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Miriya Centrafrique : Le symbole d’une Afrique malade de ses dirigeants
Publié le jeudi 24 juillet 2014  |  Le quotidien
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La Centrafrique est la caricature des déchirements ethnique et religieux en Afrique. On peut y mourir tout simplement en raison de son appartenance religieuse, ethnique ou régionale. Après avoir atteint le fond avec les nombreux massacres liés à la guerre, le pays tente de se relever. Mais ce sera très difficile pour lui de retrouver un semblant d’unité, tant les ressentiments sont profonds entre communautés du Nord et du Sud. L’illustration de cette crise de confiance entre des populations d’un même pays, c’est la proposition faite par la Séléka, en pleines négociations de paix à Brazzaville, de diviser le pays. Aussi absurde soit-elle, cette idée a au moins le mérite de la clarté. Car en réalité, le pays est de fait divisé en deux entités, le Nord musulman et le Sud chrétien. L’interminable exode d’une partie de la population vers le Nord, chassée par les anti-balaka, consacre de fait la partition du pays. Mais officiellement, personne ne veut accepter un tel état de fait. Surtout pas les pays voisins, qui craignent de voir naitre chez eux des velléités de sécession. L’unité, même factice, de la RCA est préférable à une scission. Un tel scénario serait un échec pour tous les acteurs sur le terrain qui tentent de recoller les morceaux d’un Etat et d’une nation en lambeaux. Mais la RCA, même si elle a une seule frontière, n’est-elle pas divisée en deux, dans l’esprit des populations ? Comme partout en Afrique subsaharienne, les graines de la division et la haine semées dans les esprits des populations ont fait leurs effets en Centrafrique. Et les responsables d’une telle manipulation des populations ne sont autres que les hommes politiques.
C’est en effet la faute aux politiques si le pays en est à cette situation où la séléka demande carrément la partition du pays. C’est vrai que ce groupe rebelle n’est pas blanc comme neige, puisqu’elle a aussi les mains tachées de sang. Sa sortie peut aussi participer d’une stratégie de négociation afin d’amener les médiateurs et les autres participants à prendre en compte ses revendications. Mais au-delà d’un simple coup de gueule ou d’une surenchère, la proposition de la séléka est le reflet d’un mal profond qui mine la Centrafrique et dont la rébellion nordiste n’est que l’émanation. En effet, les dirigeants successifs qui ont présidé aux destinées du pays n’ont rien fait pour forger un Etat-nation. Ils sont coupables de n’avoir eu comme règle que de diriger avec un clan, de n’avoir eu pour tout programme politique que l’ascension de leur ethnie et l’écrasement des autres. C’est à force d’être ainsi malmenée que la RCA est tombée aussi bas. Malheureusement, cette gestion clanique du pouvoir est le propre de toute l’Afrique, à l’exception de quelques pays. Chaque dirigeant fonde d’abord son pouvoir sur les gens de son ethnie, sa tribu ou sa région. Dans nos pays, la conquête et la gestion du pouvoir se font sur des bases claniques, au propre comme au figuré. Les fonctions dans la haute administration et dans l’armée sont prioritairement destinées aux parents et amis du président. Elu au nom du peuple, il devient le président de son proche entourage. Pas question de travailler avec toutes les compétences et pour tout le peuple, selon l’esprit et la lettre de la République. Résultat, on assiste à une fracture du pays, entre ceux à qui tout est permis et ceux à qui tout est dénié, entre les super-citoyens et les citoyens de seconde zone. Les nombreux conflits qui minent le continent sont généralement liés à cette mal gouvernance. Il faut donc changer le paradigme de la gouvernance politique en Afrique. Les dirigeants ne doivent pas avoir une conception clanique du pouvoir mais s’ouvrir à l’ensemble de leur peuple. Certains pères fondateurs, malgré leurs défauts, avaient cependant une qualité essentielle et l’intelligence de rassembler. Les Houphouët ont ainsi été visionnaires en travaillant pour la construction d’une véritable nation. La Côte d’Ivoire fut ainsi pendant longtemps un exemple d’intégration nationale et même sous-régionale. Ce n’est qu’à la mort du « Vieux » que ses successeurs, y compris ses héritiers politiques, ont réveillé les démons de la division ethnique. On en a vu les conséquences. L’avenir de l’Afrique passe donc par l’émergence d’Etats-nations solides et non par le repli identitaire entretenu de surcroît par des politiques assoiffés de pouvoir.
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