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Centrafrique: des élections avant la fin 2015, mais à quel risque?
Publié le lundi 2 novembre 2015  |  AFP
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© aBangui.com par Dr
Elections en Centrafrique
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C'est un peu l'histoire de l'oeuf et la poule: en Centrafrique, faut-il des élections pour arriver à la paix, ou attendre un retour à la sécurité pour faire les élections.

Après deux ans d'une transition chaotique et aujourd'hui à bout de souffle, la RCA est censée organiser d'ici la fin de l'année un référendum constitutionnel, et le 1er tour d'élections présidentielle et législatives. Objectif: mettre un terme formellement à la transition, et remettre enfin le pays sur les rails.

Ces échéances ont été plusieurs fois repoussées ces derniers mois, du fait de l'insécurité persistante dans le pays. Elles apparaissent une nouvelle fois menacées, après une vague soudaine de violences qui a éclaté fin septembre à Bangui entre miliciens anti-Balaka majoritairement chrétiens et groupes d'auto-défense musulmans. Et plusieurs poussées de fièvre cette semaine ont semblé sur le point d'embraser la capitale.

Lasse de l'interminable et déprimant feuilleton centrafricain, la communauté internationale, France en tête, pousse à ces élections, y voyant une étape nécessaire vers la sortie de crise.

"A un moment, il faut y aller. On avance en marchant, (...) Il y a un vrai risque sécuritaire à sans cesse retarder l'échéance", a réaffirmé ce week-end à Bangui la secrétaire d'Etat française au Développement et à la Francophonie, Annick Girardin. "Le taux d'inscription des électeurs démontre la volonté des Centrafricains d'aller aux urnes". Et "cela nous permettra ensuite de mieux mobiliser les bailleurs", a-t-elle plaidé.

Le référendum et le 1er tour des élections auront bien lieu "avant fin 2015", a voulu rassurer samedi, sous l'amicale mais évidente pression française, la présidente Catherine Samba-Panza. La "date précise reste à fixer" et le second tour, "réalisme" oblige, se déroulera début 2016, a-t-elle ajouté.

- des grenades au prix des bananes -

Car la dernière vague de violences est "très préoccupante", reconnaissent de concert les autorités centrafricaines et la partie française.

Selon elles, ces incidents relèvent d'une évidente tentative de destabilisation de la transition. Ils sont le fait "aussi bien" des anti-Balaka, que des Séléka, et de "certains politiques", accuse Mme Samba-Panza. "Ces agissements sont téléguidés par une poignée d'individus parfaitement identifiés", assure une source très au fait du dossier.

Chaque matin, on retrouve des cadavres abandonnés dans les quartiers, pour pousser à l'émeute et au cycle infernal des représailles entre communautés. Des anti-balaka, venus de leur fief de Boy-Rabe (quartier nord), à moto et leurs armes dans de petits sacs à dos, visent des musulmans isolés autour du PK-5, dernière enclave musulmane de la ville.

Ces miliciens sont pour la plupart des fidèles de l'ex-président François Bozizé, interdit de se représenter à la présidentielle. En face, des groupes d'auto-défense musulmans se livrent eux aussi à des exactions, avec une capacité de nuisance plus limitée.

Une question revient alors comme un leitmotiv chez les Banguissois: que font les forces internationales? Elles avaient déjà eu du retard à l'allumage pour intervenir fin septembre, à la plus grande joie des pillards. "La population est exaspérée", relève un observateur local. "Elle n'attend qu'une chose, que Sangaris et la Minusca montent en puissance pour neutraliser les fauteurs de troubles".

Il y a aussi la simple criminalité, hors de contrôle, et qui empoisonne de plus en plus le quotidien. "Vous ne pouvez plus sortir sans vous faire dépouiller, même en pleine journée", dénonce Evrard Bondade, de l'Observatoire centrafricain des droits de l'homme.

Les armes pullulent dans les quartiers, les grenades s'y vendent moins chers que les bananes, ironisent certains. Pour l'OCDH, comme pour d'autres organisations de la société civile, il est donc impératif de commencer à désarmer.

"Dans les conditions actuelles, nous aurons des élections précipitées et désorganisées, avec de nouvelles institutions mal élues. Ce qui nous mènera tout droit au chaos", prévient M. Bondade.

Sur le désarmement, resté lettre-morte, la transition, "a complètement déraillé", a d'ailleurs rappelé récemment le think-thank ICG, jugeant "que les échéances actuelles ne sont pas tenables".

"Il est désormais hors de question de reculer", tranche Mme Girardin. "Le volet financier des élections est bouclé. Pour le volet technique, les Centrafricains, avec notre appui et celui de l'ONU, seront au rendez-vous", affirme-elle, peut-être un peu vite vu l'ampleur du défi logistique.

"Le volet sécuritaire reste problèmatique", concède la ministre, qui ne cache pas au passage "quelques inquiétudes" pour la visite du pape François fin novembre. "Les forces internationales y travaillent et vont définir une stratégie affinée dans les 15 jours pour maîtriser l'insécurité", promet-elle.
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