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Les amis de la RCA lèvent le tabou sur ses ressources naturelles
Publié le lundi 21 septembre 2015  |  Centrafrique Libre
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Les Ressources naturelles de la RCA Parlons-en !était le thème d’une conférence -débat organisée par l’association «Les Amis de la République centrafricaine » dans la salle de la Maison des associations,située dans le18 è arrondissement de Paris. Cinq orateurs centrafricains et un français étaient les vedettes de cette rencontre.

Accueillis par Me Michel Langa, avocat au barreau de Paris et président de ladite association, les participants ont été invités à leur arrivée à assister à une exposition des objets d’art centrafricains prêtés par les associations Bangui Sans frontières de feue Mme Clémentine Crozon Cazin et l’As de cœur de Mme Nelly Gouandjia.

C’était à 12h30 que les choses sérieuses avaient commencé. Ouvrant le bal des intervenants, le professeur Philippe Hugon a rappelé que le sous-sol centrafricain est loin d’être pauvre et qu’il recèle des quantités non négligeables de diamant, d’or, d’uranium, de fer, voire des richesses pétrolières prometteuses et une terre fertile pour la pratique des cultures de rente.

La RCA n’arrive pas mettre en valeur ses ressources minières en dehors des exportations du bois,du diamant et de l’or qui ne sont exploités que de manière artisanale et de la pratique à petite échelle de la culture du café et du coton . Aujourd’hui l’or et le diamant qui sont les principaux produits d’exploitation de ce pays sont entre les mains des milices, subissent la contrebande et ne profitent pas aux populations locales. Ainsi, en dépit de ce fort potentiel, le pays a par exemple exporté en 2012 pour seulement 200 millions de dollars ce qui est insignifiant pour son développement.

Fort de ces lacunes qui empêchent le développement de la RCA, le professeur Hugon Philippe propose une solution juridique qui permettra de lutter contre les contrats léonins, une amélioration du climat des affaires pour décomplexer les relations houleuses entre l’État et les compagnies, une transparence qui doit obliger les entreprises à publier les taxes qu’elles paient à l’État afin de lutter contre la corruption. Le professeur propose également la mise en place d’un fond de co-gestion et propose qu’il soit co-géré entre les nationaux et les partenaires internationaux en vue de mettre en valeur les ressources naturelles centrafricaines.

Cette brillante intervention n’a pas laissé les participants insensibles. C’est ainsi que M. Bissengué a déclaré que la RCA est certes un pays immensément riche, mais la solution de la co-gestion qui n’est pas une mauvaise idée ne peut pas être mise place s’il n’y a pas un État de droit. Il faut d’abord résoudre le problème des crises répétitives et cycliques qui frappent ce pays. «Pour cogérer, il faut que la RCA existe d’abord » a-t-il déclaré.

Pour le professeur Lamessi plusieurs facteurs sont la cause du malheur des centrafricains : Le déficit criant en matière de leaderships et des ressources humaines, la situation géographique des sites du pétrole, c’est notamment le cas du site de Doba situé entre la RCA et le Tchad. Et pourtant c’est le pays de Déby qui en profite actuellement . «Le pétrole centrafricain devrait être exploité en 2013 mais d’après des preuves scientifiques, cette exploitation allait avoir des conséquences sur le pétrole tchadien qui est exploité à Doba qui a un versant en Centrafrique ». a tempéré l’ancien professeur de l’université de Bangui.

Autres contributions de M. Lamessi, la porosité des frontières centrafricaines et les identités des mercenaires qui appuient les bandes armées dans les zones de Boromata et Gordil. Souvent originaires du Soudan et du Tchad, ces derniers représentent un danger permanent pour les intérêts des centrafricains situés dans ces contrées lointaines que l’État a oubliées depuis des années. Il craint que ces étrangers finissent un jour par s’approprier des nombreuses richesses qui se trouvent dans ces endroits.

Le professeur Lamessi a également pointé du doigt les accords coloniaux de 1960 qui nous « lient les mains » d’après ces propres termes. Il souhaite une révision de ces accords afin de permettre aux centrafricains de se réapproprier de leurs ressources naturelles.

Le candidat de l’Union de la Gauche présidentielle centrafricaine Joseph Yaketé a quant à lui insisté sur le renouvellement de la classe politique et la promotion des jeunes dont ceux des diasporas qui sont pour lui, une chance et une quantité suffisante de ressources humaines pour la gestion et l’exploitation des ressources naturelles de son pays.

Pour finir, JY plaide pour un État de droit « S’il n’y a pas un État de droit qui oblige ou qui ne privilégie pas les intérêts de la nation, nous nous retrouverons dans une situation où on semble manquer de ressources ».

Le directeur de publication de Centrafrique Libre Wilfried Maurice SEBIRO s’est réjoui que les langues se soient déliées sur les ressources minières centrafricaines à travers ce débat et regrette que les politiciens et candidats à la présidentielle centrafricaine ne répondent pas à leurs homologues français, notamment le président François Hollande qui déclara avant l’arrivée des Sangaris, que la France allait intervenir en Centrafrique un pays pauvre parmi les pauvres.

Le professeur Jean François Akandji Kombé est catégorique. Il souhaite une rupture dans la gestion des ressources naturelles centrafricaines et l’invention d’un nouveau modèle de gouvernance. Selon JFAK, la RCA n’a jamais été un pays souverain depuis l’acquisition de son indépendance, il a enfoncé le clou en déclarant que les sociétés minières qui opèrent dans ce pays sont beaucoup souveraines que l’État centrafricain lui-même.

Monsieur Indo a apporté un éclaircissement sur la fermeture du site d’uranium d’Areva de Bakouma et justifie son inexploitation par le manque des infrastructures ferroviaires et maritimes. « Pour exploiter les mines d’uranium de Bakouma il faut construire un chemin de fer Bakouma-Douala ou Bakouma- Mombassa » a martelé M. Prosper Indo. L’uranium pour ce participant est seulement entretenu par la France à des fins stratégiques.

Autres ressources naturelles qui étaient à la une de ce débat, le bois. Prospère Indo encore lui, s’est insurgé sur la dernière attribution par le gouvernement, d’une concession forestière de 270 mille ha dans la préfecture de la Sangha Mbaéré au groupe français Rougier, alors que la charte de la transition recommande un passage obligatoire devant le parlement provisoire, le CNT avant une cession.

Les intervenants Akandji-Kombé,Alain Lamessi, Idriss Babanani et Cédric kénguéléwa ont mis en exergue les potentialités minières de la RCA et ont abondé dans le sens de la réappropriation par les centrafricains de leur terre et des richesses de leur sous-sol. Pour l’intervenant Jean François Akandji Kombé la RCA est tout simplement un scandale géologique qui est prouvé par 470 indices miniers repartis sur l’ensemble de son territoire.

Pour couper court aux adeptes de la partition qui pensent que le nord de la RCA est plus riche que le sud, le juriste qui revient fraîchement de Bangui après avoir pris part au forum pour la promotion du secteur privé a informé les participants sur la ruée de la jeunesse vers les mines d’or de Ndolobo au sud de Bangui la capitale. JFAK a ajouté que la RCA compte plusieurs forêts et 87millions de mètres cube de terre exploitables sans compter la surabondance de l’eau grâce aux fleuves et aux nombreuses rivières qui arrosent ce pays tropical. Fort de ces nombreuses richesses, il propose la réappropriation et la gestion responsable de ces atouts, pour marquer une rupture dans les gabegies qui sévissent dans ce pays.

« Avoir des ressources naturelles, ce n’est pas ce qui fera notre mérite, mais plutôt notre intelligence à se les réapproprier et à les gérer de façon responsable tout en garantissant les intérêts des générations futures. » A déclaré l’ingénieur centrafricain en informatique Idriss Babanani qui appelle à un changement de mentalités des acteurs centrafricains qui ont vocation à œuvrer pour l’avenir de leur pays.

Quant à Cédric kénguéloua, jeune juriste agricole, les cahiers de charges doivent être respectés par les concessions qui interviennent en Centrafrique et en cas de refus des clauses, l’État doit utiliser les moyens coercitifs pour réviser les contrats. Pour qu’il y ait transparence, l’État doit imposer des règles lors de la signature des contrats a-t-il assené.

Concluant Ces assises, le professeur Alpha Zento a remercié l’assistance et à toutefois regretté que les participants aient omis de parler des richesses fauniques centrafricaines. Notons que la RCA regorge de nombreux parcs zoologiques et possède plusieurs variétés de fauves qui faisaient d’elle un des meilleurs pays touristiques au monde.

Mme Hélène Boganda stenfort , et le représentant de l’ambassadeur de la RCA M. Baboula et M.Joseph Yaketé, candidat de la gauche pour la présidentielle centrafricaine qui étaient également présents à cette conférence, ont chanté comme le veut la tradition des « Amis de la RCA », l’hymne national lors de la clôture de cet évènement.

Il ne reste plus qu’aux centrafricains et leurs amis de tout faire pour participer aux prochains débats organisés par l’association « Les Amis de la République Centrafricaine » de Me Michel Langa pour parler sans tabou des problèmes qui minent le développement de leur pays.

A Paris,Wilfried Maurice SEBIRO
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