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La Centrafrique attend toujours un nouveau gouvernement, la transition à la peine
Publié le lundi 18 aout 2014  |  AFP
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© AFP par ISSOUF SANOGO
La présidente de transition, Cathérine Samba Panza de la Centrafrique
Photo : La présidente de transition, Cathérine Samba Panza de la Centrafrique en compagnie du président Denis Sassou Nguesso
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Les Centrafricains attendaient toujours lundi la formation d’un nouveau gouvernement "élargi", dont le retard fragilise encore un peu plus une transition à la peine et alimente dangereusement les risques d’instabilité.

"Il n’est pas bon de faire du sur-place. Nous sommes dans une période très frileuse où l’on doit prendre le maximum de précautions et surtout avancer dans la bonne direction", s’inquiétait lundi un diplomate onusien à Bangui.

Pour tenter d’accélérer les choses, le médiateur dans la crise centrafricaine, le président congolais Denis Sassou Nguesso, a convoqué lundi une dizaine de personnalités politiques, dont des représentants des groupes armés, selon une source proche de la présidence à Bangui. Leur délégation était attendue dans la journée à Brazzaville.

-un cessez-le-feu plusieurs fois violé-

Plus d’une semaine après sa nomination, le nouveau Premier ministre Mahamat Kamoun n’a toujours pas formé son nouveau cabinet, face à l’hostilité affichée par l’ex-rébellion Séléka et le scepticisme de plusieurs formations politiques.

La Centrafrique est maintenant sans gouvernement depuis une quinzaine de jours, après la démission du Premier ministre sortant André Nzapayéké. Et surtout, au grand désespoir des "partenaires" internationaux de Bangui, rien n’a bougé depuis la signature au forceps fin juillet à Brazzaville d’un fragile accord de cessez-le-feu entre l’ex-Séléka à dominante musulmane et les milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.

L’accord a été plusieurs fois violé, avec plus d’une trentaine de morts cette fin de semaine dans le nord du pays, des villageois massacrés par des éléments de l’ex-Séléka et des Peuls armés, selon les témoignages des habitants.

Si la situation se normalise peu à peu à Bangui, des violences éclatent à intervalles réguliers en province où les tensions restent vives, malgré la présence des 2.000 militaires français de l’opération Sangaris et des 6.000 soldats de la force africaine Misca.

Politiquement, la présidente de transition Catherine Samba Panza n’a guère touché les dividendes de la nomination surprise de M. Kamoun.

De confession musulmane, haut-fonctionnaire spécialiste des finances, le nouveau Premier ministre est surtout un proche de Mme Samba Panza, après avoir travaillé sous les régimes de François Bozizé (renversé en mars 2013) et Michel Djotodia, le chef de l’ex-Séléka, au pouvoir jusqu’à janvier 2014.

La communauté internationale, qui tient le pays à bout de bras, avait clairement un autre favori, et la nomination de M. Kamoun a surpris.

L’ex-Séléka, qui voulait un Premier ministre issu de ses rangs, a immédiatement réagi en annonçant qu’elle boycotterait le futur gouvernement, affirmant que son avis n’avait pas été pris en compte.

Affaiblis et chassés de Bangui en janvier par l’intervention de l’armée française, les rebelles de la Séléka, après leur désastreux passage aux affaires marqué par des pillages généralisés et de multiples exactions, ont trouvé refuge dans leurs fiefs du nord du pays, où l’ex-coalition semble être en voie de désintégration entre groupes rivaux. Une faction de la Séléka, basée dans le nord, a dénoncé l’accord de Brazzaville.

-Appel à la concertation-

L’arrivée de M. Kamoun aux affaires n’a soulevé guère plus d’enthousiasme au sein de la classe politique centrafricaine, largement responsable par ses années d’incurie de la faillite actuelle du pays.

L’Alliance des forces démocratiques pour la transition (AFDT) regroupant les principaux partis politiques, a souhaité "une suspension de la mise en place du gouvernement", pour "saisir la médiation" internationale et -curieuse dialectique- et "éviter un blocage institutionnel", selon cette coalition.

"Tout le monde dans ce pays sait quel bilan, quel souvenir a laissé l’ex-Séléka dans la gestion de notre pays. Nous pensons qu’il n’est pas décent ni opportun de faire partie d’un gouvernement dirigé par un proche de Michel Djotodia", a réagi lundi Mouammar Bengué Bossin, de la mouvance Zo Kwé Zo, favorable au président déchu Bozizé. Mahamat Kamoun a été directeur de cabinet de M. Djotodia.

"Nous sommes en train de tourner en rond, alors qu’à notre retour de Brazzaville (...), il devait y avoir une concertation pour éviter ce que nous vivons en ce moment", a commenté Cyriaque Gonda, ancien ministre et partie prenante à l’accord de Brazzaville, qui a appelé Mme Samba Panza à la "concertation".

Les représentants de la nébuleuse anti-balaka ont quant à eux réagi jusqu’à présent très sobrement, attendant sans doute de connaître les portefeuilles qui leur seront attribués dans le futur cabinet.


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