprenons la parole, argumentons et montrons, par cette action positive et constructive, que nous sommes en capacité de prendre notre destin en main. Je me lève aujourd’hui avec le peuple de Centrafrique pour que nous unissions nos voix pour l’avenir de notre nation et de nos enfants.



Je vous remercie.
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