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Recensement électoral en Centrafrique: "à quoi bon aller voter?"
Publié le mardi 28 juillet 2015  |  AFP
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© Autre presse par DR
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"Toi qui me regardes et qui passes tranquillement ton chemin, as-tu déjà pensé à t'inscrire sur la liste électorale?" Juché sur un camion, un artiste centrafricain interpelle ses compatriotes au mégaphone, à moins de trois mois de la présidentielle.

Affiches placardées sur les murs, messages radio, artistes populaires recrutés pour l'occasion: pendant des semaines, les autorités de "transition", les partis politiques de tous bords et la société civile ont tenté de convaincre leurs compatriotes de se faire enregistrer, jusqu'au bouclage de l'opération lundi à Bangui.

Les autorités ont fixé au 18 octobre la tenue de l'élection présidentielle dans cette ex-colonie française qui peine à se relever de la plus grave crise de son histoire depuis l'indépendance de 1960.

Mais, malgré l'intense campagne de sensibilisation, le recensement électoral, lancé dans la capitale le 29 juin par la présidente Catherine Samba Panza, n'a pas eu le succès escompté.

Monté sur son camion, l'artiste avait pourtant averti: "N'attendez pas demain pour aller vous inscrire. C'est aujourd'hui qu'il faut le faire".

La fin de l'opération, initialement prévue le 11 juillet, a même été repoussée à deux reprises - d'abord au 18 juillet, puis finalement au 27 juillet-, faute de mobilisation.

Le deuxième report était "nécessaire, parce que sur un total de 300.000 électeurs inscrits à Bangui (lors du dernier recensement électoral de 2011), 105.000 électeurs seulement (s'étaient) inscrits sur la liste électorale au 10 juillet dernier", affirme-t-on à l'Autorité nationale des élections (ANE), l'organe chargé de préparer, d'organiser et de superviser les élections législatives et présidentielle à la fin de l'année.

L'ANE "espère atteindre, voire dépasser" les précédents chiffres à la suite de ce dernier report, ajoute cette source sous couvert d'anonymat.

"Au début, il y avait un engouement. Mais cela s'est estompé. (...) Les gens viennent au compte-gouttes", affirme Alfred Zingazo, un agent recenseur.

- Plus d'état civil -

A Bangui, beaucoup d'habitants ne cachent pas leur désillusion tant la tâche semble immense: tout un pays reste à reconstruire, après des décennies de troubles incessants - rébellions, coups d'Etat... - ayant abouti en 2013-2014 à des tueries intercommunautaires massives.

"A quoi bon aller voter, si dans deux ou trois ans le régime démocratique sera contraint de fuir pour laisser les hommes en armes s'emparer du pouvoir?", affirme sans détour une commerçante, Marie-Louise Ngandi.

"Je me suis inscrit et j'ai voté en 2011. Mais le candidat sur qui j'ai porté mon choix pour la présidentielle a préféré quitter le pouvoir en cours de mandat, m'abandonnant aux mains des Séléka et des anti-balaka qui ont plongé le pays dans le chaos", affirme Serge Mounadé, un étudiant.

Le président François Bozizé avait été renversé en mars 2013 par la rébellion majoritairement musulmane Séléka, qui a commis de sanglantes exactions avant d'être chassée à son tour du pouvoir. En réaction, les milices chrétiennes anti-balaka s'en sont pris aux civils, notamment musulmans.

"Je n'ai plus envie de voter", assène le jeune homme.

Des milliers de personnes ont en outre perdu leurs documents d'identité ou d'état-civil durant les violences à Bangui, souvent obligées de fuir leurs foyers, pillés et saccagés. Dans ces cas-là, les chefs de quartier devaient assister au recensement comme témoins, ce qui a encore compliqué le processus d'enregistrement.

Autre difficulté rencontrée: ces derniers jours, "les agents recenseurs de Bangui (...) ont refusé de travailler à cause du non-paiement de leurs émoluments", explique Richard Kenza, un agent recenseur du 5e arrondissement.

En province, les opérations de recensement, qui ont officiellement démarré le 26 juillet et sont censées durer un mois, devront aussi être prolongées, indique la source au sein de l'ANE.

Elus nationaux et locaux ont été chargés de sensibiliser les habitants dans leurs circonscriptions respectives.

Reste le casse-tête du recensement des Centrafricains réfugiés dans les pays voisins, la Cour constitutionnelle ayant jugé récemment qu'ils devaient pouvoir voter... contrairement à un avis précédent du Parlement provisoire.

Actuellement, 460.000 personnes, un dixième de la population, sont installés au Cameroun, au Tchad, en République démocratique du Congo (RDC) et au Congo, dont environ 190.000 sont éligibles.

Certains électeurs, comme Adolphe Sembona, veulent pourtant y croire. "Je me suis inscrit pour voter le moment venu, explique cet enseignant. Il y a encore des Centrafricains qui peuvent relever le défi de la démocratie et redonner l'espoir à mon pays".
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