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Maïtart Djim Aren: notre pays est malade et il faudra des annes pour qu’il se remette de cette crise
Publié le lundi 31 aout 2015  |  Centrafrique Libre
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Il est un dinosaure de la politique centrafricaine, une sommité de l’enseignement supérieur, ancien vice président MLPC à l’assemblée nationale, M. Maïtart Djim Arem qui est aujourd’hui conseiller national et président du parti UDPP a décidé de rompre son silence sur l’actualité centrafricaine. Pour MDA les anciens présidents Bozizé, Djotodia et « certains politiciens de la vielle garde, connus, qui les ont soutenus, sont entièrement responsables de la souffrance de notre peuple ». Il n’a pas cité les noms de la présidente Cathérine Samba-Panza et du président du parlement provisoire Alexandre Ferdinand Nguendet dont les centrafricains décrient au quotidien leurs incompétences et leur incapacité à remettre la RCA sur les rails à l’instar des dirigeants burkinabés qui en moins d’un an, sont en train de réussir leur transition.

Bonjour M. MAÏTART

Bonjour

Comment va votre pays depuis le départ de François Bozizé ?

Comment va mon pays ? Mais vous connaissez la réponse ! Très, très mal. Pour s’emparer du Pouvoir, M Bozizé a mis à sac le pays en détruisant tout le tissu économique et les infrastructures administratives et sociales de notre pays, notamment dans les Préfectures du Nord et du centre occupées par sa rébellion. Ensuite, il appliqua la politique de terre brulée dans les régions qu’il jugeait hostile à sa politique : Paoua, Markounda, Batangafo ont été particulièrement visées. Tout le monde se souvient encore des prouesses criminelles d’Eugene Ngaïkoïssé, « le bourreau de Paoua ». Bozizé et ses complices ont fait le lit à Djotodja.

Ce monsieur est venu terminer ce que Bozizé avait commencé. Djotodja et ses mercenaires Tchado-soudanais ont mis à sac notre pays tout entier et détruit toutes les archives de sorte que ces malfrats se déclarent Centrafricains : Nouradine et les autres guignols qui tuent, violent et volent notre peuple ne sont pas des Centrafricains. C’était un plan savamment mijoté par Djotodja et sa bande de pillards et de criminels. Le projet secret c’est de créer à terme un État islamique et ensuite se fédérer avec le Soudan. Leur rêve a brutalement pris fin le 04 Décembre 2013 et la démission de leur mentor Djotodja. Notre pays est malade et il faudra des années pour qu’il se remette de cette crise. Bozizé, Djotodia et certains politiciens de la vielle garde, connus, qui les ont soutenus, sont entièrement responsables de la souffrance de notre peuple.

Vous êtes un éléphant de la politique centrafricain, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et faire le bilan de votre parcours s’il vous plaît ?

Vous exagérez en me qualifiant « d’éléphant de la politique centrafricaine ». Je ne vois vraiment pas en quoi, je serais un « éléphant » de la politique centrafricaine. Il y en Centrafrique des hommes et des femmes qui méritent mieux cette qualification que moi. Je ne suis qu’un modeste centrafricain qui s’intéresse aux affaires de la Cité qu’est la RCA, notre patrie. Cela dit, Comme Obélisque, je suis tombé dans la politique étant enfant. Je suis issu d’une famille où la politique fait partie du paysage familial. Lorsque Barthélemy Boganda cherchait des candidats à investir pour les élections à l’ATOC, le choix était porté sur mon père, MAÏTART Daniel. Celui-ci préféra céder sa place à son cadet, l’oncle Béret-Boléro Gaston qui fut élu sur la liste du MESAN pour la circonscription de Paoua avec Albert Eliane.

Je suivais mon père comme son ombre, alors j’écoutais toutes leurs conversations politiques sans y comprendre beaucoup de choses. Mon oncle fut l’un des honorables qui eurent l’honneur de voter la motion présentée par Boganda, portant déclaration de l’indépendance de la République centrafricaine.

Dès Avril 1960, mon père devint Maire de la commune de Mia-Péndé. Cette nouvelle fonction de mon père mettait notre famille presque au centre des activités politiques de la région. J’avais juré de devenir député une fois devenu grand.

Rentré des études de France en 1982, je fus intégré dans le corps des enseignants du Supérieur et affecté comme professeur de Pédagogie générale et de philosophie de l’éducation à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Bangui. J’ai eu cette chance exaltante de participer à la formation des cadres de mon pays dont certains sont aujourd’hui de très grandes personnalités politiques et administratives. Sur ce plan, ma vie est bénie.

Après 6 années de pouvoir solitaire, le Président Kolingba décida de doter le pays d’une Assemblée Nationale après l’adoption par référendum de la constitution de Novembre 1986 instituant le parti unique. Il organisa donc les élections législatives fin juillet 1987. Je me suis porté candidat pour la circonscription de l’Ouham-Péndé et je fus élu parmi les trois députés sur 8 candidats. Mon rêve d’enfance s’était ainsi réalisé au grand dam de mes anciens camarades de l’UNECA qui s’étaient rués dans le brancard du RDC par pur opportunisme.

Au sein de cette Assemblée balbutiante, j’avais occupé le poste de Président de la « Commission Affaires étrangères et défense » cumulativement avec les fonctions de secrétaire-membre du bureau. Je fus viré du Bureau par une coalition occulte dirigée par le défunt honorable Saulte Avaro. Il faut rappeler que j’ai eu, avec le député Réckian Fabien, à mener d’âpres négociations avec les « Codos mbakara » qui sévissaient dans l’Ouham et l’Ouham-Péndé. Nous avons obtenu la restitution de toutes leurs armes et leur réinsertion dans la vie civile et çà, sans un seul sou ni programme DDR !

Le président Kolingba prononça son discours d’Avril 1991 qui instaura un multipartisme dit « intégral », suite au fameux discours de la Baule de F. Mitterrand. Je regagnai naturellement le MLPC à la fin de mandat. Réélu sous les couleurs du MLPC, au 1er tour, député de Paoua1 en 1993, Je devins 1er Vice-Président de l’Assemblé multicolore contre la volonté de la bande à Dobozéndi qui soutenait plutôt Kombonaguémon-Namboguiri. Cette législature a été particulièrement marquée par le dépôt de la fameuse motion de censure initiée par le groupe parlementaire MLPC contre le Gouvernement de Jean-Luc Mandaba qu’il soutenait.

A l’issue des élections de 1998, je fus réélu au 1er tour député de Paoua II. Je repris la tête de la « Commission des Affaires étrangères » je fus à ce titre Représentant du Parlement centrafricain aux ACP-AE, et Représentant au sein de l’APF en tant que Président de la « Commission des Affaires politiques administratives » de la Section centrafricaine de cette organisation parlementaire. Le coup d’Etat de Bozizé mettra fin à ce mandant à 9 mois de la fin de la législature en 2003.

Après le décès du Camarade Président Patassé, ne voulant pas me mêler de la lutte sans merci pour lui succéder, j’ai préféré fonder l’Union Démocratique du Peuple pour le Progrès (UDPP) avec un petit groupe de compagnons de Patassé. L’UDPP est membre de la plate-forme « Sauvons le Centrafrique ». Voilà en bref me parcours politique.

L’actualité centrafricaine est marquée par le revirement du CNT sur la question du vote des réfugiés. En tant que conseiller, vous étiez absent lors de cette élection, alors êtes-vous pour ou contre le vote des réfugiés centrafricains ?

Je ne pense pas qu’il s’est agi de « revirement du CNT » comme vous dites. Nous réclamons à cor et à cris une vie démocratique saine. Alors nous devons être tenus d’en respecter les règles. Un démocrate doit se plier aux décisions majoritaires étant entendu que parfois la majorité peut se tromper. Ce me semble être le cas. Le CNT avait estimé, en son temps, qu’au regard de la convention de Vienne et des textes subséquents, les réfugiés Centrafricains placés sous la protection du HCR ne peuvent pas se mêler de la politique de leur pays, donc ne peuvent pas voter, sauf s’ils renoncent à leur statut. Cela ne regarde en rien ceux qui ont fui la RCA pour se mettre à l’abri dans les pays voisins et qui circulent librement et accueillis dans des familles.

J’étais l’un de ceux des Conseillers qui défendaient cette thèse et avaient pesé pour le vote négatif émis par le CNT. Nous savons tous que la Séléka avait détruit toutes les archives de notre pays y compris les fichiers d’Etat civil. Nous savons par ailleurs que beaucoup d’étrangers vivant sur notre sol avaient fui pour regagner leur propre pays et se sont présentés au HCR de ces pays pour bénéficier des avantages attachés au statut de réfugié. Nous nous connaissons tous en RCA. Les autorités publiques n’ignorent guère cette réalité. Je ne comprends pas ce refus de gérer cette affaire avec discernement dont font preuve les dirigeants de transition et une partie de la classe politique, engluée dans une terrible myopie politique. Je reste évidemment sur ma position. J’aurais voté contre le vote des réfugiés statutaires pour rester fidèle, comme d’habitude, à ma conviction. J’ai pourtant envoyé mon mandat en spécifiant mon vote, mais mon mandataire ne l’avait pas présenté. Bref le CNT avait les mains liées en vertu de l’article 84 de la Charte Constitutionnelle de Transition qui stipule clairement : « Les décisions de la Cour Constitutionnelle de Transition ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative et juridictionnelle et à toute personne physique ». Le CNT est donc condamné de se plier à la décision de la CCT et je ne vois pas en quoi ce vote serait un quelconque revirement. D’ailleurs le score dérisoire montre que les conseillers hostiles au vote des réfugiés sont néanmoins majoritaires : 60 contre 57.



Le Secrétaire du KNK, Bertin Béa a été interpellé comme un voyou à l’aéroport de Bangui-Mpoko alors qu’il s’apprêtait à se rendre aux obsèques de sa belle tante en France, êtes-vous choqué par cette méthode digne d’une république bananière ?

N’étant pas sur le terrain, j’ai du mal me faire une opinion claire sur cette affaire. Tout citoyen a le droit d’aller et de venir (Article 4) qui est garanti par la CCT. M. Béa a parfaitement le droit de sortir et de revenir en Centrafrique s’il ne fait pas l’objet de restriction judiciaire particulière. Cela dit, les autorités judiciaires doivent fournir des explications convaincantes au peuple par rapport aux motifs de cette arrestation.

Si j’étais Béa, je n’aurais pas cédé à la tentation d’évasion rocambolesque, fût-elle organisée par des partisans qui ne comprenant rien à la politique et au droit. Il doit garder son calme et réclamer des explications pertinentes au Procureur sur son arrestation et cela l’aurait certainement grandi. Le cas de Karim Méckassoua lui aurait servi d’exemple probant. Notre pays doit évoluer vers un plus grand respect de nos textes fondateurs et cesser d’humilier les responsables politiques ne partageant pas les mêmes points de vue.

Nous sommes à un mois et demi des élections mais les nombreux retards enregistrés dans la mission de l’ANE font déjà planer le spectre d’un nouveau report, opterez-vous encore pour une énième prorogation du mandat des autorités de la transition? Sinon quelle solution préconiserez- vous?.

Cessons de ne voir que la prorogation ou pas de la Transition. Si vous aviez été à la conférence de presse que j’ai organisée le 07 Juillet 2015, vous auriez su que ma position sur la question n’a jamais varié : Il vaut mieux une succession de prorogations de la Transition plutôt que des élections non transparentes, non libres et non crédibles. Les conditions actuelles ne permettent pas de tenir les élections crédibles dans le délai. La situation sécuritaire est des plus catastrophiques et la moitié du territoire est toujours contrôlée par des bandes armées qui écument l’arrière pays sous la barbe des forces onusiennes. Pour moi, Il faut désarmer au préalable ces criminels. L’attitude de la communauté dite internationale est suspecte. Elle demande la tenue coûte que coûte de ces élections en refusant d’en donner les moyens promis et d’appliquer les Résolutions des Nations Unie dont la 2149. Entre des élections mal truquées et ses conséquences indescriptibles et se donner le temps de biens les organiser, mon choix est clair !

Que dites-vous aux Centrafricains qui qualifient les politiciens centrafricains des gens incompétents et incapables de défendre les intérêts de leur pays.

Par expérience, je ne crois pas que le peuple centrafricain qualifie politiciens centrafricains des « gens incompétents et incapables de défendre les intérêts de leur pays ». La RCA appartient à nous tous et il me paraît inadmissible qu’une frange très minoritaire de notre peuple pense que les autres n’ont pas l’amour de la Centrafrique. Je suis habitué à me prêter aux analyses intellectuelles me fondant sur des faits et des critères pertinents et objectifs. Quels sont les critères permettant à ces gens pour déterminer l’incompétence des autres Centrafricains ? Dans notre pays, ils y a des hommes et des femmes qui avaient fait leurs preuves et qui essayent, avec les moyens de bord, de faire avancer les autres. Il y a beaucoup de failles dans leurs actes, certes, mais il faut se dire que ces compatriotes servent leur patrie dans des conditions extrêmes. Ceux qui passent le plus clair de leur temps à jeter l’anathème sur les autres sont ceux précisément qui ne font rien et regardent en spectateurs leurs frères, attendant que les choses s’améliorent pour descendre au pays rouler la mécanique. Ceux qui ne font rien ne se trompent jamais et les meilleurs joueurs ne sont pas ceux qui mouillent le maillot sur le terrain, mais ceux qui vissent leur fesses dans les gradins. Boganda disait : « la critique est aisée, mais l’art est difficile » ! Qu’ils descendent dans l’arène ! Qu’ils descendent donc !!!

Êtes-vous candidat à la présidentielle ou aux législatives ? Combien de candidats vont concourir aux législatives sous la bannière de votre Parti ?

Rires ! Les 4 millions de Centrafricains ne vont tout de même pas être candidats au poste de Président de la République. Je dis tout de suite que je ne suis pas candidat. Ce n’est pas seulement en tant que Président de la République qu’on peut servir son pays. J’ai passé 11 ans aux côtés du Président Patassé, j’ai beaucoup travaillé et pour lui et pour mon pays et pourtant, je n’ai jamais été au Gouvernement. On ne vise pas une fonction précise en s’engageant dans la politique. Je peux vous assurer que je suis satisfait de mon parcours politique sans avoir été ministre. Cela dit, chacun peut prétendre à cette haute fonction comme le garanti la constitution. Mais parfois, il ne faut pas non plus prendre la fonction de Président de la République pour un objet de plaisanterie. Il y a parmi cette multitude, ceux qui savent qu’ils n’ont aucune chance mais qui y vont quand même pour se faire voir.

Oui je suis partant pour les législatives en tant que chef de parti. Je porterai les couleurs de l’UDPP sinon à quoi bon de le fonder un parti pour ne pas être présent aux différentes consultations ? S’agissant du nombre des candidats UDPP, soyez patient ; vous le saurez avant longtemps.
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