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Le difficile retour des réfugiés musulmans en Centrafrique
Publié le jeudi 9 octobre 2014  |  AFP
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Les traits tirés, ils rentrent par petites vagues à bord de camions affrétés par des organisations humanitaires. Pour de nombreux musulmans ayant dû fuir les violences inter-religieuses du début de l'année, une nouvelle vie commence en Centrafrique, non sans appréhension.

Réfugiés dans des pays voisins, nombre d'entre eux disent qu'ils n'avaient d'autre choix que de rentrer au pays. A cause des difficultés rencontrées dans leur exil forcé.

"C'était très dur, vraiment dur, au Tchad. Nous étions en sécurité, mais pas du tout libres de tous nos mouvements", confie Ahmat Adoum, un jeune quincailler qui revient à Bangui.

Comme plusieurs dizaines de milliers de civils musulmans, il avait dû tout abandonner du jour au lendemain pour sauver sa peau. D'autres sont allés au Cameroun surtout, mais aussi au Mali, en Guinée, au Burkina Faso, et jusqu'au Sénégal.

"Je n'accepterai jamais de souffrir à l'étranger alors que ma terre natale, c'est la Centrafrique", raconte Asta, une vendeuse de kola (un type de noix), visiblement éprouvée.

"A la frontière avec le Cameroun, j'étais prise en charge avec tous mes enfants. Mais les conditions étaient déplorables. J'ai perdu deux de mes enfants. Je ne pouvais pas rester là-bas, c'est pourquoi je suis revenue dans mon pays", confie-t-elle.

Avec difficulté, Asta raconte en sango (la langue nationale centrafricaine) son quotidien dans le camp de réfugiés camerounais qui a vu mourir de malnutrition ses deux enfants les plus jeunes: la pénurie et les rationnements de nourriture, les files d'attentes interminables lorsque les vivres arrivaient enfin...

"Il fallait aussi se battre" pour voir un médecin, souligne la jeune femme.
- Les boubous au placard -

Beaucoup ont hâte de redécouvrir ce qu'est devenue leur ville, maintenant que le danger n'est plus si grand.

Les quartiers nord de Bangui s'enflamment toujours régulièrement, on entend tirer toutes les nuits et la criminalité empoisonne la vie quotidienne dans la capitale centrafricaine. Mais les exactions des rebelles de la Séléka --majoritairement musulmans--, qui avaient pris le pouvoir en mars 2013, puis celles des miliciens anti-balaka --majoritairement chrétiens--, qui ont contribué à les chasser en janvier, ont cessé.

Considérant les civils musulmans comme complices de la Séléka, les anti-balaka s'étaient livrés à un véritable nettoyage ethnique, les forçant à fuir s'ils voulaient garder la vie sauve. Aucune organisation ne s'est hasardée à établir un bilan complet du nombre de victimes.

La plupart de ceux qui reviennent croient en la restauration de la paix. Seule compte maintenant la reprise de leurs activités, et notamment le commerce: vente des pièces détachées d'automobiles et autres engins, d'oléagineux, de denrées de première nécessité, de tissus, de chaussures... Ce sont eux qui faisaient marcher l'économie de la capitale avant leur exode, et leur absence s'est fait durement sentir, ne serait-ce que parce que les prix se sont envolés sur les marchés.

"Nous attendons beaucoup de la part de la communauté internationale. J'avais un commerce de plus de 2 millions de francs CFA (3.000 euros, ndlr). Je suis allé vivre au Tchad comme un pauvre, alors j'ai décidé de rentrer. Puisque je n'ai rien et comme la paix semble de retour dans mon pays, j'attends une aide de la communauté internationale", insiste Issa, un commerçant.

"Etant de retour, on a rouvert notre boutique avec le peu dont on dispose", ajoute Aliou Moctar, un autre commerçant. Rentré du Cameroun, il s'est réinstallé au PK5, au nord de Bangui, dans un quartier encore régulièrement secoué par des violences intercommunautaires.

Preuve que l'appréhension demeure, les boubous chatoyants des musulmans banguissois sont remisés au placard, au profit des tenues plus discrètes portées par la majorité chrétienne.

"On a encore peur, parce que certaines personnes veulent toujours continuer à faire régner la violence. Je suis parti du Tchad au Cameroun, pour regagner Bangui. C'est le pardon qui compte maintenant. On n'a plus besoin de tout cela", dit d'un air pensif Ousséni, un boucher qui a lui aussi presque tout perdu.
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