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L’éclipse solaire totale sur le Centrafrique
Publié le samedi 21 mars 2015  |  Les Plumes de RCA
L’ECLIPSE
© Les Plumes de RCA par dr
L’ECLIPSE SOLAIRE TOTALE SUR LE CENTRAFRIQUE
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Ce matin 20 mars 2015, il y a une éclipse solaire totale. Elle est planétaire. Les scientifiques nous disent que les éclipses solaires sont des phénomènes rares.
C’est quoi une éclipse solaire ? Les astronomes nous disent qu’une éclipse est solaire lorsque le soleil, la lune et la terre se trouvent alignés sur un même axe.
Ainsi, la lune couvre « le disque solaire et son ombre plonge certaines régions du monde dans la pénombre ».

C’est un phénomène scientifique qui passionne les astronomes et les simples curieux de cet événement qui n’arrive que 3 à 4 fois dans la vie des hommes que nous sommes mais ne dure pas longtemps. Sa durée, en un point donné, est estimée à 8 minutes.
C’est le moment de rappeler qu’un pays africain, à la forme trapézoïdale, du centre de l’Afrique, situé légèrement au nord de l’équateur connait aussi ce phénomène depuis des années. J’ai nommé la République Centrafricaine.
J’appelle l’éclipse solaire de la RCA, la situation ténébreuse dans laquelle elle se trouve depuis des décennies.

Alors que l’éclipse solaire classique est périodique, celle de la RCA est constante. Tandis que l’éclipse solaire est brève, celle de la RCA est permanente.
C’est ici le lieu de rappeler que ce pays a été mis dans cette pénombre par ceux qu’on appelle hommes politiques, intellectuels, etc. Et comble de l’histoire, ces gens continuent d’enfoncer encore davantage le pays dans le gouffre comme si de rien n’était. En fait, l’ensemble de ces personnages se ressemblent, s’assemblent et volent ensemble comme les oiseaux de même plumage. Ces gens forment un groupe de personnages qu’un journal centrafricain avait baptisé TÈKOUÉ qu’on appelle aujourd’hui sous un nouveau vocable TÈKA MON TÈGUÉ (TMT).

En effet, j’ai eu l’opportunité d’avoir été enseigné par un économiste centrafricain d’une grande envergure : feu Professeur BAZOLI. C’était un économiste au sens noble du terme. Un intellectuel centrafricain, un vrai. Il m’a donné ainsi qu’à mes condisciples, par ces enseignements la quintessence de la chose économique en général et centrafricaine en particulier. Le cours d’économie politique qu’il nous professa en 1ère année de droit à partir des réalités centrafricaines m’a ouvert les yeux sur le monde.
Ses examens oraux se faisaient avec des documents autorisés mais qui, en réalité, ne nous servaient à rien. Il ne vous demande pas de lui réciter son cours mais une réflexion d’ensemble et approfondie sur un phénomène économique.
Je me souviendrais toute ma vie sur mon sujet d’oral d’économie politique. Nous étions tous dans une grande salle. Les sujets étaient écrits sur les bouts de papier. On venait piocher chacun à son tour et ne venait présenter que celui qui était prêt. Je me suis avancé de manière hésitante devant lui pour tirer mon sujet : « Du politique, de l’économique et du facteur travail ».
Quand j’ai pris connaissance de mon sujet, mon sang a fait un tour contraire. J’ai regagné mon banc et pendant près de 30 mn, je n’ai fait que réfléchir sur le sujet. Puis j’ai pris mon courage à deux mains pour rassembler les idées qui me venaient ça et là à l’esprit. Puis, j’ai commencé à rédiger mon intervention. D’abord le plan et les phrases clés avec les argumentations. Puis, j’ai relu plusieurs fois mon papier afin de bien mémoriser ce que je devais dire.
D’une démarche alerte, je me dirigeais vers lui pour lui présenter mon sujet. À l’époque, lors des examens à la Faculté de droit et des sciences économiques, on affrontait le professeur BAZOLI ainsi que le Président Joseph MANDE-DJAPOU et madame le Doyen Danièle DARLAN comme affrontait un lion ou une fauve c’est-à-dire avec courage. Je lui tends le petit papier contenant mon sujet. Il me dit : « je vous écoute ». Et moi de lui dire, « Monsieur le professeur je dois vous dire en prélude de mon développement que l’économique est le concentré du politique ». Il lève la tête et me fixe avec son regard intimidant. Je me dis intérieurement quelle connerie je viens de dire ? Et je continue ma présentation en précisant que « c’est l’économie d’un pays qui détermine la politique des dirigeants à savoir la politique budgétaire et la politique monétaire. C’est pour cette raison que ces dirigeants politiques doivent bâtir une économie viable pour le développement d’un pays comme la RCA. Et quand une économie est prospère, il peut avoir une bonne politique de redistribution. Il y a le plein emploi et cela a un impact réel sur le facteur travail. Il aura moins de chômage. Les salariés qui fournissent leur force de travail aux entreprises étant bien rémunérés, il y aura un effet positif sur le panier de la ménagère. À partir de là, ils peuvent consommer les produits agricoles, les produits de premières nécessités et les produits manufacturiers ». À peine ai-je fini de dire cela en deux minutes, il m’interrompt et me dit en sango « Ita koli, mon ma ya ti sujet ti mon ni ». Ce qui veut dire en français « mon frère, tu as compris ton sujet ». Mon oral d’économie politique venait de se terminer. Il m’a donné une très bonne note que le condisciple qui avait exposé après moi a vue et me l’a dite.
Certains de mes condisciples avaient tiré eux aussi des sujets éclectiques du genre « Le panier de la ménagère en Centrafrique ; Du politique, des ressources naturelles et de l’industrialisation de la RCA ; Pourquoi mange-t-on du goussa avec le dadawan en Centrafrique ?» Etc.
Quand, un étudiant ratait son oral, il était rabroué brutalement avec en conséquence une mauvaise note.
Après la délibération, je suis allé voir pour une explication approfondie de ce sujet. Et je dois avouer qu’il m’a éblouit en quelques minutes qu’il m’a accordées.
Des années après, je médite toujours ce thème de mon examen oral d’économie politique de la 1ère année de droit. Avec ce sujet, le professeur BAZOLI m’avait sorti de mon éclipse solaire en économie politique.
Quid des hommes politiques qui ont gouverné le Centrafrique et qui le gouvernent encore ou qui aspirent à le gouverner demain ? Leur unique objectif est de maintenir le peuple centrafricain dans l’éclipse solaire de la pauvreté ad vitam aeternam.
Est-ce que les scientifiques qui se sont déclarés candidats aux futures élections présidentielles en Centrafrique à savoir le Doyen Gaston NGÉRÉKATA MANADATA brillant mathématicien de dimension planétaire, le Professeur Timoléon MBAÏKOUA physicien et universitaire de son État sauront-ils concevoir des techniques scientifiques pour sortir le Centrafrique de l’éclipse solaire permanente dans laquelle il se trouve ?
Est-ce que le diplomate et juriste Charles Armel DOUBANE saurait-il mettre, s’il est élu, la RCA, en orbite du développement dans la mondialisation ?
Est-ce que le banquier Anicet Georges DOLOGUÉLÉ serait-il capable de sortir la RCA de l’éclipse solaire financière ?
Est-ce que l’Ambassadeur WILIBIRO-SACKO aura-t-il la capacité nécessaire d’arrimer la RCA au vaisseau de la prospérité mondiale?
Est-ce que le Général Xavier Sylvestre YANGONGO aura-t-il l’étoffe qui sied pour briser l’éclipse solaire militaire dans laquelle se trouve la RCA ?
Est-ce que les uns et les autres virtuels candidats que je n’ai pas cité et je m’en excuse car ce n’est pas un mépris de ma part, seront-ils, s’ils sont élus, à la hauteur de leur mission qui est de rendre étincelante la RCA ?
Que l’on me permette d’en douter. Car je suis devenu au fil des ans un adepte de Saint Thomas.
Je veux d’abord voir pour croire. Même si Jésus l’a réprimandé en ces termes : « parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ». Ҫa, c’est une autre histoire car Jésus est Dieu.
Au jour et à l’heure de cette éclipse solaire, c’est-à-dire le 20 mars 2015 que l’on m’accorde ce droit le plus élémentaire d’un citoyen centrafricain désabusé : le droit de douter.
Le feu professeur BAZOLI était un professeur iconoclaste, le dernier des mohicans. Ceux qui ont vu ce film comprendront ce que dont je parle. Chacun de ses étudiants apportera des différentes anecdotes concernant ces lumineux enseignements d’économie politique. C’était quelqu’un qui à partir d’un fait divers ou de la photo de sa fille nous faisait un cours d’économie politique passionnante qui nous permettait de comprendre la lugubre situation de notre pays. C’est-à-dire l’éclipse solaire de la RCA.
Qu’il me soit permis de rendre un vibrant hommage à cet grand économiste centrafricain qui s’est éclipsé trop tôt en ce jour d’éclipse solaire. Que la terre de ses ancêtres lui soit légère.
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