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Djono Ahaba, Président de la faction pacifiste Séléka du RPRC, insiste sur la nécessité d’aller résolument vers la paix
Publié le jeudi 18 juin 2015  |  corbeaunews.ca
Djono
© Autre presse par DR
Djono Ahaba, Président de la faction pacifiste Séléka du RPRC
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Jusqu’à ce jour, la Séléka continue d’être perçue comme une entité extrémiste en République centrafricaine. Alors que depuis l’Assemblée générale de Bira du 21 au 23 novembre 2014, sanctionnée par la création d’une faction pacifiste de cette Séléka, le Rassemblement patriotique pour le renouveau de Centrafrique (RPRC) à sa tête, l’ancien ministre d’État Herbert Gotran Djono Ahaba, les donnes changent, et ce, progressivement jusqu’aujourd’hui. L’accalmie observée en République centrafricaine à ces derniers temps, doit beaucoup à l’œuvre patriotique titanesque de cette faction. Mais, la montée en puissance du RPRC en tant qu’interlocuteur politico-militaire valable eu égard à l’option de la paix, de la cohésion sociale, l’unité nationale, la non-partition, a suscité ces derniers temps, des critiques souvent acerbes contre ce mouvement. Face à ces résistants de la paix, Djono Ahaba et le RPRC ne désemparent guère. C’est ce que le leader de ce mouvement confie à Corbeaunews.Centrafrique dans cette interview exclusive.


Corbeaunews.ca (CNC) : Ancien Ministre d’État, vous dirigez désormais un mouvement politico-militaire, le RPRC. Comment concilier les deux obédiences dans la conviction qui est la vôtre ?
Herbert Gotran Djono Ahaba (HGDA) : Je tiens tout d’abord à vous remercier de m’avoir donné cette opportunité de m’exprimer dans vos colonnes. Vous conviendrez avec moi que la crise que notre pays a traversée et continue d’ailleurs de traverser a atteint un stade regrettable, un seuil sans précédent de crises connues dans notre pays. L’unité nationale en péril, à un moment donné, on a vécu une partition de faite, le vivre ensemble a atteint un niveau de non-retour parce que la haine et le rejet de l’autre sont profondément ancrés en nous. C’est pourquoi, j’ai estimé que faire de la politique sous-tend qu’il y a une vision et une idéologie axée sur un projet de société crédible à défendre dans l’intérêt du peuple. Et, ainsi, j’ai décidé, avec certains compatriotes de créer ce mouvement le « Rassemblement patriotique pour le renouveau de Centrafrique ».
Nous nous sommes donnés comme slogan, « Non à la conquête du pouvoir par la force » ; « Non à la confiscation du pouvoir par les armes au détriment du peuple » et ; « Non à la partition », parce que nous devons lutter fort pour la sauvegarde de l’unité nationale, car de tout temps, dans les différents préambules de la Constitution de notre pays, la République centrafricaine est Une et Indivisible.


Mais déjà à court terme, nous avons commencé un travail sérieux de sensibilisation. C’est que pour nous, il faut que nous fassions du sacrifice à tous les niveaux, notamment au niveau de toutes les forces vives de la nation, à savoir la jeunesse, les leaders politiques, les femmes, etc. étant donné que la paix ne se décrète pas, c’est un comportement responsable et quotidien. Pour que le vivre ensemble soit possible, il faut que les uns et les autres, de tout côté, mettent la main à la patte, afin d sauvegarder notre unité nationale. Notre pays a beaucoup de potentialités naturelles, il ne nous reste qu’à se mettre ensemble, de tourner la page et de nous orienter vers l’émergence de notre pays.


Je vous dirais que le combat que nous menons en ce moment commence déjà à payer, parce que l’accalmie générale que le pays connait à ce jour le témoigne. A Bambari par exemple, les ex-combattants Séléka qui se trouvent dans cette ville sous le commandement du général Joseph Zoundeiko ont donné le signal fort, en se réconciliant avec les Anti-balaka. Je crois qu’au regard de la priorité de l’heure qui est la pacification du pays, la réconciliation, la cohésion sociale et la sauvegarde de l’unité nationale, nous sommes sur la bonne voie qui nous conduira à la bonne préparation et l’organisation des élections prochaines.
CNC : A priori, cette vision n’est pas partagée par vos pairs, puisque lors de la signature de l’Accord de DDRR en marge du forum national de Bangui, le général Joseph Zoundeiko a émis un autre son de cloche…
HGDA : Ce n’est rien et je puis vous rassurer qu’il s’agissait juste d’une petite incompréhension. C’est pourquoi nous n’avons pas tardé à mettre fin aux inquiétudes exprimées par les uns et les autres. En moins de 24 heures, le général Zoundeiko a été ramené à la raison. Et la suite logique, c’est que lorsque le général Zoundeiko de retour a fait le compte rendu à Bambari, s’en est immédiatement suivie la réconciliation entre nos éléments et les Anti-balaka.
Mais en tant que leader, je me devais de prouver notre bonne foi à aller vers la paix, en affirmant mon leadership. C’est pourquoi j’étais le premier à signer le document et à encourager les autres à signer cet accord.


CNC : Le RPRC est-il l’aile ‘’Goula de la Séléka ? Dites-nous aussi vous avez une bonne maitrise de vos effectifs ?
HGDA : Depuis l’Assemblée générale qui s’est tenue à Bria du 21 au 23 novembre 2014, où les délégués de Ndélé, Bandoro, Bambari, Bangui, Birao, bref de tous les coins de la RCA se sont retrouvés pour entériner la création du mouvement RPRC, ainsi que la mise en place du bureau politique, un travail a été fait et de façon régulière. C’est ce qui justifie pour la plupart l’accalmie qui a régné. Une accalmie qui témoigne à suffisance que nous avons une parfaite maitrise de nos éléments sur le terrain.


Cela nous a d’ailleurs permis de participer activement aux travaux préparatoires du Forum de Bangui, à travers les Consultations populaires à la base, au niveau de la Commission préparatoire du Forum, au niveau du Comité d’organisation. Nous avons également pleinement participé aux travaux du pré-forum organisés par le gouvernement, ainsi qu’au Forum lui-même. Nous nous réjouissons d’avoir apporté une contribution de taille à la réussite de ces assises nationales. Faut-il que je vous informe ce que nous faisons encore partie du Comité de suivi de ce forum où la contribution du RPRC est attendue.


Je profite de cette occasion pour lever l’équivoque sur un certain nombre de points précis. D’aucuns raisonnent en termes du tribalisme en utilisant gratuitement les expressions ‘’Goula’’, ‘’Rounga’’, etc. Personnellement, je suis au-dessus de la mêlée. Et, je pense qu’un homme politique doit avoir une vision pour la République, c’est pourquoi je ne me retrouve pas dans ces considérations. Notre démarche est inclusive, on ne parle pas en termes de région, à plus forte raison, en termes d’ethnie.


CNC : Comment entendez-vous coopérer avec les circonstances du DDRR, notamment en ce qui concerne les mercenaires étrangers ?
HGDA : Nous venons juste de signer l’Accord DDRR dont le dernier ‘’R’’ parle bien du rapatriement. Le contenu de ce document est clair, je ne vais pas revenir là-dessus. Mais, je pense qu’avec les travaux du pré-DDRR qui sont en train d’être faits en commun accord entre le gouvernement, la MINUSCA et les groupes armés, des sensibilisations vont être faites pour faire comprendre aux ex-combattants le contenu de l’Accord. Après que ces derniers se seraient familiarisés avec le contenu de ce document, nous allons certainement évoluer vers les autres étapes.


C’est pourquoi, je pense que s’il y a des étrangers dans les rangs des ex-combattants, seul le processus de la mise en œuvre de l’Accord DDRR, à travers les mécanismes mis en place pourrait les identifier. Donc, à supposer qu’il n’y ait pas d’étranger, ce n’est pas à moi d’indexer tel ou tel de l’être. Qu’à cela ne tienne, je crois que la majorité des gens qui sont avec nous sont des fils du pays qui se sont sentis frustrés quelque part et qui ont manifesté leur mécontentement. Il serait mieux de venir vers ces gens et de chercher, ensemble avec eux, de trouver des réponses durables à leur problème.


CNC : S’achemine-t-on vers la conversion du RPRC en parti politique ?
HGDA : Je pense que nous sommes en train de travailler. Et, en temps opportun, c’est le peuple qui jugera, sur la base du résultat que nous aurons par rapport à l’idéologie que nous défendons. Donc, nous allons examiner les choses au fur et à mesure et on avisera.
CNC : Monsieur Djono a-t-il une ambition présidentielle ?
HGDA : C’est une question, je dirais, prématurée en ce moment. Aujourd’hui, la priorité, c’est de pacifier le pays, afin de permettre de restaurer l’autorité de l’État et que nous puissions avoir les conditions réunies, afin que nous ayons des élections crédibles, transparentes et acceptées par tous.


CNC : La dernière ligne droite du processus de la transition en cours étant les élections, quelles sont, selon vous, les conditions requises pour la réussite de cet exercice ?
HGDA : Ce qui est important aujourd’hui, c’est que l’Autorité nationale des élections (ANE), les autorités de la transition, le Groupe international de contact, la médiation internationale dans la crise centrafricaine ainsi que la CEEAC de manière générale puissent harmoniser leur point de vue, afin que nous ayons un calendrier électoral clair, bien défini et réaliste. Et ce, tout en tenant compte des ressources financières à mobiliser, ainsi que le matériel électoral. Cela permettra aux uns et aux autres de se préparer. Nous ne devons pas continuer à tergiverser autour de l’essentiel.
CNC : Monsieur, Herbert Gotran Djono Ahaba, merci.
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