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Mouvement CORRECT: La communauté internationale doit assumer ses responsabilités
Publié le lundi 24 aout 2015  |  Centrafrique Libre
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« Nous le savons, et vous le savez aussi bien que nous, la justice n’entre en ligne de compte dans le raisonnement des hommes que si les forces sont égales de part et d’autre; dans le cas contraire, les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder. »

Le mouvement CORRECT continue de s’interroger sur la capacité de la Communauté Internationale à assumer la sécurité du peuple centrafricain pendant et après les élections du mois d’octobre et du mois de novembre prochain. Le mouvement CORRECT s’interroge également sur la motivation et la mobilisation de la communauté internationale pour tenter de mettre un terme au conflit centrafricain.

Le constat établi par les autorités de Bangui après la libération musclée du secrétaire général du KNK dans les locaux du palais de Justice de Bangui est particulièrement édifiante pour appréhender les convulsions d’un désordre à venir concernant les futures élections et l’intensité de l’insécurité qui gangrène le pays. Ce constat permet ensuite de relever les nombreuses difficultés qui attendent les juges pendant les et après les opérations électorales et trahit les faiblesses du système judiciaire centrafricain. Enfin, il met en lumière l’inefficacité de la communauté internationale à proposer une solution efficace et durable de sortie de crise.

En effet, vu les circonstances dans lesquelles s’est opérée cette libération, nous sommes inquiets quant à la capacité de cette communauté internationale à réagir face aux participants d’un statu-quo, à sécuriser physiquement et juridiquement l’organisation, la tenue et la proclamation des résultats des prochaines élections en République centrafricaine. L’organisation de ces consultations n’est en aucune manière garantie par la communauté internationale.

La preuve aussi que les autorités centrafricaines n’ont pas les moyens d’assurer CORRECTEMENT l’organisation physique et juridique des futures élections vient d’être faite par la puissante mobilisation des militants de ce parti. Des individus sont venus faire librement leur loi dans les locaux du palais de la Justice censé rendre justice selon les lois de la République.

Sachant pertinemment que les casques bleus de la MINUSCA ne sont pas venus mourir pour les centrafricains, cantonnés au rôle d’observateur impuissant, sachant également que L’État centrafricain privé des forces de défense et de sécurité, les militants du KNK ou les anti-balaka ont donc agi en connaissance de cause. L’État centrafricain n’a pas les moyens de leur résister.

Cette libération illustre déjà assez bien les réactions que vont avoir certains militants au moment de l’annonce du rejet de certaines candidatures par l’ANE et aussi du comportement qu’ils vont avoir face aux juges de la Cour Constitutionnelle de Transition quand ils sauront que leur candidat n’est ni retenu, ni qualifié pour participer aux élections.

La situation sécuritaire qui prévaut en ce moment dans le pays renferme tous les ingrédients d’un probable regain de violences. Car, lorsque le pouvoir judiciaire gardien des libertés, tenu d’assurer le respect des principes fondamentaux de l’État, des droits et des libertés ne bénéficie pas du soutien de la communauté internationale ou lorsque la sécurité des membres de l’autorité judiciaire, chargés de dire et de faire appliquer la loi, n’est pas garantie par la communauté internationale (en absence des forces de défense et de sécurité centrafricaines), au moment où ils sont attaqués, nous sommes en mesure de dire qu’il est déraisonnable de convoquer le peuple centrafricain pour choisir ses représentants.

Qu’adviendra t-il des contestations et des recours relatifs aux opérations électorales ? Du « contentieux pré-électoral » et du « contentieux électoral » ? Qu’adviendra t-il de la Centrafrique si cela continue ainsi ?

Dans un pays normal, les forces de défense et de sécurité constituent un dispositif obligatoire sinon essentiel pour la démocratie, les droits et les libertés, la stabilisation d’un système démocratique. En Centrafrique, la communauté internationale refuse la restauration, la formation et la prise en charge des forces de défense et de sécurité mais impose l’instauration d’un pouvoir « légitime ». C’est une absurdité totale. Au nom d’un certain principe de neutralité, de ne pas s’immiscer dans la question de sécurité intérieure centrafricaine, la communauté internationale s’interdit de défendre l’autorité judiciaire à un moment où elle en a grand besoin. Nous pensons que le pouvoir judiciaire aurait pu bénéficier, tout comme les forces de défense et de sécurité, dès l’arrivée des casques bleus, des moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs tâches.

Au lieu de ça, les FACA ont été purement et simplement écartées du processus de rétablissement de la paix. Le processus du DDR abandonné. La justice, qui devrait aider les autorités centrafricaines à mener de véritables enquêtes sur tous les crimes commis par les séléka et les anti balaka et de poursuivre les responsables présumés, n’est pas soutenue par la communauté internationale, au nom de ce fameux principe de neutralité. Les chefs des milices et rebelles et certains leaders politiques ayant pris fait et cause pour les séléka et les anti-balaka, n’étant nullement inquiétés ni par la justice centrafricaine, ni par la cour pénale internationale, il y a un véritable risque que les victimes légitiment leurs bourreaux à travers ces élections. On ne votera pas pour des idées, des projets mais pour les deux blocs antagonistes anti balaka et séléka car chaque camp espère être protégé seulement par ses propres leaders.

Qu’en est-il de la Cour Pénale Spéciale Centrafricaine (CPSC) ? Rappelons que cette cour créée le 3 juin 2015 suite à une loi promulguée par la Cheffe d’Etat de Transition, a pour mission d’enquêter, poursuivre, juger et condamner les actes attentatoires aux droits de l’homme commis depuis 2003 en Centrafrique. La CPSC donnerait-elle ses premières conclusions ou pistes avant ou après ces élections ? Dans tous les cas, vu la situation d’insécurité actuelle, aura-t-elle, les capacités nécessaires pour assurer la sécurité des prisons et de ses locataires ? Aujourd’hui, la Section de Recherches et d’Investigations (SRI) a montré ses limites quant la garde à vue (à tort ou à raison) du secrétaire général du KNK. Imaginez un seul instant quand les prisons seront remplies des bourreaux du Peuple.

Aussi, le principe de neutralité de la communauté internationale va t-il permettre de gérer les désordres qui seront issus de ces scrutins?

Pour mettre fin à cet engrenage négatif et dangereux, nous souhaitons une implication crédible de la communauté internationale pour assurer la sécurité des autorités judiciaires et de l’ANE chargées de l’organisation de ces élections, en absence des forces de défense et de sécurité centrafricaines, pendant et après ces consultations. Il faudra qu’elle s’implique davantage dans le mécanisme de renforcement de la sécurité intérieure de la Centrafrique beaucoup plus qu’elle ne le fait aujourd’hui. En tout cas, il est hors de question qu’elle exige de la Centrafrique qui n’en a pas les moyens d’organiser des élections et de lui tourner le dos.

L’arrivée des casques bleus en septembre 2014 avait pour mission la protection des civils, l’appui au processus politique qui doit conduire à un dialogue et des élections, et enfin le rétablissement de l’autorité de l’État. Nous pensons qu’on aurait pu mettre d’abord un accent sur le rétablissement de l’autorité de l’État à travers la restauration des forces de défense et de sécurité.

En mettant en avant l’organisation des élections comme étant un bon outil pour rétablir l’autorité de l’État, au détriment de la restauration des forces de défense et de sécurité, nous estimons que tout cela ressemble à un scénario dont seule la communauté internationale détient le script.

Maxime NANA, Président de la Coordination pour la Rupture et de la Refondation de la Centrafrique
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