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A Paris des manifestants appellent tous les centrafricains á se réapproprier de leur destin
Publié le mercredi 7 octobre 2015  |  Centrafrique Libre
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© Autre presse par DR
A Paris des manifestants appellent tous les centrafricains á se réapproprier de leur destin
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Les centrafricains de la diaspora France et Europe ont massivement répondu à l’appel du Collectif des Leaders d’Opinions crée à la suite du massacre du 26 septembre. Plusieurs centrafricains de France et d’Europe ont honoré de leur présence à un grand rassemblement organisé le samedi 3 octobre sur la place de la République dans le 10è arrondissement de Paris.

Convoquée à la hâte après les évènements sanglants du 26 septembre, la manifestation a été décidée dans la foulée par le Collectif des Leaders d’Opinion qui vient d’être crée. Cet appel a tenu sa promesse. La grande place de la République n’a certes pas été inondée par une foule impressionnante comme c’est souvent le cas avec les ressortissants de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée Conakry, mais le contenu des messages livrés par les participants était suffisant pour comprendre l’incarnation d’une volonté commune de changement et de la réappropriation du destin du peuple centrafricain meurtri.

Loin des machinations politiciennes ou partisanes, les orateurs de ce grand rassemblement ont non seulement interpellé l’ONU, le président français François Hollande à travers son opération Sangaris, les autorités de la transition et la communauté internationale qui sont tous passés à côté des principaux objectifs de la transition qui sont: la sécurisation et la pacification du territoire, le désarmement des groupes armés, la réhabilitation de l’administration et l’organisation des élections

En se basant sur l’exemple du peuple Burkinabé dont le patriotisme et l’esprit de la solidarité autour d’une seule nation ont prévalu sur la haine et la division, le Collectif des Leaders de l’Opinion veut désormais s’affirmer pour sauver ce qui reste de la RCA . Ils veulent ainsi pallier les carences et surtout l’inertie de la classe politique centrafricaine qui sous-traite les questions de leur cité aux étrangers, notamment la France, pour leurs intérêts égoïstes.

Ainsi, Mme Rosalie a été catégorique en lançant cette alerte « On a laissé ce combat à d’autres personnes, il est temps qu’on se réapproprie de notre destin. Nous sommes désormais engagés car si on ne fait pas attention, on va perdre notre pays ».

En effet la RCA n’a rien à envier à la France ou à n’importe quel pays au monde grâce à ses immenses potentialités. Elle ne souffre que de l’absence du patriotisme de ses dirigeants. Le premier orateur de cette manifestation, l’ancien député Salomon Kotro a appellé les centrafricains à reprendre en mains la destinée de leur pays en ces termes «Hier, nous avions la propriété de notre pays, aujourd’hui il est entre les mains des étrangers, nous ne pouvons plus rester les bras croisés, ne pensez pas que la solution va venir de la France ou des Nations Unies. Notre mouvement est en marche, notre conscience devrait nous interpeller, car au moment où nous buvons la bière ici, les centrafricains sont en train de se faire tuer. Nos vieillards sont abandonnés dans les villages après la fuite de leurs garçons, nos filles, nos sœurs, nos mamans sont violées au quotidien. La solution de notre pays c’est toi, c’est moi, c’est nous tous qui sommes là aujourd’hui, le gouvernement a failli, les acteurs de la transition et la communauté internationale ont tous failli, c’est une grande aventure qui commence, nous devons nous unir pour réussir cette marche.»

Madame Josiane Sandabouih qui est spécialement venue de la ville de Tours située à 250 km de Paris pour manifester s’est interrogée sur le patriotisme des centrafricains «Est ce qu’on aime vraiment la RCA ? ». Pour cette militante des droits de l’homme qui est debout depuis l’avènement des sanguinaires de la Séléka, les centrafricains n’ont pas le cœur de s’aimer entre eux.

Elle a également souligné le manque du respect du principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut qui pousse aujourd’hui les autorités centrafricaines à nommer des vendeurs de thé ou des chefs de guerre ministre. Mme Sondabouih s’est également insurgée contre l’amalgame et les aberrations qui ont poussé les dirigeants à confondre les différents rôles des forces de défense intérieures centrafricaines. Pour cette dernière un gendarme ou un policier ne peut pas assumer la fonction d’un militaire.

C’est ainsi que plusieurs orateurs ont souhaité le retour immédiat et le réarmement des Forces Armées Centrafricaines écartées depuis le début du processus de la transition. Selon la gréviste de la faim Denise Yakazangba, la RCA est victime d’un complot international car elle ne comprend pas que tous les pays du monde aient des forces armées à l’exception de son pays.

Olivia une jeune centrafricaine venue de l’Allemagne avec sa petite famille est intransigeante sur le retour des FACA : «J’appelle les forces d’occupation qui passent leur temps dans les restaurants ou qui violent nos sœurs de s’occuper des missions du désarment et de la pacification de mon pays qui leur ont été assignées. Nous voulons le réarmement de nos FACA, car nos militaires connaissent mieux le terrain que quiconque. Ils ont fait leurs preuves en faisant du porte à porte, pour rechercher les armes en fouillant les plafonds et les placards de toutes les maisons à Bangui après les premières mutineries ».

Prenant la parole à son tour, le très actif président du mouvement Correct et un des principaux instigateurs du Collectif du 11 mai pour la paix en Centrafrique qui a fini par déboucher sur le départ du sanguinaire Djotodia, M. Maxime Nana a plaidé pour l’intensification et la perpétuation des actions de tous les centrafricains épris de paix. «Je veux que la RCA soit un pays d’action, et non un pays de réaction. La solution réside en nous. Les français sont en RCA depuis des années, qu’est- ce qu’ils ont fait, que font-ils chez nous ? C’est à nous, c’est à la transition de donner le tempo ».

«Le temps de demain est à nous. Il dépend de nous» a déclaré le chroniqueur de la télévision Africa 24, le professeur Jean François Akandji kombé qui ne quitte plus l’espace médiatico-politique centrafricain de ces derniers mois. Sans doute JFAK à travers cette citation a voulu inviter les centrafricains de bon sens à se mobiliser aujourd’hui pour reprendre en mains les affaires de leur cité actuellement aux mains des étrangers, sinon leur pays est voué à un avenir sombre. Et comme la solution de la crise centrafricaine ne dépend que des nouveaux acteurs, le Collectif des leaders d’Opinion et la jeunesse qui est sortie dans la rue à Bangui pour réclamer la démission des autorités de la transition doivent se référer à la citation de maître Eckhart «Le savoir associé à la détermination d’un acte de militantisme est incontestablement ce qu’il y a de plus efficace pour obtenir les droits d’un peuple ». En gros, ils doivent mouiller leurs maillots et appliquer le principe selon lequel le pouvoir ne se donne pas mais s’arrache.

C’est d’ailleurs ce que recommande la sagesse : les centrafricains doivent s’en tenir aux désirs naturels et aux bonheurs de leurs peuples en se convainquant que la minorité de leurs compatriotes qui sont les valets des occidentaux et qui se considèrent comme des Dieux ne sont pas à craindre et ne méritent pas de respect. D’où la nécessité de s’installer dans une lutte pacifique et quotidienne avec toutes les forces vives de la nation à travers les meetings, les débats, les manifestations et les marches de revendications qui font cruellement défaut à ce pays

Wilfried Maurice SEBIRO
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