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Journalisme africain : le poison des « per diem »
Publié le vendredi 5 juin 2015  |  Le Monde
Journalisme
© Autre presse par DR
Journalisme africain : le poison des « per diem »
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La couverture des séminaires, des ateliers, des colloques, des conférences, des symposiums et autres conférences de presse reste un genre journalistique vivace au Sénégal, comme partout en Afrique. Là où les médias occidentaux, lassés de cette actualité institutionnelle, ne consacrent plus qu’une brève ou un entrefilet à ce type de manifestations, nos médias africains publient souvent un compte rendu complet, voire un sujet de plusieurs minutes au journal télévisé.
Cet appétit des médias et des journalistes pour les comptes rendus d’événements parfois mineurs, quelle aubaine pour les ONG et projets en tout genre, qui communiquent ainsi à peu de frais ! A peu de frais ? Pas si sûr. Car chaque séminaire, chaque conférence de presse se termine par un petit rituel : la distribution dans un coin de la salle d’enveloppes aux journalistes ayant fait le déplacement, des per diem de 5 000 à 10 000 F CFA par personne. Les reporters de la TV nationale reçoivent le double. Des sommes qui, dans les comptes de l’ONG, apparaîtront pudiquement à la rubrique « remboursement de transport ».
A la différence des per diem prévus pour les participants « civils » du séminaire, ceux qui s’expriment devant la salle, les per diem pour les journalistes ont la fâcheuse caractéristique d’être un budget extensible, dont on ne connaît pas le montant à l’avance : viennent ceux qui ont été conviés, comme le régiment de ceux qui ne l’ont pas été.
« Patron, tu peux me lubrifier un peu ? »

Faut-il vraiment payer les journalistes pour qu’ils fassent leur métier, c’est-à-dire recueillir l’information pour la relayer au grand public ? A l’école, on nous inculque comme mantra : « informer juste et vrai ». Puis-je informer juste et vrai sur une conférence ou une manifestation à la fin de laquelle j’ai reçu de l’argent pour rembourser de prétendus « frais de transport » ?
Dans d’autres pays d’Afrique, le per diem s’appelle « gombo », du nom de cette plante africaine gélatineuse qui épaissit les soupes et les ragoûts. Comme s’il s’agissait de graisser la patte des porteurs d’information. D’ailleurs, j’ai entendu qu’au Congo, pour demander un per diem, mes confrères disaient : « Dis, patron, tu peux me lubrifier un peu ? »
Certaines organisations aiment rameuter le plus de « journalistes » possibles, croyant que plus la salle sera pleine, mieux l’opinion sera informée. Et ne rechignent pas à distribuer les per diem, pour s’assurer que leur message sera diffusé. C’est seulement lorsqu’elles font leur « média monitoring » et rassemblent les coupures de presse qu’elles comprennent que seule une poignée de « journalistes » présents à la manifestation ont relayé l’information.
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