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Le forum de Brazzaville: un mal nécessaire
Publié le mardi 22 juillet 2014  |  Centrafrique Libre
Ouverture
© AFP par GUY-GERVAIS Kitina
Ouverture du Forum de réconciliation nationale à Brazzaville
Lundi 21 juillet 2014. Brazzaville. Photo : La présidente de transition, Cathérine Samba Panza de la Centrafrique en compagnie du président Denis Sassou N’Guesso
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Des milliers de centrafricains ont placé le forum de Brazzaville sur la liste noire des foras qui se succèdent sans résultats probants pour le bénéfice du bas peuple en souffrance. Le forum de Brazzaville qui a débuté hier et qui prendra fin le mercredi 23 a été vidé des recommandations dictées à Malabo sur le dos du peuple centrafricain. Le président Déby du Tchad qui est l’un des instigateurs de cette rencontre et qui est souvent accusé par de nombreux observateurs d’être un financier du groupe rebelle Séléka a du regretté le changement radical de la feuille de route initiale. Il faut saluer le réveil des politiciens et des nouvelles figures de la politique centrafricaine qui durant des semaines se sont déchirés pour obtenir du médiateur congolais et de la communauté internationale la quasi annulation de ces recommandations.

Du coup la modification de la charte constitutionnelle qui était à la une ces dernières semaines a cédé la place en un meeting de la réconciliation dont l’objectif principal est la signature d’un Cessez le feu entre les principaux belligérants que sont les Seleka et les Anti balaka.

Fort de ses nombreuses années au pouvoir, le médiateur Sassou a demandé à tous les participants et aux journalistes de quitter le somptueux cadre de ce palais à l’exception des centrafricains à qui il a prodigué de nombreux conseils. Pour convaincre les centrafricains à enterrer leur hache de guerre, il a vanté la vision du président fondateur de la République Centrafricaine M. Barthélémy Boganda qu’il considère comme un père spirituel.

Il a également rappelé la guerre civile qui a eu lieu à Brazzaville en 1997 et cité des pays comme la Côte d’ivoire ou l’Angola qui sont passés par cette case. Ensuite le président Sassou a fait part des liens intrinsèques qui lient son pays et la RCA en rappelant au passage l’existence à ce jour des rues qui portent encore le nom des ethnies centrafricaines comme le Banziri;Banda; Yakoma dans le quartier Poto-poto.

« La consanguinité avec le peuple est une marque indéniable, vous devez vous dire entre vous plus jamais çà. Votre pays a déjà atteint l’abîme et ne peut s’enfoncer davantage. Par le passé vous avez déjà organisé les mêmes assises. Le moment est venu de tirer les leçons de toutes les expériences passées. La nature a assez richement comblé votre pays, faites la paix et travailler pour la transformer. » a déclaré le président congolais DSN.

Ensuite le médiateur a poursuivi son discours en insistant sur le fait que Brazzaville n’était qu’une première étape du véritable dialogue qui aura lieu à Bangui capitale de la RCA. C’est sur ce point là que réside le résultat de la mobilisation et la divergence des points de vue des leaders centrafricains. Même si une majorité s’est dégagée pour se rendre à Brazzaville, il y a de nombreux poids lourds de la politique centrafricaine qui ont boycotté cette rencontre.

Les leaders centrafricains se souviennent sans doute des accords de Libreville qui ont mis à mal la cohésion de leur pays et l’humiliation de N’Djamena où tout avait été décidé à leur insu au grand dam du peuple. En affichant avec véhémence leur position pour le retour de la souveraineté totale de leur pays, les leaders centrafricains ont marqué un précieux point qu’il faut sans douter pérenniser.

Le premier centrafricain à prendre la parole lors de ce ouï clos est le président de la communauté centrafricaine de Brazzaville, ce dernier a lu un mémorandum avant de le remettre au médiateur Sassou. les principaux points à retenir dans cette lettre sont: Le retour des FACA, l’implication de tous les acteurs de la scène politique centrafricaine, le rejet de l’idée de la partition.

Un représentant du CNT a pris la parole pour inviter les centrafricains à combattre la méfiance et la suspicion entre les différents groupes ethniques; il a souhaité que l’Etat combatte le trafic des armes légères et l’exploitation illégales des matières premières. Pour finir il a rappelé trois phases: la première concerne la reconnaissance de la charte comme loi fondamentale, l’intransigeance de la laïcité centrafricaine ,l’indivisibilité du territoire centrafricain et l’application des résolutions des Nations Unies.

L’ancien ministre d’Etat Moussa Dhaffane prenant la parole au nom de la Séléka a semblé ne pas bouger d’un iota sur les mesures dramatiques que son groupe préconise depuis plusieurs mois. Bien encrés et détenteurs de nombreux postes clés dans l’administration, les membres de ce groupe armé sont présents au CNT à l’inverse des Anti Balaka qui ne sont pas dans ce parlement provisoire. Tout au début de discours, le numéro trois de l’ex Séléka a déclaré être contre l’idée de la partition du pays avant de faire le constat d’un ressenti du rejet du vivre ensemble de la communauté chrétienne avec la communauté musulmane du nord est. Dhaffane a rappelé l’histoire de l’accord occulte qui aurait été signé à Nd’jamena avant le départ de Djotodia et a condamné le refus de son application par les nouvelles autorités. Fort de de qu’il qualifie de manquements empêchant le retour de la paix; le Sélekaman a fait la déclaration suivante :

Considérant la persécution et la prise en otage des musulmans par la Séléka; considérant les actes de barbaries répétitifs et anthropologiques caractérisés par les enlèvements, le terrorisme; considérant que les Antibalaka sont désignés par les forces internationales comme des ennemis de la paix; Considérant les multiples violations perpétrées par les Anti-Balaka; Considérant que les ex Séléka restent les seules forces capables de rétablir la paix et la sécurité; Nous attirons l’attention des Anti-balaka de cesser tout acte barbare, nous demandons à la communauté internationale de regrouper les musulmans dans le nord est. La situation sécuritaire et humanitaire étant chaotique; nous maintenons l’idée de la partition du pays.

Pour finir ce conclave le chef des Anti-balaka Édouard Patrice Ngaissiona a reconnu que l’erreur était humaine et à demander à Dieu de pardonner ses troupes. L’AB en chef a fait la genèse du déclenchement des hostilités des Anti-balakas qui ne sont que l’expression d’un ras le bol des jeunes suite aux humiliations infligées par la Séléka sur les populations non armées des villages. « La politique de la terre brûlée a anéantit la RCA. Les multiples exactions de la Séléka ont fini par exaspéré les jeunes des villages et villes; c ‘est qui les a poussés à organiser une résistance.

Les Anti balaka pour finir réclament l’accélération du processus de DDR et souhaitent être bien représentés au gouvernement et au CNT à l’image de la Séléka.

En concluant cette séance le représentant de la société civile a demandé l’application de la fermeté dans le respect de la feuille route qui sera issue de ce forum, elle s’insurge contre la passivité des forces internationales et dénonce la non application et la lenteur constatée sur la mise en œuvre des textes en vigueur. La société civile dénonce la passivité des politiciens et des autorités de la transition, elle exige la mise en place d’une commission vérité, paix, et justice. Elle recommande le redéploiement des forces internationales et exige l’application des résolutions 2121 de l’Onu. Pour cette entité tous les partis politiques qui ont des liens avec les groupes armés ne doivent pas participer au gouvernement.

A Brazzaville Wilfried Maurice SEBIRO pour Centrafrique Libre
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