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Martin Ziguélé se livre sans tabou aux plumes de RCA
Publié le mercredi 16 septembre 2015  |  Les Plumes de RCA
Martin
© Autre presse par DR
Martin Ziguélé, ancien premier ministre de Patassé et président du MLPC
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« Le rôle du Chef, et c’est ce que je ferai si les Centrafricains me font confiance, est de se donner les moyens nécessaires pour faire respecter absolument la loi par tous dans le pays… » Dixit Martin ZIGUÉLÉ président du MLPC et candidat aux prochaines élections présidentielles

Propos recueillis par Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

A quelques mois des élections groupées de 2015, la Centrafrique fait toujours face à une escalade de violence, au point que le commun des mortels doute aujourd’hui du respect de l’actuel calendrier électoral.
Aussi, les sujets polémiques ou qui divisent les centrafricains ne manquent pas. D’ailleurs ces derniers temps, on entend des voix s’élever contre la création du futur Sénat et l’on se demande ce que sera la Centrafrique de demain. Avec la tenue des futures élections, l’espoir est certainement permis. Puisque notre site, Les plumes de RCA « LPRCA » a décidé de placer le gril de la transparence médiatique sur chacun des candidats à la magistrature suprême dans notre pays, nous espérons qu’à travers ce lampadaire de la raison critique, chaque potentiel locataire du Palais de la Renaissance pourra convaincre les électeurs sur sa vision d’une nouvelle Centrafrique permettant la communauté de vie et de destin de tous les Centrafricains sans exception. C’est dans cette optique que nous vous tendons aujourd’hui le micro du peuple de la même manière que nous l’avions fait il y’a quelques jours à certains de vos concurrents.

LPRCA : Monsieur Martin Ziguélé (MZ) Bonjour

MZ : Bonjour et je salue également vos lecteurs et lectrices.

LPRCA : La Centrafrique fait face aujourd’hui à une recrudescence de violences un peu partout. La vie des centrafricains n’a visiblement aucune importance pour les trublions qui n’hésitent pas à commettre ce qu’il convient d’appeler des actes terroristes. Ces derniers temps, à Bangui et en province, il y’a eu des milliers de morts et de blessés. Nous entendons également plusieurs bruits de bottes dans l’arrière-pays. En dépit du récent forum de la paix qui s’est tenu à Bangui, les choses vont toujours de mal en pis. Monsieur Martin Ziguélé quelles lectures faites-vous de la situation actuelle ?

MZ : Le constat est en effet amer. L’espoir suscité par les différents accords de paix est rituellement suivi de pics de violences qui endeuillent cruellement notre pays. Après le Forum de Brazzaville, les lendemains furent difficiles en dépit de la signature de l’Accord dit de Brazzaville par les protagonistes de notre crise. Plus récemment encore, à la sortie du Forum National de Bangui, nous revivons la même situation malgré la signature en grande pompe de l’Accord de Paix et de DDR, qui prévoyait un délai d’un mois pour le désarmement volontaire, à l’issue duquel ce désarmement deviendrait forcé. Jusqu’ici, cela n’a pas fonctionné sans qu’on nous en explique les causes.
Bien évidemment, quand les mêmes causes produisent les mêmes effets à des périodes différentes, cela signifie objectivement que les processus mis en œuvre par ces différents accords comportent des insuffisances sur les plans des moyens politiques, diplomatiques, matériels et militaires nécessaires à leur respect et surtout à leur application. Il ne faut pas annoncer ce qu’on ne peut pas tenir car l’espoir suscité peut se transformer en défiance, puis en colère.
Il faut ajouter à cela la question de la représentativité sinon de la crédibilité des protagonistes lorsqu’on observe ces différentes scissiparités qui précèdent ou suivent rituellement la signature de ces Accords. Si vous ajoutez à cela l’absence de sanctions en cas de violation délibérée de ces Accords, les blocages actuels s’expliquent objectivement… !

LPRCA : Pensez-vous que la multiplication des dialogues directs entre les autorités de Bangui, les belligérants de la crise et toutes les forces vives de la nation favoriserait une issue apaisée à ce regain de tension ? Où il faut une application pure et simple de la résolution 2149 de l’ONU imposant le désarmement de gré ou de force.

MZ : Je comprends le doute de nos compatriotes devant tous ces fora dans lesquels ils fondent des espoirs mais qui finissent par des lendemains plus difficiles. Cela peut inciter au découragement. Cependant il ne faut pas perdre de vue que dans toute situation de crise, il est impératif que le dialogue soit systématiquement tenté afin de créer le consensus et l’adhésion nécessaires à une sortie apaisée de cette crise. On ne peut pas dans son principe affirmer que le dialogue est superfétatoire.
Cependant, comme je le disais tantôt, force est de constater que cette politique de dialogue comporte naturellement des limites lorsque certains acteurs ne manifestent pas ou peu la volonté d’aller à la paix ou « font jouer la montre » comme on dit couramment. Personne ne conteste aujourd’hui la nécessité d’avancer de manière critique dans le processus de pacification du pays, notamment par l’application des résolutions pertinentes des Nations Unies sur notre pays, et en se donnant les moyens de lancer effectivement le processus de désarmement. Chaque fois que des incidents violents et sanglants surviennent comme à Bambari, à Batangafo ou ailleurs, les populations en détresse s’interrogent sur la pertinence de ce qui se fait actuellement. Soyons clairs: beaucoup de progrès a été accompli notamment par les forces internationales pour la paix et la sécurité dans notre pays et nous devons le reconnaître et les remercier, mais c’est justement ce progrès indéniable qui rend insupportables pour l’opinion, les irruptions des violences provoquées par des groupes armés.

LPRCA : La création d’un Sénat figure dans le projet de la future constitution centrafricaine. Cela défraie la chronique et fait la « une » des médias nationaux et internationaux. Vous aviez eu l’opportunité par le passé de conduire un gouvernement et vous connaissez la santé financière du pays. Avec tous les défis qui s’imposent à la Centrafrique, pensez-vous que la création d’un sénat en ces temps de crise constitue une offre politique adaptée ?

MZ: D’abord, je voudrais relever de manière anecdotique que tout le monde parle d’un sénat budgétivore alors même que le nombre de sénateurs n’est pas encore arrêté, et donc son budget non déterminable.
Sur le fond, mon parti soutient et salue l’idée de création d’un Sénat pour une raison très simple: à l’occasion de la crise actuelle et devant l’effondrement de notre administration civile et sécuritaire, nous avons tous fait le constat de l’absence de relais fiables à la base entre les populations et le pouvoir central. Nous avons vu qu’en l’absence d’autorités de « terrain » ni d’autorités traditionnelles, recours a dû être fait aux autorités religieuses-et j’en profite pour les féliciter et les remercier- afin de garder la flamme vacillante et « recoller les morceaux » d’une nation déchirée. Je pense que les institutions doivent être des réponses pérennes à notre vivre- ensemble, et le Sénat en tant que chambre haute issue des collectivités locales peut et doit jouer ce rôle.

LPRCA : Nombreux sont ceux qui pensent que ce Sénat sera purement et simplement une « maison de retraite dorée » de tous les anciens présidents, anciens premiers ministres, anciens ministres, anciens députés et autres dignitaires centrafricains. Que dites-vous de cela ?

MZ: Un sénat est composé d’élus locaux et comme nous n’avons pas pu organiser et mener à leur terme des élections locales depuis notre indépendance, ce sera un renouveau démocratique que d’avoir des maires et des conseillers régionaux élus, qui seront éligibles à ce Sénat. Je ne vois donc pas comment ce Sénat pourrait être une maison de retraite dorée pour des anciens dignitaires. Je pense que cette critique, au-delà de son aspect passionné, révèle plutôt une connaissance imparfaite de cette institution.
Par contre, je pense que cette institution doit faire l’objet dans la future constitution d’un délai de mise en place plus long puisqu’il faut d’abord organiser des élections locales.

LPRCA : Vous serez candidat cette année pour la troisième fois consécutive et vous semblez disposez une nouvelle offre politique qui se résume à votre slogan des trois « R ». Pourriez-vous nous parler brièvement de cette technique d’approche ?

MZ : C’est vrai que mon parti me présente aux élections présidentielles pour la troisième fois cette année, et j’espère que comme pour François Mitterrand cette troisième fois sera la bonne. Plus sérieusement, les 3 « R » est une offre politique tirée de la vision que le MLPC et moi-même avons de l’avenir de notre pays.
En effet tout le monde sait que le MLPC est le seul parti politique parvenu au pouvoir par les urnes dans notre pays depuis notre indépendance. Même si la gestion de cette victoire démocratique relève de l’Histoire, il faut reconnaitre que cela confère une expérience de la gestion de la chose publique. Dans ce cadre, quand j’étais Premier ministre j’avais effectué une longue tournée par route dans toutes les préfectures de la moitié ouest de notre pays et dans la Ouaka pour connaitre in situ les problèmes de notre pays et de nos populations. De même, comme Président du MLPC, j’ai sillonné de 2007 à 2011 toute la RCA par route d’est en ouest et du nord au sud. Je peux affirmer que je connais de l’intérieur, la RCA profonde.
Certes, avec cette crise, le pays a changé mais en pire. Devant la détresse générale, nous avons pensé au MLPC que le seul programme politique centrafricain qui vaille doit se définir autour de ce triptyque: Réconciliation, Rassemblement et Reconstruction. C’est un concept qui exalte la restauration du bien vivre-ensemble, de l’unité nationale mise à mal par les velléités de partition et la dilution des frustrations inhérentes à la paupérisation ambiante.
Pourquoi la Réconciliation ? Lorsqu’on a vécu et connu les déchainements de haine et de violences de ces trois dernières années, il est évident que ce qu’il nous faut d’abord et avant tout en Centrafrique c’est la Réconciliation, sans laquelle rien, nulle part, ne peut se construire.
Ensuite, le Rassemblement doit être notre leitmotiv car ce pays est victime de reflexes communautaristes divers, ethniques et confessionnels, qui ont été instrumentalisés. Pour cela, il faut donc nous rassembler autour des valeurs de la République : les Centrafricains doivent se considérer d’abord comme des citoyens égaux en droit et en devoir, nonobstant toute autre considération.
Enfin, le pays est économiquement effondré et il nous faut nous atteler sans fioritures à sa Reconstruction. Nous devons entreprendre des réformes drastiques, douloureuses et déterminées pour redresser notre pays. Pour cela, nous devons travailler avec opiniâtreté et honnêteté pour développer note pays sur tous les plans car la misère et la captation illicite des ressources publiques, ont constitué le lit de l’instabilité en RCA. J’ai déjà, comme Premier Ministre, initié l’opération « mains propres » que je ne peux qu’amplifier demain.

LPRCA : On sent une certaine adversité qui ne dit pas son nom entre vous et l’ancien président Bozizé. Comment parviendrez-vous à réussir le rassemblement et la réconciliation entre vous et Bozizé et par ricochet entre vos militants respectifs ?

MZ : C’est le Président Ange Félix Patassé qui m’a présenté le Général Bozizé en 1979. Nos relations ont toujours été bonnes et quand il était Chef d’Etat-Major général des Armées et moi-même Premier Ministre ces relations étaient excellentes. Lorsqu’il a eu des problèmes avec le Président Patassé en novembre 2001, j’étais le seul responsable gouvernemental à demander ouvertement au Président Patassé son retour au pays et sa réhabilitation.
Quand il a pris le pouvoir le 15 mars 2003, j’étais en fonction et je me suis réfugié à l’Ambassade de France dans l’intention d’en sortir après le calme pour me mettre au service de mon pays car je suis fonctionnaire du Ministère des finances. Mais j’ai dû m’exiler en France parce que son entourage a réussi à le convaincre de me poursuivre en justice pour au moins quatorze chefs d’accusation. L’éventail des accusations allait de prétendus détournements de deniers publics à d’imaginaires complicités de l’arrivée des banyamulenge en RCA. Le Tribunal de Grande instance de Bangui a prononcé un non-lieu en ma faveur mais le gouvernement de l’époque a immédiatement interjeté appel de cette décision. Les enquêtes ont repris à zéro et tous mes anciens collaborateurs civils et militaires ont été entendus dans le cadre de l’instruction en appel. En novembre 2004, la Chambre Criminelle de la Cour d’Appel de Bangui a confirmé le non-lieu et m’a totalement blanchi de ces accusations fantaisistes. Si vous le souhaitez, je tiens à votre disposition et à celle de vos lecteurs les copies de ces deux jugements.
Après l’épisode judiciaire je suis rentré au pays pour participer aux élections de mars 2005. Après ma défaite au second tour, j’ai appelé le général François Bozizé pour le féliciter et j’ai participé à son investiture malgré l’opposition de mes camarades du Parti. Je l’ai assuré de ma disponibilité à l’aider mais sans participer au gouvernement car je ne voulais pas et ne veux pas de mélange des genres. Je ne pense pas qu’on peut à la fois être dans l’opposition et au Gouvernement.
Mais dès 2006 son entourage a commencé à le dresser contre moi sous des prétextes divers et variés. J’étais régulièrement accusé, convoqué au tribunal ou devant le Premier Ministre pour des accusations de préparation de coups d’Etat ou de distribution d’armes. Il refusait obstinément de me recevoir pour me justifier. Son entourage qui était absolument irresponsable l’a donc dressé contre moi sans raisons fondées. C’est pour cela que je vous affirme que je n’ai rien contre lui ni contre ses militants, et surtout je ne lui en veux absolument pas. Demain l’histoire et Dieu jugeront.
S’agissant de ses militants, ils sont des filles et des fils de ce pays, et donc mes frères et sœurs. Le MLPC prône depuis toujours la Réconciliation et le Rassemblement. Je n’oublie pas que le MLPC est aussi le fruit de leurs propres combats depuis 1979 et qu’ils sont pour beaucoup d’entre eux, les artisans de notre victoire en 1993 et en 1999. Notre Parti et nos cœurs sont ouverts à tous. Que personne n’ait crainte !

LPRCA : Le vivre ensemble, la justice sociale et la bonne gouvernance sont autant de défis qui s’imposeront aux prochaines autorités de Bangui. Vu la gravité et l’urgence de la situation, que proposez-vous concrètement comme palliatif face à ces véritables défis de société ?

MZ: Lorsqu’un navire est en haute mer ou qu’un avion est dans le ciel, on se demande comment il s’oriente dans ce vide sidéral. Pourtant, il arrive à destination parce qu’il dispose d’une boussole et qu’il suit un plan de vol. Notre boussole, c’est la Constitution centrafricaine, et notre plan de vol ce sont les lois et règlements de la République.
Le rôle du Chef, et c’est ce que je ferai si les Centrafricains me font confiance, est de se donner les moyens nécessaires pour faire respecter absolument la loi par tous dans le pays. Un chef doit rester ferme sur les principes légaux et réglementaires, et veiller à ce que force reste toujours à la loi. Je veillerai au respect de l’intérêt général. C’est la seule condition d’un vivre-ensemble harmonieux, de la justice sociale et de la bonne gouvernance. Tout le monde sait que nos deux principaux ennemis sont l’incivisme et l’impunité. Je n’accepterai pas le désordre.

LPRCA : Si vous accédez au pouvoir, que feriez-vous durant vos 100 premiers jours ?

MZ : Si les centrafricains me font confiance, mes premières actions correspondront à leurs principales préoccupations: la paix et le pain. En effet dès après la mise en place d’un gouvernement représentatif de la diversité centrafricaine, dirigé par un Premier ministre convaincu de la nécessité et de l’urgence de réformes drastiques dans tous les secteurs, nos actions se focaliseront les cent premiers jours sur les points suivants :

La remise en route efficace de l’administration dans son ensemble, avec un accent particulier sur la remontée en puissance des Forces de Défense et de Sécurité dans tout le pays dans le cadre de la réforme du Secteur de sécurité et du DDRR ;
La relance rapide des filières agricoles comme celles du coton et du café, de fait abandonnées, ainsi que la réhabilitation des pistes et routes en milieu rural ;
La reprise en mains des finances publiques ;
La fourniture immédiate des services sociaux de base et la facilitation de l’accès aux facteurs de production (eau, électricité, téléphone, transports, postes, etc.)
LPRCA : Sur un échantillon de 15 000 étudiants, seuls 2000 sont boursiers. La grande majorité des étudiants abandonnent les études faute de soutiens scolaires. Aviez-vous dans votre valise politique une solution idoine pour lutter contre le décrochage scolaire ?

MZ : Je suis un produit de l’Université de Bangui et j’en suis fier. En 1975 nous étions 200 étudiants et tous boursiers. Aujourd’hui, l’Université de Bangui a 15 000 étudiants, dont 2000 sont boursiers. Cette déplorable situation est la conséquence de l’état général de notre pays. Je pense qu’il faut créer d’autres centres universitaires en régions et ne réserver l’Université de Bangui que pour les Masters et les doctorats. Des efforts pourraient alors être faits pour la qualité de l’enseignement et aussi les conditions de vie des étudiants.
Pour lutter contre le décrochage scolaire, beaucoup d’actions doivent être conjuguées. Elles vont de la revalorisation des enseignants au respect des calendriers scolaires en passant par une adaptation de la formation aux possibilités d’emplois.

LPRCA : L’injustice sociale a occasionné le déferlement de la coalition séléka sur Bangui. Il se pourrait que les victimes de « Tongo Tongo » (LRA de Joseph Kony) en fassent autant d’ici demain. Puisque, gouverner c’est prévoir, que préconisez-vous si jamais vous deveniez le prochain président centrafricain ?

MZ : Chaque crise a sa genèse et pour notre pays vous avez raison d’affirmer que celle que nous visons est née de l’injustice sociale. Je vous compèterai en ajoutant que notre crise est globalement née de la mauvaise gouvernance. Gouverner c’est prévoir et tout gouvernement doit pouvoir anticiper les crises.
Notre premier problème structurant est que nous devons donner des réponses républicaines à la question de la citoyenneté. Nous devons faire en sorte que la citoyenneté soit affirmée au-delà et en dehors des particularismes régionaux, ethniques et confessionnels, afin que tous les citoyens soient égaux en droits et en devoirs. C’est cela la République.
Ensuite ce pays a été construit sur l’improvisation : nous devons avoir une « programmation » pour ne pas dire une « planification » de notre développement, une vision stratégique partagée de la RCA sur 15 ou 20 ans pour que nos compatriotes sachent où nous allons et quel sera notre futur partagé.
Enfin il faut changer nos méthodes de travail et d’action : le gouvernement et l’administration doivent fonctionner selon des procédures écrites et avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs définis, afin de pouvoir être audités. Naturellement, toutes les formes de corruption et de laxisme doivent être combattues.
C’est à la qualité des services fournis aux citoyens sur les plans de la sécurité et du bien-être que tiendra le contrat social qui garantira la paix et l’ordre.

LPRCA :LPRCA : Dans le passé, certaines progénitures et autres parents des anciens présidents et dignitaires centrafricains, ont eu des comportements inadmissibles voire irrespectueux envers le peuple. Partant de ce constat, Les plumes de RCA a décidé de braquer son radar sur les familles des candidats. On raconte par-ci et par-là que votre épouse est le socle de votre engagement. A ce titre, quel rôle joue-t-elle auprès de vous aujourd’hui et dans votre campagne ?

MZ : Ma femme est une militante de longue date du MLPC comme moi, loyale et respectueuse de la hiérarchie du Parti. Elle me soutient et me suit dans tous les combats politiques au sein du Parti, en militante. Elle est conseillère de la Fédération Europe du Parti grâce à la confiance de ses camarades, et aujourd’hui au pays elle est conseillère du mouvement des femmes du Parti, le MLFC (Mouvement de Libération de la Femme Centrafricaine). Elle poursuit son engagement en s’occupant dans la mesure de nos maigres moyens, des minorités de notre pays notamment des pygmées. Je pense que le niveau de conscience politique de chacun détermine aussi son comportement républicain et citoyen. Il n’y a pas de crainte parce que ma femme et mes enfants sont des militants comme les autres militants du MLPC et j’y veille.

LPRCA : Quel rôle jouera-t-elle comme Première Dame si vous accédez à la magistrature suprême ? Et quelles actions comptera-t-elle mener ?

MZ : Si le peuple me fait confiance, elle doit continuer à s’occuper des franges de notre peuple les moins médiatisées mais les plus exposées aux souffrances. Je pense aux minorités de notre pays. Naturellement elle devra aussi se mettre à la disposition des femmes dans leurs combats de tous les jours.

LPRCA : Qu’en sera-t-il de vos enfants et autres membres de votre famille ? Devons-nous craindre qu’une fois au pouvoir, eux aussi contracteront le « virus » des enfants et parents des présidents centrafricains ? Nous voulons parler de la propension des proches des présidents centrafricains à s’arroger certaines prérogatives au mépris des règles de l’état de droit et l’interférence dans la gestion de la chose publique. Seront-ils des centrafricains avec les droits et devoirs que les autres, notamment le respect des institutions ? Respecteront-ils le peuple ? Donneront-ils l’exemple ?

MZ : Si vous me connaissez un peu vous n’auriez pas ces inquiétudes. Je suis un fils de gendarme, qui a vécu les premières années de sa vie dans les casernes de gendarmerie, puis je suis entré à l’âge de 11 ans au Petit Séminaire Saint-Jean de Bossangoa, dirigé par des pères capucins. Je suis ensuite entré en seconde au Lycée d’Etat des Rapides où j’ai vécu en internat jusqu’en terminale avec des collègues comme Honoré Nzessioué, Joseph Agbo, Marmier Dédé Patrick, Mboe Gervais, Kalambani Fulbert et d’autres encore. Je n’ai donc pas découvert la discipline sur le tard. J’ai dit à mes enfants que le seul héritage que je peux leur laisser ne sera ni l’or ni l’argent, parce que tout cela se dilapide facilement. Je leur ai toujours dit que la seule richesse que je tente de leur transmettre par l’éducation est le respect qu’ils doivent à l’Autre.

LPRCA : Votre dernier mot svp

MZ : J’ai toujours l’habitude de rappeler à nos compatriotes cette phrase célèbre de Sylvanus Olympio « quelle que soit la longueur de la nuit le jour se lève toujours ». Je suis un militant politique et je sais que l’histoire d’un pays n’est jamais un long fleuve tranquille. Le rôle du militant est de garder et de rallumer l’espoir, pour que la RCA réconciliée et rassemblée puisse se reconstruire pour le bien de doutes ses filles et de tous ses fils sans exclusive ni exclusion.
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