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Le président du front patriotique pour le progrès M. Alexandre Philippe Goumba rompt le silence et fait de nombreuses propositions
Publié le lundi 23 mars 2015  |  Centrafrique Libre
Centrafrique:
© Autre presse par DR
Centrafrique: Alexandre Goumba siffle la fin de l’errance au parti fpp et lance les chantiers de reformes
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Le Front Patriotique pour le Progrès du feu professeur Abel Goumba, premier parti politique centrafricain à devenir membre de l’international socialiste est de retour à la suite d’une bataille judiciaire interne qui a duré presque 10ans. Elu président lors d’un congrès organisé en 2006, le banquier Alexandre Philippe Goumba a du faire face à un groupe de dissidents qui, pour des ambitions personnelles avaient réussi a divisé le FPP en deux sous le magistère du président Bozizé. Légaliste, combattif et téméraire, APG a fini par avoir un gain de cause en novembre 2014, date à laquelle la justice a fermement et définitivement débouté l’aile dissidente de son parti.

Libéré désormais de toutes les contestations, le nouveau président du FPP revient sur l’actualité centrafricaine et nous relate les grandes ambitions de son parti pour l’avenir de la RCA. Le président Alexandre Philippe Goumba nous a reçu dans son bureau à la Commercial Bank Central African le mercredi 19 mars à la fin d’une journée très chargée.

INTERVIEW DE M. ALEXANDRE PHILIPPE GOUMBA

CL: Bonsoir M. Veuillez vous présenter à nos lecteurs s’il vous plait

APG: Bonsoir M, je suis Alexandre Philippe GOUMBA. Dans la vie professionnelle, je suis Directeur des Études et des Méthodes à la CBCA (Commercial Bank Centrafrique). Civilement je suis marié et père de 4 enfants. Je mène également des activités associatives et politiques. Je suis Président du Front Patriotique pour le Progrès (FPP), Président du Conseil d’Administration de l’Alliance Française de Bangui et Président du Club 1er Décembre Centrafrique, Trésorier du Lions Club de Bangui.

CL : Vous êtes le Président du FPP, parti dont votre père, Feu Professeur Abel GOUMBA était président ?

APG : Oui tout à fait. Je suis le président du FPP depuis 9 ans. J’ai été porté à la tête de mon parti à l’issue d’un Congrès qui s’est tenu à Bangui du 7 au 9 juillet 2006. C’est la base légale et légitime du parti, c’est-à-dire les présidents fédéraux et sous fédéraux soit 17 fédérations, et 71 Sous fédérations qui ont participé audit Congrès en toute légalité et en toute légitimité. Il n’y a pas eu d’incidents. Nous avons obtenu l’accord du Ministère de l’Intérieur qui a assuré discrètement, avec la Police la sécurité du Congrès.

CL : M. le Président du FPP, votre défunt père était un homme d’État mondialement reconnu. En Centrafrique en dehors de Barthélémy Boganda, aucun homme politique ne peut se comparer avec cet illustre personnage mondialement respecté pour son intégrité et son sens élevé du patriotisme. Vous semblez effacé, n’arrivez vous pas à porter ce lourd héritage ?

»La politique et beaucoup d’hommes politiques croient vaille que vaille que la politique est au-dessus de tout, y compris la Justice. Donc, il y a eu un faux problème de leadership qui s’est installéA la suite de cela, le parti s’est divisé en deux, voire trois camps. Il était, du coup affaibli, est devenu vulnérable notamment à tous ceux qui pratiquent la politique du « diviser pour mieux régner »

APG : Vous savez lorsque le professeur s’est retiré du FPP après sa nomination au Conseil National de la Médiation, sa succession était bien été préparée puisque statutairement c’est le Secrétaire Général qui devrait lui succéder. Mais vous savez ce qu’est la politique en RCA, tout ce qui bleu n’est pas bleu mais prend une autre couleur. La politique et beaucoup d’hommes politiques croient vaille que vaille que la politique est au-dessus de tout, y compris la Justice. Donc, il y a eu un faux problème de leadership qui s’est installé. A la suite de cela, le parti s’est divisé en deux, voire trois camps. Il était, du coup affaibli, est devenu vulnérable notamment à tous ceux qui pratiquent la politique du « diviser pour mieux régner ». Nous avons dû avoir recours à la Justice pour trancher. Et vous savez dame justice lorsque elle se met en marche elle est lente mais elle est efficace tout de même.

CL : Cela a durée 10 ans.

AG : Oui, presque 10 ans. L’affaire a commencé en 2005 par la fermeture du Siège pour se terminer en 2014. Nous sommes allés devant toute les instances administratives et judiciaires. Le Tribunal Administratif, le Conseil d’État. Nous avons même fait recours contre la Commission Électorale Indépendante qui a fini par reconnaître que nous étions les seuls habilités à représenter le FPP aux élections législatives de 2011 suite à la décision irrévocable du Tribunal administratif, juge du contentieux électoral. Nous sommes allés devant le TGI de Bangui, la Cour d’appel et en fin de parcours devant la Cour de Cassation qui a mis fin au à ce procès- Marathon. Si vous multipliez le nombre des juridictions (4ou5) devant lesquelles nous sommes passés entre 2006 et 2014, vous déduisez tout de suite le nombre d’années que cela a pris à raison de deux ans par procès, soit 9 années de lutte.

CL : Vous voulez insinuer que c’est cet imbroglio judiciaire qui vous a empêché de travailler ?

« Par respect des textes et grand sens de l’honneur, il était hors de question, pour moi, d’aller sur les ondes répondre aux « coups de pieds de l’âne » car c’était désagréable. Donc c’est la raison pour laquelle le FPP a préféré appliquer la maxime « la parole est d’argent, mais le silence est d’or ».

AG : Absolument. Vous savez, le président en principe est celui qui représente le parti tout comme le Chef d’État la nation. Lorsque je parlais à la radio, faisais des déclarations dans les journaux, m’expliquais dans la presse écrite, il y avait, de l’autre côté des dissidents d’autres sons discordants émanant de personnes qui se présentaient également comme le président national du FPP, d’autres comme le 1er Secrétaire du FPP devant les médias, faisaient des déclarations, m’insultaient, me provoquaient. Par respect des textes et grand sens de l’honneur, il était hors de question, pour moi, d’aller sur les ondes répondre aux « coups de pieds de l’âne » car c’était désagréable. Donc c’est la raison pour laquelle le FPP a préféré appliquer la maxime « la parole est d’argent, mais le silence est d’or.

CL : Que pensez-vous de vos détracteurs qui affirment que la succession a été mal préparée par le professeur Abel GOUMBA qui n’avait pensé qu’à préparer sa dynastie pour le remplacer à la tête du FPP.

AG : C’est de bonne guerre, vous savez en matière de politique tous les coups sont permis et je note que les enfants des chefs d’État ou des personnalités importantes ont souvent la vie dure. On les appelle vulgairement « fils à papa » ou encore « Papa m’a dit ». Et pourtant ceux sont des personnes comme toutes les autres qui peuvent être aussi dotées de capacités intellectuelles égales sinon supérieures aux autres. D’autres il est vrai font aussi du n’importe quoi en pensant que le statut de leur père leur donne le droit d’agresser tout le monde et de vivre dans l’impunité. Et donc parler de monarchie, de dynastie, c’est chercher un cheval pour mener une bataille d’arrière-garde en stigmatisant un adversaire qu’on juge gênant. Mais, mes adversaires chaque fois qu’ils parlaient de dynastie ou de monarchie pour convaincre les militants et l’opinion nationale et internationale de basculer de leur côté, je leur disais, écoutez, donnez-moi des articles de nos Statuts ou de notre Règlement intérieur, qui stipulent que la succession à des postes importants au sein du parti, passe par la voie dynastique ou monarchique. A partir du moment où je leur posais cette question, ils étaient incapables de répondre. Du coup, un argument de stigmatisation de plus disparaissait de leur langage.

CL : Vous avez gagné un combat interne qui était si féroce contre vos adversaires du parti

« Lorsque vous menez une lutte, soit c’est l’autre qui tombe ou c’est vous qui tombez »

AG : Oui, en tout cas vous savez comme on dit en politique, il n’y a pas de pitié. La moindre erreur est fatale. Ce qu’il fait qu’il n’y a que des tueurs, pour conserver ou conquérir la direction de tout parti. Lorsque vous menez une lutte, soit c’est l’autre qui tombe ou c’est vous qui tombez. Nous avons fait le pari de nous défendre et de combattre. Nous nous sommes installés dans la durée parce que nous savions que cette situation allait durer fort longtemps.

CL : Depuis quand la justice vous a donné raison ?

AG : La justice nous a donné raison le 19 novembre 2014

CL : D’accord, cela fait à peine 1 an, même pas ?

AG : Oui, ça va faire un an en novembre 2015.

CL : Deux ans après la chute du président BOZIZE, la RCA peine à se relever, est ce que ce dernier incarnait réellement le problème centrafricain ?

AG : Écoutez, ce que je peux dire, c’est qu’il faut être pragmatique en ce sens qu’on le veuille ou pas il y a un rapport de force qui existe que vous vouliez ou pas, un rapport de force se déroule dans un cadre réglementaire, ce qui veut dire que nous avons des institutions sous régionales qui nous aident, nous devons reconnaître que notre armée est faible, que l’État déjà n’avait plus d’autorité, et donc tout ce qu’on lui demandait de faire c’était d’être honnête et d’appliquer les accords qui avaient été signés par les instances internationales. Mais, ce que nous constatons c’est que lorsque vous touchez à la vie des Centrafricains et que vous commencez à les massacrer, vous pouvez être certain qu’il y aura des réactions. Et c’est comme cela qu’en 2013 après la prise du pouvoir par le président DJOTODIA, il y a eu beaucoup de morts.

Et les gens ont pris leur responsabilité. Donc il a fallu changer le gouvernement, le président pour mettre en place les personnes qui avaient des capacités. Et moi ce que je constate c’est que immédiatement après avec l’arrivée de la MINUSCA et le redéploiement de la force Sangaris même malgré que les FACA ne soient pas très nombreux, vous n’entendez presque plus de coup de feu dans Bangui. Vous ne voyez plus de massacre comme c’était le cas avant, des grenades dans les populations ou les gens étaient complètement séparés. Il y avait la terreur.

CL : Pourquoi l’homme politique que vous êtes était silencieux devant le massacre de la Séléka

AG : Nous n’étions pas silencieux, nous avons fait deux ou trois communiqués mais qui malheureusement n’ont pas été répercutés suffisamment par les médias.

CL : Un an après l’arrivée de CSP à la tête de la RCA, pouvez vous faire un bilan de sa présidence ?

« Or, ce que nous constatons c’est que le bilan est plutôt mitigé«

AG : Le bilan. Je dirai qu’il faut prendre plusieurs repères pour l’apprécier. Parmi les plus importants, le degré des souffrances intrinsèques de la population, le DDR avec les statistiques de ce qui a été récupéré. Les finances publiques : qu’en est-il de la dette ? Avec toutes les interventions humanitaires et sécuritaires, quel est le poids actuel de la dette ? A-t-il augmenté ? A-t-il diminué ? De combien ? A quoi faut-il s’attendre ? Quels sacrifices supplémentaires les populations devront-elles consentir dans cette situation dramatique ? La situation de partition, la santé de la population, la situation dans les provinces, les relations avec la communauté internationale, le CNT, les réactions du Gouvernement vis-à-vis des groupes armés. Autant de sujets sur lesquels il faut apporter un jugement. Ce que nous entendons régulièrement est que les groupes armés sont repoussés mais conservent leurs armes, même lorsqu’ils sont cantonnés. Quelle est la réponse de Gouvernement ? Il y a des groupes qui évoluent en toute liberté, armes à la main. Quelle est la réponse du Gouvernement ? Il y a vraiment un problème de communication. Catherine Samba Panza a été élue par les conseillers nationaux pour faire cesser les hostilités entre les différentes parties. Elle a été choisie pour le désarmement, la réinsertion des soldats en un mot pour gérer la transition dans le but du retour des institutions républicaines.

Or, ce que nous constatons c’est que le bilan est plutôt mitigé. Puisque le désarmement n’est toujours pas effectif. Il se fait cahin-caha. Il est même demandé de ne plus en faire une condition nécessaire et sine qua none pour aller aux élections. Il y a encore une partie du pays qui échappe à l’administration centrale. Évidemment ce n’est pas en 24h qu’elle peut faire tout ce travail, mais la communication étatique sur l’état d’avancement de la situation est insuffisante. Je souhaite que la Présidente de la Transition et les autres instances puissent faire régulièrement des communiqués pour rendre compte à la population et surtout pour la rassurer sur les sujets d’actualité. Communiquer les statistiques, démentir. Il est vrai que la situation de Bangui s’est nettement améliorée. Il faut dire clairement quelle a été la part des FACA, de la Gendarmerie, de la Police dans cette évolution. En tant que Président unique du FPP, et de l’absence désormais de tout doute sur ma légitimité, j’ai demandé officiellement depuis 3 mois, à être reçu par la Présidente de la Transition suite au verdict de la Cour de Cassation. J’attends toujours.

CL : Rien n’avance que du recul, les institutions ne sont toujours pas remises en place dans les provinces n’y a-t-il pas une absence de volonté de changement lorsque les acteurs d’hier qui ont poussé ce pays dans le gouffre sont toujours présents aujourd’hui?

APG : Je suis pragmatique, à mes yeux, il y a 2 voies : la voie de ceux qui, pleins de volonté, désintéressés, sont décidés à faire avancer les choses, mais trouvent sur leur chemin des obstacles, des problèmes, des difficultés. De l’autre côté, le contraire de ceux qui n’en ont que faire de la volonté. Je me dis à qui profite ce chaos ? Est-il possible de faire des élections dans un tel chaos ? Si oui, comment. Il faut que le Gouvernement communique sur le sujet. Le fait que la transition s’étale en longueur profite à qui ? Qui en tire profite ? Pourquoi la Transition doit à tout prix s’achever le plus vite possible ? Chacun se reconnaîtra.

CL : La RCA souffre d’un problème de ressources humaines vous êtes Économiste et Banquier de formation, vous êtes à la CBCA depuis 30 ans, quelle thérapie il faudrait prescrire pour sortir la RCA au moment ou l’on parle surtout que l’économie de ce pays est entre les mains des étrangers ?

« Nous pouvons remédier à cela en retournant à une économie basée sur l’agriculture, l’agro-industrie et l’élevage. C’est là où se trouve toute la richesse de la Centrafrique. Je suis un adepte du caractère agrarien que doit présenter l’économie centrafricaine. Je suis très intéressé par la pensée économique, philosophique des Physiocrates du 17ème siècle, notamment celles de François QUESNAY grand promoteur de la terre comme source de richesses. La révolution agricole a précédé la révolution industrielle dans les pays d’Europe dont nos modèles économiques, politiques s’inspirent ».

APG : Si l’économie est entre les mains des étrangers, c’est parce qu’elle est la traduction des rapports de force qui prévalent dans la société centrafricaine. Le poids de la RCA dans le commerce mondial est nul. Au niveau de la CEMAC, il est loin derrière les premiers : Cameroun, Gabon. Le Tchad, le Congo et la Guinée Équatoriale évoluent à une vitesse grand V. La Centrafrique régresse. Les rapports de force se modifient en conséquence. Ce sont les Libanais qui assurent la fluidité des ravitaillements en vivres. Il n’y a pas de magasins de grandes surfaces détenues par les Centrafricains. Donc, je ne suis pas surpris. Nous pouvons remédier à cela en retournant à une économie basée sur l’agriculture, l’agro-industrie et l’élevage. C’est là où se trouve toute la richesse de la Centrafrique. Je suis un adepte du caractère agrarien que doit présenter l’économie centrafricaine. Je suis très intéressé par la pensée économique, philosophique des Physiocrates du 17ème siècle, notamment celles de François QUESNAY grand promoteur de la terre comme source de richesses. La révolution agricole a précédé la révolution industrielle dans les pays d’Europe dont nos modèles économiques, politiques s’inspirent.

CL : Quels sont les projets immédiats, les urgences selon vous ?

« Nous pouvons remédier à cela en retournant à une économie basée sur l’agriculture, l’agro-industrie et l’élevage. C’est là où se trouve toute la richesse de la Centrafrique« .

APG : Il faut fixer, annoncer les grandes voies à suivre. C’est le rôle de l’État avec les conseils et l’appui de la Communauté internationale dont les intérêts doivent coïncider afin que chacun tire profit. Les projets de développement du maraichage sont importants et prioritaires. Ils amènent les jeunes à se regrouper, à se fédérer pour cultiver de grandes surfaces et obtenir des aides, des assistances dans les domaines des outils aratoires, des engrais, etc… Si le FPP arrive au pouvoir, il décidera d’inscrire l’agriculture, l’agro-industrie et l’Élevage comme ses principales priorités, comme locomotive du développement. Cela ne signifie pas que les ressources minérales seront délaissées. Il faut reconnaître que nous n’avons ni les hommes, ni les technologies pour creuser des trous profonds afin d’y recueillir de précieux liquides et cailloux pour les vendre en quantités telles qu’elles puissent développer notre pays. Nous en avons fait l‘amère expérience avec ce qui se passe sous nos yeux et provoque tant de morts. Il faut une gestion différente des ressources minérales pour ne pas attiser les convoitises. Il ne faut pas non plus laisser ce domaine à n’importe quel Centrafricain car c’est un domaine trop délicat, source de déflagrations, d’endettement lourd. Notre pays ne sait pas gérer sa dette comme le ferait des pays avancés comme la Côte d’ivoire, le Sénégal, le Ghana, l’Afrique du sud, le Nigéria. L’agriculture ne peut vous exploser au visage, sa maîtrise ne peut vous échapper. Faites-en le pilier du développement qui permettra alors à la Centrafrique de se tourner lentement, et sûrement vers la maîtrise de l’exploitation des ressources minérales sans danger. Nous pouvons remédier à cela en retournant à une économie basée sur l’agriculture, l’agro-industrie et l’élevage. C’est là où se trouve toute la richesse de la Centrafrique. Je suis un adepte du caractère agrarien que doit présenter l’économie centrafricaine. Je suis très intéressé par la pensée économique, philosophique des Physiocrates du 17ème siècle, notamment celles de François QUESNAY grand promoteur de la terre comme source de richesses. La révolution agricole a précédé la révolution industrielle dans les pays d’Europe dont nos modèles économiques, politiques s’inspirent.

Il faut mobiliser la communauté internationale pour attirer les experts en agriculture dans notre pays. N’oublions pas que le célèbre Agronome français mondialement connu René DUMONT qui a écrit « L’Afrique est mal partie » était en Centrafrique avec toute son expérience. Aujourd’hui, nous avons la coopération et l’assistance de la FAO avec ses spécialistes, la coopération bilatérale avec la France, l’Allemagne, la Chine, le Nigéria, pardonnez-moi pour les pays que j’aurai omis de citer. Il est vrai qu’ils ne peuvent pas tout faire, mais ils nous aident pour éviter les crises, les disettes. Utilisons à bon escient les semences, les produits qu’ils nous apportent pour mieux nourrir les populations, lutter contre la malnutrition, la disette, assurer l’autosuffisance alimentaire, et surtout étendre les surfaces cultivables et la production de surplus pour l’exportation, une exportation de qualité lorsque l’on voit à quel point les populations occidentales rejettent de plus en plus la consommation des produits agricoles traités chimiquement ou génétiquement modifiés, au profit de ceux qui sont purement bio. Nous devons nous mobiliser, promotionner le paysan, lui faire prendre conscience de ce qu’il représente pour la Nation. Il faudrait que les experts nationaux et internationaux communiquent des rapports affirmant les bienfaits de l’agriculture que dépendra notre salut.

CL : En attendant la mise en application de vos projets, l’économie Centrafricaine est entre les mains des étrangers, aujourd’hui les petits Boubanguérés, sont devenus des opérateurs économiques et pourtant votre banque la CBCA et les banques commerciales de la place ne leur empruntez pas beaucoup d’argent.

« Ce que nous voulons, c’est que l’État promotionne ou encourage la création de structures qui puissent faire la promotion des Boubanguérés et qui correspondent à leurs besoins, à leur mode de fonctionnement, » etc

APG : La problématique est un peu plus complexe. En tant que banque, nous sommes là pour prêter. Mais selon des règles nationales, internationales voire mondiales auxquelles nous devons nous soumettre. Nous avons au-dessus de nous la Banque Centrale (BEAC), la Banque Mondiale, le FMI, le Comité de Bâle, le G8, etc… qui veillent à la stabilisation des systèmes financiers, bancaires, etc…

Ce que nous voulons, c’est que l’État promotionne ou encourage la création de structures qui puissent faire la promotion des Boubanguérés et qui correspondent à leurs besoins, à leur mode de fonctionnement, etc…

CL : Jusque là personne n’y a pensé ?

« Ce que nous pouvons faire immédiatement c’est de regrouper tous les jeunes, et de créer des groupements agricoles ou des maraîchers pour pouvoir faire de grandes cultures »

APG : On y pense, il y a eu le Capméa dans les années 1990 pour l’encadrement des PME dans la confection des dossiers de demandes de financements. La structure à mettre en place doit permettre aux Boubanguérés d’augmenter leurs capitaux, d’apprendre à faire eux-mêmes leurs comptes d’exploitation, de présenter des dossiers de financements pour lesquels la rentabilité est assurée pour pouvoir bénéficier des prêts. Il faut miser par exemple sur la micro finance qui existe en Centrafrique mais qu’il il faut développer davantage. Si on développe la micro finance, on doit essayer de la diriger vers le financement de l’agriculture.

Ce que nous pouvons faire immédiatement c’est de regrouper tous les jeunes, et de créer des groupements agricoles ou des maraîchers pour pouvoir faire de grandes cultures.

CL : Ce ne serait pas bien, une intervention de l’Etat pour promouvoir les commerçants centrafricains vu que les banques commerciales ne prêtent beaucoup d’argent qu’aux opérateurs Libanais, lesquels tiennent tous les commerces et l’économie du pays ?

« C’est justement l’État qui doit impulser, qui doit prendre des décisions de nature à inciter l’Assemblée Nationale à voter des lois en faveur de la promotion des commerçants centrafricains »

APG : Nous sommes des commerçants, nous avons comme objectif la rentabilité. Donc, pour pouvoir assurer la pérennité de la CBCA, il faudrait qu’elle soit rentable et pour qu’elle le soit il faut qu’elle accorde les prêts à ceux qui ont les moyens de les rembourser. Il n’y a pas que les capitaux libanais, il y a les entreprises dont les maisons mères sont basées en Europe, aux USA ou ailleurs. C’est face à ces barrières que constituent la présentation de documents comptables, fiscaux, techniques etc…que certains commerçants centrafricains ne sont pas en mesure de produire que la micro finance est là. Elle n’est pas les mêmes exigences que les banques. C’est justement l’État qui doit impulser, qui doit prendre des décisions de nature à inciter l’Assemblée Nationale à voter des lois en faveur de la promotion des commerçants centrafricains.

CL : Êtes-vous pour le retour des FACA ou êtes-vous pour le contraire?

APG : Écoutez il n’est pas normal qu’un pays ne puisse disposer d’une armée. S’il faut un retour immédiat je dirai oui mais attention pas n’importe comment ou pêle-mêle.

CL : Les mesures coercitives sont en train d’être prises pour trier les FACA, êtes-vous plutôt pour ces méthodes ?

APG : La méthode coercitive c’est-à-dire l’emploi de la force vient après avoir épuisé toutes les voies sans violence et volontaires. La méthode coercitive est parfaitement justifiée dans ce cas Il ne faut pas ouvrir grande la porte pour la reconstitution des FACA après la liquéfaction de celles-ci en 2013. Il y a des enfants soldats, des mercenaires, des miliciens, des gens qui ont tué, pillé, violé qui cherchent à se faire blanchir en entrant dans les FACA. Non, nous ne sommes pas d’accord pour un retour dans de telles conditions. En attendant, il faut que les Centrafricains soient patients et qu’ils comptent sur la communauté internationale, qui elle aussi doit faire preuve d’humilité et de fermeté pour avoir une bonne image de marque afin de constituer un modèle à suivre.

CL : L’ancien Ministre Ousman Mahamat Ousman considéré comme un Tchadien est aux arrêts actuellement pensez-vous qu’il devrait rejoindre le plus vite possible les chefs AB à Ngaragba et combler cette injustice qui fait qu’il n’ y a pas un seul chef Séléka en prison à Bangui ?

APG : J’ignore les raisons. Vous savez que la détention d’armes est interdite. Pour en détenir, il faut des autorisations. Donc se plier à la Loi qui est faite pour tous, y compris les Étrangers vivant dans notre pays et nous sommes dans un pays de droit, même si actuellement les rapports de force ne sont pas en notre faveur dans beaucoup de domaines. Seuls ce qui sont autorisés par la Loi ont le droit de circuler avec des armes. Si la force publique vous trouve avec une ou des armes dans votre voiture, que vous soyez Ministre ou pas, vous enfreignez la Loi et êtes du coup soumis à ses rigueurs. Vous devrez expliquer devant la Justice, les raisons pour lesquelles vous circulez avec ces armes. Ce qu’il faut éviter, c’est la politisation de cette arrestation et le risque d’en faire un acharnement.

CL : En plus des accords de Libreville, Brazzaville, récemment Nairobi et dernièrement la rencontre de certains candidats à la Présidentielle à San Edigeo en Italie, pensez vous que les problèmes Centrafricains doivent toujours se résoudre à l’étranger ?

APG : Quel que soit l’endroit où les problèmes centrafricains doivent se résoudre, ce qui me préoccupe, m’inquiète c’est de voire au travers de ces multiples réunions : Nairobi (groupes armés), Rome (partis politiques), Bangui, que le peuple est écartelé dans tous les sens. Cela fait beaucoup.

CL : Le peuple centrafricain est ignoré dans tout ce remue-ménage ?

APG : Oui, le peuple est ignoré et éloigné de ceux qui sont censés le représenter. Tout ce passe au-dessus de sa tête sans que ses intérêts soient pris en compte. Est-il nécessaire qu’il y ait tant de réunions et que certaines parties ne soient pas avisées ? Est-il normal que des réunions se tiennent à Nairobi sans que obtenir l’avis des Autorités centrafricaines ?

CL : Que propose le FPP ?

« On ne stoppe pas une fuite de tuyau avec du chatterton ou de la colle, mais en changeant la partie endommagée »

APG : Au niveau du FPP, nous proposons, comme l’a fait le Gouvernement, la concertation. Le Forum de Bangui en est la manifestation. Mais dans son fonds, que va-t-il proposé de mieux. Sera-t-il un bis-répétita d’un passé où ce genre d’exercice apparaît comme un passage obligé, du genre « fourches caudines » pour avoir bonne conscience ? Les maux profonds qui rongent la Centrafrique, les racines du mal, on les connaît depuis fort longtemps. Et si ces maux survivent après la tenue des forums, dialogues inclusifs, débats et autres, c’est qu’ils ne sont que des emplâtres. On ne stoppe pas une fuite de tuyau avec du chatterton ou de la colle, mais en changeant la partie endommagée. Le FPP est pour que tout le monde s’explique sur les agissements dont chacun ou chaque groupe s’est rendu coupable. A ce moment-là, s’agit-il ‘un forum vérité et réconciliation ? Va-t-on avec sincérité à ce forum ? Sera-t-il le lieu où certains chercheront à se blanchir ? Sera-t-il le lieu où certains chercheront à se positionner en vue d’un éventuel Gouvernement, vu qu’en général, ces forums débouchent souvent sur des changements de Gouvernement. Quels problèmes seront résolus ?

CL : Vous êtes pessimiste?

APG : Je suis quelque peu pessimiste car le corps et l’esprit divergent.

CL : Même s’il y a eu pour la première fois une consultation à la base cela s’est passée sur toute l’étendue du territoire.

APG : C’est une bonne chose. Cela a permis au Gouvernement de tester un certain nombre de paramètres et d’expliquer nous l’espérons, ce qui se passe réellement sur le terrain. Les élections sont-elles possibles ? Oui. Pourquoi et comment ? C’est au Gouvernement de convaincre.

CL : Parlez un de votre parti, quelles sont vos perspectives d’avenir ?

« Nous devons au plus vite reconstruire notre parti qui a été lourdement pénalisé«

APG : Nos perspectives : Désormais libres de nos mouvements, nous devons au plus vite reconstruire notre parti qui a été lourdement pénalisé. Nous avons beaucoup perdu en militants, en matériel, en amis politiques, en soutiens, en modernisation de nos structures. Par ailleurs tout ceci arrive à un moment proche des échéances électorales, présidentielles et législatives, ce qui rend le défi encore plus fort, plus palpitant.

CL : Justement vous avez parlé d’un défi relatif aux grandes échéances électorales qui s’approchent auriez vous de candidats aux législatives et vous en tant que président du FPP, serez vous candidat à la candidature ?

APG : En tout cas nous serons présents. Nous sommes sous un régime démocratique. Et ce sont les militants qui vont élire ceux qui les représenteront. Une fois que nous aurons franchi ce cap, vous saurez quels sont les personnes ou les militants qui ont été désignés pour représenter le parti aux législatives et à la présidentielle.

CL : Le FPP aura-t-il un candidat à la présidentielle ? et si les militants vous désignaient candidat ;

APG : Nous nous plierons aux décisions de la base. Ce serait une faute de ne pas se plier à la volonté des militants sauf s’il y’ avait un problème technique, exceptionnel. Celui qui sera désigné sera le candidat qui aura la capacité d’un homme d’État.

CL : Etes vous pour l’émergence des nouveaux leaders afin de suppléer la classe politique actuelle qui est moribonde ?

« Nous voulons des nouveaux leaders qui seront solidement ancrés sur l’Économie et notamment sur tous les problèmes brûlants de la RCA«

APG : Absolument, je suis pour l’émergence des nouveaux leaders et c’est pour cela que l’alternance est là. Nous voulons des nouveaux leaders qui seront solidement ancrés sur l’Économie et notamment sur tous les problèmes brûlants de la RCA. En effet, dès que vous abordez avec nos politiciens actuels les problèmes économiques, ils fuient automatiquement. C’est la raison pour laquelle les gouvernements qui se sont succédé en Centrafrique ont complètement oublié qu’il y avait une politique agricole à mettre en place et à promotionner. Voilà pourquoi la politique agricole est délaissée, tout comme le paysan ou l’agriculteur.

CL : Sur quoi voulez-vous baser les grands projets de votre parti?

« Nous voulons remettre le paysan et les jeunes au centre du développement »

APG : Comme je vous l’ai dit, c’est sur les projets relatifs à l’agriculture, l’agro-industrie et l’Élevage que nous voulons remettre le paysan et les jeunes au centre du développement. Ce sont deux forces formidables. Il faut qu’on arrête de percevoir tous les jeunes comme des potentiels dangers, ce sont des forces qu’on doit canaliser.

Nous devons rassurer l’agriculteur et le paysan sur le fait que ses aires cultivables ne seront pas prises par les fermes étrangères, ou par l’État. Ils doivent être amenés, conditionnés pour cultiver sur de grandes surfaces.

CL : Pensez-vous à une réforme foncière?

« C’est le flou total autour de la possession de la terre. On dit au paysan que la terre sur laquelle il vit est celle de ses ancêtres, Droit coutumier oblige. De l’autre côté on dit que la terre sur laquelle il se trouve appartient à l’État et le paysan doit présenter son titre foncier »

APG : Évidemment, une réforme foncière est absolument nécessaire. Et là aussi, lorsque vous abordez le problème du foncier bâti ou non bâti, de la terre avec les hommes politiques, ils fuient tous. Voilà pourquoi l’État Centrafricain demeure propriétaire de 99% des terres tout en étant incapable de les mettre en valeur ou les bradent aux Étrangers dont beaucoup sont des aventuriers. Les paysans, les agriculteurs, les chasseurs y vivent sans pouvoir se développer. C’est le flou total autour de la possession de la terre. On dit au paysan que la terre sur laquelle il vit est celle de ses ancêtres, Droit coutumier oblige. De l’autre côté on dit que la terre sur laquelle il se trouve appartient à l’État et le paysan doit présenter son titre foncier. Un Ministre de la République se présente au paysan, accompagné d’un homme d’affaires pour lui signifier qu’il devra céder une partie des terres sur lesquelles il vit. Face à un tel flou, ne soyez pas surpris que le paysan se contente juste de faire de l’autoconsommation, c’est-à-dire produire sur de petites surfaces péniblement défrichées uniquement pour sa famille. Il n’est pas question pour lui de dégager des excédents pour les commercialiser. Du côté des jeunes, nous pouvons mobiliser ces derniers autour des projets maraîchers pour leur permettre de cultiver l’esprit coopératif. Il faut mettre à leur disposition des terres, des techniciens, des encadreurs et être certain que leurs produits seront achetés à un prix raisonnable qui leur permettra de vivre décemment et de dégager des bénéfices qui seront réinvestis dans l’amélioration des rendements. On doit les initier à la notion de rentabilité, sésame qui vous ouvre la porte de la pérennité de tout commerce des marchandises.

CL : Un mot de la fin

APG : Il faut être optimiste. Je le suis de nature. Néanmoins, les Autorités gouvernementales doivent avoir présent à l’esprit, que les populations n’ont guère confiance en elles et doutent clairement de leurs capacités à assurer à tous, je dis bien à tous, sans exclusive, les services de santé, d’éducation, de défense, etc… aux quelles elles ont droit sur toute l’étendue du territoire. Bangui, la capitale est l’exemple même de l’inégalité devant les services que l’État doit assurer. Ces populations, finalement, face à cette violence placent leur confiance dans la Communauté internationale qui les assiste et les protègent. Vivement le retour des institutions Républicaines.

Interview réalisée à Bangui par Wilfried Maurice SEBIRO
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