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Centrafrique - Musulman modéré: où es-tu?
Publié le mercredi 10 juin 2015  |  Journal de bangui
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Un adage courant en Occident conseille de regarder en arrière et reconsidérer alors, par sagesse, d’où nous venons si, durant notre marche dans la vie, si dure à plus d’un égard, nous ne savons pas, ou plus, où nous allons.

Appliquant cet adage à la réalité centrafricaine vécue depuis les premières années de l’indépendance nationale jusqu’en Mars 2011, je frémis d’émotion en reconsidérant la paix citoyenne intègre et solide vécue par le passé entre tous les habitants du Centrafrique, qu’ils soient autochtones ou étrangers, pour la bonne et simple raison qu’à l’époque, ni le tribalisme, ni la position sociale de chacun et, encore moins, la religion ne constituaient, en rien, une quelconque raison de rejet systématique de l’autre, voire de sa persécution. La preuve:

. Les fonctionnaires de l’État, toutes ethnies et tribus confondues, affectés d’une région dans une autre, y étaient accueillis, à leur arrivée, comme des autochtones de la localité qu’ils sont venus servir ; ils pouvaient, s’ils le désiraient, se marier dans leur territoire administratif s’ils en avaient envie en sorte que, si nous pouvions vérifier les origines ethniques et tribales des citoyens centrafricains qui se prêteraient volontiers à ce genre de contrôle, nous serions effarés de constater que la majorité d’entre eux sont nés de parents émanant, chacun pour ce qui le concerne, d’une région différente de celle de son conjoint ;

. Les musulmans établis ou qui, pour des raisons d’ordre commercial, entraient au fur et à mesure dans le pays, étaient, eux aussi, bien accueillis par la population locale qu’ils venaient intégrer ; eux aussi s’y mariaient à leur convenance et, jamais, au grand jamais, ils n’ont rejeté, en quoi que ce soit (sauf pour le mariage de leur fille) un non-musulman, qu’il soit animiste ou chrétien ; l’entente cordiale assimilable à une amitié des plus sincères constituait, à tous égards, la clef de voûte de leurs relations, d’où la paix citoyenne en or longuement et copieusement savourée par l’ensemble des citoyens de l’époque ; rêveurs à souhait, nous, les jeunes des années 60 – 70, pensions que ce n’était là que le début de l’âge d’or de la nation centrafricaine profondément enracinée dans le mot-d’ordre de [b Barthélémy BOGANDA: «ZO KWE ZO», ce qui signifie, nous le savons tous: «TOUT ÊTRE HUMAIN EST UN ÊTRE HUMAIN», donc devant absolument jouir de tous les droits, sans exception aucune, liés à son statut d’être humain ; malheureusement, les évènements de Mars 2011 sont venus briser, d’un coup d’un seul, notre rêve d’antan et démontrer, sans coup férir, que l’âge d’or du Centrafrique est, bien plutôt, derrière nous.

Musulman modéré centrafricain : es-tu d’accord avec ce verdict, aléatoire de mon point de vue, concernant l’avenir de notre pays ? Est-ce parce que l’islam militant, qui vise la soumission de tous les domaines d’activité humaine à sa seule autorité, à commencer par les questions de foi et de politique, a brutalement interrompu la paix civile centrafricaine en Mars 2011 que toi, artisan aguerri de paix citoyenne authentique, tu vas baisser les bras et oublier, en même temps, que notre rêve citoyen commun a été, est, et reste de bâtir une nation dont la paix et l’unité nationale constituent, et doivent constituer, contre vents et marées, les richesses incommensurables d’une nation fondamentalement acquise à la paix, dès sa naissance en tant que pays indépendant ?

Moi, je ne me cache pas et, jamais, ne me cacherai pour te le dire : je suis pour ma part chrétien évangélique pour ce qui est de la foi, et citoyen centrafricain intègre et loyal, forgé par les leçons rigoureuses de civisme naguère dispensées par nos instituteurs chevronnés des années 60. À ce titre, oui, comme toi, je suis par terre avec les évènements de Mars 2011 mais, jamais, je n’oublie, pour ce qui me concerne, où je veux aller: la concordance nationale des plus éprouvées, quoi qu’il advienne, et quoi qu’il en coûte. Et je ne suis pas le seul à viser cet objectif si vital pour notre pays : la majorité des chrétiens du Centrafrique, en se fondant sur les enseignements de la Bible, Parole du Dieu vivant, visent, comme moi, le même objectif et cela, au nom de l’amour du prochain, qu’il soit un proche, un étranger, ou un ennemi.

Lève-toi donc et, sans hésitation, saisis la main de collaboration citoyenne intègre, et donc fiable, que les chrétiens de notre pays te tendent, et travaille à convaincre les musulmans intégristes de ton camp à comprendre la nécessité absolue et vitale de la paix entre les citoyens du Centrafrique. Tous les citoyens du Centrafrique, qu’ils soient animistes, chrétiens ou musulmans, en vue de relever rapidement ce cher pays de son désastre en garantissant, par notre conduite citoyenne effective et à jamais persévérante, la libre circulation, ainsi que la pleine sécurité, sur toute l’étendue du territoire national, et des personnes qui y vivent, et de leurs biens.

La Centrafrique paisible et sécurisé d’hier, remis en marche, «ici et maintenant», pour garantir à nos descendants les richesses qui n’ont pas de prix, tant leur valeur est infinie et qui sont la paix, l’entente citoyenne bien comprise, et la sécurité: cela te dit?

Sîrîrî na sîrîrî ! Mbi’ke kü mo, waködörö !
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