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La justice centrafricaine, en ruines, impuissante face aux criminels
Publié le vendredi 26 septembre 2014  |  AFP
Soldat
© Autre presse par DR
Soldat français de la force Sangaris
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Bâtiments en ruines, moyens humains et matériels dérisoires après des décennies de gabegie et de troubles: la justice centrafricaine est aujourd'hui dans l'impossibilité de poursuivre les auteurs de l'"interminable" liste d'atrocités perpétrées par les groupes armés.

Consciente de cet état de fait et à la demande des autorités de transition de Bangui, la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé mercredi avoir ouvert une enquête sur les crimes (meurtres, viols, déplacements forcés, persécutions, pillages, utilisation d'enfants soldats) commises par des miliciens depuis plus d'un an et demi dans un Etat en faillite livré à des violences intercommunautaires.

En terme humains, la justice centrafricaine c'est environ 200 magistrats assistés de 350 personnels auxiliaires (greffiers,...), indique-t-on au ministère.

Mais, "de nombreux postes sont non pourvus et on note un certain nombre d'abandons de postes. L'impression générale est une situation de justice sinistrée (...) incapable de jouer véritablement son rôle", commente-t-on de même source.

Côté moyens, la justice dispose en principe d'un budget de 1,5 milliard de francs CFA (25 millions d'euros), largement insuffisant pour entretenir tribunaux et centres de détention.

-Prisons écroulées-

Au total, la Centrafrique devrait compter une cinquantaine d'établissements pénitentiaires. Mais certains se sont écroulés en province. Il en resterait une trentaine aujourd'hui, parfois des maisons d'habitation, transformées en maisons d'arrêt provisoire.

Conséquence: les évasions, estimées à plus de 700 par an, se multiplient.

"La plupart des éléments des ex-Séléka ou anti-balaka n'ont leur place qu'en prison, puisqu'il s'agit de détenus jugés et qui se retrouvent en liberté à la faveur de la crise", déplore sous couvert d'anonymat un officier de l'armée, ancien régisseur de la maison d'arrêt de Bangui.

Dans les rangs des groupes armés, on trouve en effet nombre de criminels déjà condamnés et qui ont profité du chaos provoqué par le renversement du régime de François Bozizé en mars 2013 par la rébellion à dominante musulmane Séléka.

"Nous mettons tout en oeuvre dans notre vie quotidienne pour ne pas tomber sur eux en restant toujours vigilant. Surtout que nous ne sommes pas protégés, ni armés et qu'il est difficile de savoir présentement qui est armé et qui ne l'est pas", commente avec une ironie amère un magistrat.

En novembre 2013, le directeur général des services judiciaires, le magistrat Modeste Martineau Bria, a été abattu en pleine rue par des individus présentés comme des ex-Séléka qui voulaient voler sa voiture. Selon certaines sources, il s'agissait d'anciens détenus ayant rejoint la rébellion.

- Police aux abonnés absents -

Braquages, agressions, disparitions: les habitants de la capitale Bangui subissent une criminalité qui continue d'empoisonner leur vie. Et la police centrafricaine reste souvent aux abonnés absents, pour les mêmes raisons que la justice.

Si, côté justice, le gouvernement s'en remet à la CPI pour un mettre fin à l'impunité généralisée maintes fois dénoncée par la communauté internationale, côté police, il mise sur l'ONU.

Une nouvelle force onusienne, la Minusca, est en cours de déploiement depuis le 15 septembre. Dans ses rangs, elle compte un millier de policier, sur un effectif total prévu de 1.800.

"Quand quelqu'un ne veut pas comprendre comment on vit dans un Etat de droit, on doit lui apprendre à respecter la loi (...) Il faut que tout le monde respecte la loi", a rappelé cette semaine devant la presse le commissaire de police de la Minusca, Luis Carrilho.

"Si quelqu'un commet des actes contraires aux lois de la RCA, on ira travailler et aider les forces de défense et de sécurité à faire appliquer la justice. Parce que la police travaille d'une part pour le côté sécuritaire et d'autre part pour la justice", a-t-il ajouté.

"Quelqu'un qui se fait attraper en flagrant délit doit être automatiquement arrêté. Et la chaîne pénale fait son travail avec le procureur qui est le premier niveau. Le reste va suivre", a-t-il estimé.

Les policiers de l'ONU ont commencé à patrouiller dans Bangui avec des détachements centrafricains, parallèlement aux opérations de sécurisation des forces militaires internationales (Sangaris, Eufor, Minusca).
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