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EDITO : Crise centrafricaine, fallait que ça explose !
Publié le samedi 14 novembre 2015  |  LNC
Crise
© Autre presse par DR
Crise centrafricaine, fallait que ça explose !
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ALINEPar Aline M’Pangba-Yamara
Rédactrice en chef de LNC
A l’évidence, comme pour les casse-têtes chinois, l’on ne peut les résoudre qu’en prenant le problème par le bon bout, en se défiant des évidences d’apparence. Ce qui est apparent est nécessairement trompeur.

Cela force donc les neurones à une réflexion préalable en amont, basée sur un large spectre de la connaissance de la problématique considérée et de ses implications intriguantes.
Ainsi en est-il du “Mal centrafricain”. Autre chose que les raccourcis des occidentaux alimentés par les sentences indiscutables de leurs “spécialistes” de l’Afrique, ne voyant le continent que de manière dichotomique, en plaquant leur ignorance du sujet sur des réalités bien plus profondes leur échappant.

En Centrafrique, nous serions dans une guerre confessionnelle ! FAUX !

Nous serions dans une guerre inter-communautaires ! FAUX !

C’est pourtant simple, le mal centrafricain n’est que le drame de la pauvreté. Le reste est subséquent et exploitation du drame et de la bêtise humaine, par des pyromanes aux agendas cachés, tirant les ficelles de derrière les rideaux.

DEMANTELEMENT D’UN CASSE TETE

Faille-t’il des élections là ou pas ? En vérité, là actuellement, tout de suite maintenant, c’est un faux problème.
Foncer tête baissée dans cette toute aussi fausse interrogation est une idiotie.
Qui veut des élections aussi rapides et “coûte que coûte” ?
Les mêmes qui une certaine année de 1979, très gaillardement avec un culot et un sans gêne très colonial déposaient le chef d’état d’un pays, censé être auto-déterminé.
La France s’est perdue dans la latérite centrafricaine, non complètement de sa faute, car elle ne présageait nullement de la tournure des évènements virant à la guerre civile très rapidement.

Une absence d’anticipation cruelle !
En plus clair, à une situation ayant dérapée jusqu’à l’incontrôlable, car une guerre civile ne se jugule pas en mettant un militaire derrière chaque habitant. Si cela fonctionnait, ça se saurait.
Ca ne fonctionne pas, et n’a jamais fonctionné.

Si sur une telle situation explosive non résolue, on y ajoute la couche d’élections précipitées et surtout impréparées, la conclusion est évidente, cela empirera, quelque soit la qualité de la personne élue à la présidence.

Cela s’appelle mettre la charrue avant les bœufs.

CITOYEN

Si la France insiste tant pour ces élections, c’est tout simplement dans son seul intérêt, certainement pas pour celui des centrafricains.

François Hollande le président français n’avait-il pas dit en 2012 que la France n’était en RCA que pour y défendre ses intérêts ? Au moins c’est clair non ?
Car à Paris, la rhétorique est très simple.

“On s’enlise là bas, il faut en sortir par une victoire, et des élections donneraient l’apparence du travail bien fait, une conclusion politique lumineuse pour s’en aller la tête haute et contenter l’opinion française à quelques encablures des élections présidentielles en France.”

Jean-Yves Le Drian le bretonnant sherpa militaire de François Hollande pousse à la roue.
Au Quai d’Orsay, Laurent Fabius le ministre des affaires étrangères fait silence sur le sujet (d’ailleurs, il ne parle plus en public de la Centrafrique). Il tiendrait en réalité une toute autre rhétorique :

“Des élections là, c’est très très risqué dans ce pays implosé et complètement en miettes. Personne n’y contrôle rien.”

GENESE D’UNE GUERRE CIVILE

Tenue dans une main de fer par Bokassa, le temps de sons règne mémorable, la Centrafrique n’a pas pu voir venir les chocs de ses immenses disparités sociales, sociétales, économiques et autres dans le pays.
La démocratie ? Un gros mot, un pis aller à la pratique inconnue en Centrafrique, où tout débat contradictoire vire à l’affrontement personnel. “Si tu n’es pas d’accord avec moi, c’est que tu es mon ennemi.”

1- La RCA se résume à Bangui pour ses politiciens. Les provinces abandonnées sont livrées à elles-mêmes depuis des éons. Cas du Nord et de l’extrême est.
A tel point que pour les banguissois, un “nordiste” est nécessairement un étranger, surtout s’il a nom à consonance musulmane.
Il y a là un premier déséquilibre social, niant l’unité de la Nation.

2- La pratique des coups d’état.
Sport national depuis l’indépendance. C’est tout naturel en RCA de s’accaparer du pouvoir par la force pour en faire son domaine privé, une concession personnelle dont les rares mannes sont à partager en famille et avec les copains, car hormis la parenthèse d’élections démocratiques en 1993, le reste n’est que violence pour la lutte du pouvoir.
Conséquence pernicieuse, la notion même d’Etat, dans son caractère sacré n’est plus respectée.

Si n’importe quel couillon peut prendre les armes et s’auto-proclamer président, quel est l’intérêt de respecter les institutions de la République ?

Ainsi, ne s’émeut-on pas du tout des bourrages d’urnes, et des intimidations physiques des autres candidats, lors des mascarades électorales.

MALI

3- La mal gouvernance
Dans quelle sorte de bois sont taillés les fonctionnaires centrafricains pour subir des mois et des mois de travail non payés ?
Coutume de l’Etat centrafricain, payer le moins possible ses fonctionnaires. L’Etat centrafricain a réinventé l’esclavage.
La paupérisation de ce qui aurait pu être une classe moyenne est consacrée.
Il en ressort bien évidemment que les rouages du socle de la machine étatique ne peuvent que se gripper.
Dès lors, il est assez amusant de lire les slogans de certains candidats aux élections actuellement, à promettre monts et merveilles, quand on n’ignore pas leurs exploits passés lors de leurs passages au pouvoir. Le grand intérêt de la situation, c’est que tous sont connus pour leurs talents de démagogues avérés. Car en RCA, nos leaders ne sont pas doués pour grand chose, mais la tchatche, ils connaissent. Et pour eux parler, c’est déjà faire. Ce qui revient à faire du surplace, donc de reculer, parce que pendant ce temps là, le train des autres autour avance.
Faire campagne c’est “raser gratis”, c’est bien connu.
Et les dindons de la farce, toujours les mêmes, les citoyens.
Et “les promesses n’engagent que ceux qui y croient” disait Jacques Chirac, un grand pro du genre.

Corollairement à cela, impossible de creuser le plafond de verre.
Les niveaux supérieurs de la politique ne sont pas accessibles à certaines catégories de personnes. En gros, sans copinage et léchage de bottes d’un “yaya” bien installé, son gros ventre en fait foi, on n’y arrive pas.
L’échelle sociale manque de barreaux.
Dès lors, subissons-nous les éternels mêmes crocodiles de la politique, qui année après année, ne font que changer de costume, certainement pas d’ambition et la féroce défense de leur pré carré. A force de nager dans le même marigot, ils raclent le fond, tellement il n’y a plus d’eau.
La classe politique centrafricaine peine à se renouveler.
Un puissant motif de désenchantement, de grogne silencieuse et de mécontentement.
Sans compter les chapes de plomb imposées à la population par tous les dictateurs successifs, qu’étrangement certains écervelés sans mémoire trouvent amusant de célébrer après leurs morts ou leurs évictions. Mais Denis Sassou N’Guesso ne disait-il pas que “Les africains n’avaient aucune mémoire, et qu’ils oubliaient tout très vite” ?

4- Les illusions de l’unité nationale.
La Centrafrique est une expression géographique théorique, pas une Nation. Fait caricaturé par cette pratique d’un autre temps, consistant à instaurer des barrières sur les routes. Une hallucination !
La libre circulation en Centrafrique, même en temps “normal” n’existe pas. Le normal c’est de se faire racketter tout le long de son parcours.
Aller de Bangui à Bossangoa par exemple, combien de tracasseries administratives ne rencontre-t’on pas sur les routes ?
Conséquence, le pays n’est qu’un patchwork hétéroclite. Ce qui accroît les dangers d’incompréhension sociale.
Car la Centrafrique est riche d’une très vaste diversité ethnique et cultuelle, qui pourrait être sa puissance, mais tout au contraire la dessert. Et ceci, du fait de la mal gouvernance des pouvoirs successifs dans la capitale, sans imagination sur la nécessité d’unir les diversités constituant sa matière sociale.

5- La bulle Bangui, poubelle à ciel ouvert.
A elle seule, un excellent résumé du délabrement avancé du pays.
Car si Bangui, pourtant intrinsèquement est une parure magnifique posée sur son écrin de verdure, par la médiocrité des dirigeants depuis Bokassa “le bâtisseur” ça, on ne le lui enlèvera pas – est devenu un dépotoir insalubre et dangereux, que dire alors des provinces à l’abandon ?

6- L’armée, le jouet des tyrans.
Les FACA (Forces armées centrafricaines) n’ont jamais été une armée républicaine, mais l’outil d’oppression du tyranneau du moment.
Ailleurs, elle est facteur d’unité, en RCA, elle est facteur de division et d’oppression des civils.

Certains rêvent du retour de ce qui n’existe pas !

TIGNOUS7- Le Déni d’altérité
Un peuple qui ne se fréquente pas, ne se connaît pas, n’éprouve donc pas d’empathie pour l’autre. Ce qui mène à la “tribalisation”, aux phénomènes de “meutes” structurés par exemple par la fausse identité et aux délires religieux, prétexte de toutes les dérives.
Pour citer Anne Tomiche “Les rapports s’infléchissent vers des effets de resserrement”.
L’autre est un ailleurs qu’hypocritement, l’on couvre de paroles polies à l’africaine, tout en pensant à son déni, car inconnu.
Un ensemble comportemental paradoxal devenant vite cocktail explosif à retardement.
Le fait tribal, ethnique est une réalité en RCA.

8- Illettrisme et sous-éducation et mal-éducation
Pays à plus de 80% illettré, la Centrafrique était le terreau idéal pour toutes les manipulations et les croyances illusoires.
La logique et la cohérence y sont en suppléments.
Parvenir à raisonner des individus habités par des croyances et des pratiques médiévales, relève de l’exploit absolu. La sous-culture fait le lit du peu d’éducation scolaire délivré. L’école en RCA n’apprend pas aux individus à penser par eux-mêmes, ce qui en font des proies faciles pour tous les bonimenteurs venus.
Tout cet ensemble constitue le boisseau d’où est sorti le feu dévastateur de la guerre civile actuelle.
CAR N’EST PIRE GUERRE QUE LA GUERRE CIVILE AVEC SES CYCLES DE VENGEANCE SANS FIN.

CA S’APPELLE LE SOUS DEVELOPPEMENT

Ces immense déséquilibres inhérents dans le pays étaient sous-jacents depuis des décennies, il ne manquait que la mèche pour allumer le brasier.
Les Séléka ont amené le tisonnier en 2012, et ce fut l’embrasement.

Car le ressort de l’oppression sociale, sanitaire, culturelle et économique, à force d’être comprimé, s’est soudainement détendu, créant le chaos total.
A PARTIR DE LA…..

Même un million de casques bleus n’y viendront pas à bout.
Qui peut citer en Afrique une victoires des Casques bleus dans un pays depuis qu’ils y paradent ?
Bien au contraire, ils constituent un chiffon rouge secoué au nez des bandes armées saoulées par la fumette du “Mbangui”.

Quand la boîte de Pandore est ouverte, impossible d’y faire re-rentrer les démons, même avec le couvercle de pseudo-élections.
Il faudrait être crétin pour y croire.

Si les causes souterraines de cette guerre civile sont évoquées, à l’évidence, ne s’en tenir qu’aux effets, serait se mettre le doigt dans l’oeil jusqu’à l’occiput.

Et tant que les centrafricains n’auront pas compris que l’ONU, la France et les autres, ne sont que de passage, et que pour eux, nous ne sommes qu’un dossier à expédier, ils espèreront dans le vide. Le problème centrafricain, quelque soit son amplitude, ne peut être valablement et durablement résolu que par des centrafricains. A eux de démontrer enfin leur maturité.

Une solution intermédiaire devrait être envisageable.

IL FAUT DES ELECTIONS, CELA VA DE SOI
IL FAUT EN FINIR AVEC LA TRANSITION, CELA VA DE SOI
Mais les deux en même temps, CELA NE VA PAS DU TOUT DE SOI.

Car en l’état actuel de notre pays, aller aux élections en Décembre, ce serait pur suicide, réactivation de nouvelles violences ne demandant qu’à éclore, n’en déplaise à la France dont l’agenda n’est pas le nôtre.
En même temps, il faut pourtant en terminer avec cette mascarade de la transition, avec des individus non élus, qui immodestement ne cessent de jouir des flatteurs “Excellence” de leurs griots.

A bout de souffle, gangréné par la corruption (un autre sport national en RCA), d’amateurisme et d’absence de perspectives, la transition sous cette forme et avec ces individus doit cesser.

Ce qui à notre sens ne doit supposer faire cesser le principe de la transition, car tout autre choix actuellement serait aventureux – elle doit se renouveler, de manière à permettre le règlement au plus vite de la situation de l’insécurité et de la reprise en mains du territoire. Envisager des élections est incompatible avec un état de guerre intérieure.
Cela implique prioritairement ce à quoi peu songent…
Il faut normaliser la situation financière des citoyens…..
Les crises frappent toujours au porte-monnaie. L’ONU avait promis il y a un plus de deux ans, plus de 500 millions de $ pour la RCA, où en sommes-nous ? Cette manne serait bien plus salvatrice que la dépêche de troupes supplémentaires. La France qui s’immisce tant dans les affaires centrafricaines (On ne change pas les bonnes habitudes) qu’apporte-t’elle pour le salut du peuple en matière de monnaie sonnante et trébuchante plutôt que des beaux discours et des diktats à nos politiciens dépassés, et toujours prêts à faire la courbette, la brosse à reluire à la main ? Car nous en sommes là, mendiants nous sommes, autant en user.
Car à n’en pas douter, avec un climat économique apaisé, la suite, la sécurisation du pays s’ensuivra plus aisément.
La majorité des Anti-Balaka ne réclament qu’une chose : retourner à leurs champs.
Corollairement, il faille tout même éviter les visions angéliques d’un futur rayonnant de la situation.
Ramener les FACAS ne saurait être d’actualité.
Et plutôt que de grossir le nombre des casques bleus, qui, quoiqu’en pensent les fonctionnaires de l’ONU sont perçus par la population comme des envahisseurs, et souvent à juste titre, il faut s’orienter vers une solution intermédiaire, consistant à muscler la Gendarmerie centrafricaine.

Les gendarmes ont la capacité d’être à la fois des “policiers” et des “militaires”.
Et cela présente l’immense avantage de se prémunir du cancer “Anti-Balaka” ayant gangréné la majorité des anciens FACA.



Politiquement
Il serait souhaitable comme dit, de stopper cette transition bancale et inique issue des violents putschistes de la Séléka.
Ce qui implique de remercier bien poliment l’actuelle locataire du palais de la Renaissance.
Dissoudre le CNT également pour repartir à zéro, dans le même principe, avec le concours de toutes les forces vives et politiques de la Nation pour renouveler la transition pour au moins une année, le temps de travailler à l’apaisement préparant de vraies élections sans précipitation et pression de l’extérieur.
“Intus” éviter l’erreur de confusion assassins-pouvoir.
Plus clairement dit, le nouveau gouvernement de transition ne doit pas commettre l’erreur fatale d’inclure dans ses cabinets ministériels, des représentants des bandes armées rebelles et criminelles – de surcroît, des illettrés et des incompétents notoires.
L’absurdité consistant à avoir des ministres Séléka et Anti-Balaka aura été la meilleure reconnaissance et consolidation de ces rebelles dans leur volonté criminelle de déstabilisation. Le gouvernement se déconsidérait face aux rebelles en incluant des leurs en son sein. Catherine Samba-Panza a creusé sa tombe politique, dès lors qu’elle pactisait avec les démons. Puis s’illusionnant à haranguer les foules avec un “je suis votre maman”, elle est bien la seule à y croire.
Quand on négocie avec le diable, c’est toujours lui qui gagne.
L’immaturité politique et la naïveté de Catherine Samba-Panza l’aura amplement démontré.



In fine, la sortie de crise en Centrafrique, ne peut pas être que militaire, mais social-sécuritaire : Des gendarmes, la santé et du pain.
Trois ans d’ONU et de Sangaris sont les flagrantes démonstrations de l’échec du tout militaire. Et de toutes les manières, ni les uns et ni les autres n’admettront leur échec.
Car la confiance entre les centrafricains ne reviendra qu’avec le concours des centrafricains.
Mais pour cela, il faut se réinventer des socles communs à partager, autrement plus sérieusement que les démagogies politiques, les propagandes à trois francs six sous, et des sempiternelles prêches religieuses, donnant à croire que les centrafricains seraient soit musulmans d’un côté et chrétiens de l’autre. Ce qui par ailleurs dessert et abrutit les dites religions. Un ‘biaisage’ dangereux à courte vue, qui n’aide pas à aborder les vraies difficultés.

© Novembre 2015 LNC
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