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Centrafrique: un musulman tué à Bangui au lendemain de la visite du pape (responsable)
Publié le mercredi 2 decembre 2015  |  Centrafrique Presse Info
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© Autre presse par DR
Violence en Centrafrique
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Le répit aura été de courte durée. Moins de 24 heures après la visite triomphale du Pape François et son appel à la réconciliation en Centrafrique, déchirée par les violences intercommunautaires depuis deux ans, le meurtre d'un jeune musulman a suscité colère et déception dans sa communauté.

Beaucoup voulaient croire que les mots du pape ne s'envoleraient pas trop vite après son départ. Comme en réponse à ses appels, affirmant que chrétiens et musulmans sont "tous frères", le no man's land qui sépare les quartiers chrétiens de l'enclave musulmane du PK5 - isolée et sous la menace constante de milices armées - avait repris vie, mardi matin.

Taxis et motos circulaient à nouveau entre les deux, et, fait notable, même des piétons arpentait l'avenue Boganda, d'ordinaire silencieuse et déserte. Les commerces avaient ouvert "et les clients venaient nombreux depuis le matin", note un jeune commerçant, Ali.

Mais dans la petite mosquée Ali Babolo, en plein coeur du PK5, l'arrivée du cadavre d'un jeune musulman a douché l'optimisme des fidèles venus prier. Zakaria, 35 ans, était le père de trois jeunes enfants.

"Regardez ce qu'ils nous ont fait! Nous voulons la justice!". Ils sont des dizaines, les yeux remplis de colère, agglutinés autour d'un sac en plastique recouvrant un linge banc, à même le sol.

"Vers 11H00, notre frère était devant la mosquée Ibni Qatab, des malfrats sont sortis avec leurs armes, ils ont tiré sur lui et il est mort", explique le représentant des commerçants du PK5, Issouf Djibril.

Les tireurs étaient postés à quelques mètres de la mosquée, de l'autre côté du canal baptisé "Essayez-voir", qui sépare l'enclave musulmane des quartiers chrétiens de la capitale centrafricaine, selon plusieurs habitants de PK5.

"Le pape François a lancé de bons messages de paix et d'unité. Nous on a pris acte pour sensibiliser tout le monde et bien se comporter, mais ils viennent encore assassiner nos frères", déplore M. Djibril.

Quasi-quotidiennes, les violences entre jeunes musulmans proches de l'ex-rébellion Séléka - qui a renversé le président François Bozizé en 2013 - et milices chrétiennes et animistes anti-balaka ont fait plus de 100 morts à Bangui depuis fin septembre.

- Stop à 'l'impunité' -

Après le meurtre, l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, inlassable artisan de la paix entre les deux communautés, s'est rendu en urgence au PK5 pour apporter son soutien aux leaders religieux musulmans, appelant à ne pas céder "aux provocations des ennemis de la paix" pour ne pas retomber dans un cycle de représailles.

Chez ce religieux au ton d'ordinaire posé, l'exaspération est palpable. "Nous appelons au calme, mais il faut que l'Etat joue son rôle, dit-il. Il faut ouvrir une enquête, dire qui a tué et sanctionner les coupables. Si on continue avec l'impunité, on envoie un très mauvais message".

"Ce pays appartient à tout le monde, personne n'a le titre foncier de la Centrafrique (...) C'est un piège et nous demandons aux musulmans de ne pas tomber dedans", affirme Ibrahim Hassane, porte-parole de la Coordination des organisations musulmanes de Centrafrique.

Mais parmi les jeunes du quartier, déjà les accusations pointent. "Ce sont des FACA qui ont fait ça", dénonce Issouf en référence aux Forces armées centrafricaines - dont beaucoup ont rejoint les rangs des anti-balaka à la chute de Bozizé. Un autre accuse les "grands commerçants du centre-ville, qui vendent 15.000 francs les articles qu'on vend 5.000, c'est eux qui financent les malfrats" pour tuer la concurrence.

Comme le jeune homme tué mardi, l'immense majorité des quelques 12.000 musulmans vivant encore au PK5 - qui fut longtemps le poumon économique de la ville - sont des commerçants. D'après certains témoignages, Zakaria sortait acheter des médicaments lorsqu'il a été abattu.

"Nous ne pouvons plus mettre les pieds dehors. Même nos morts, nous ne pouvons plus les enterrer dignement, nous n'avons pas accès à notre cimetière", situé à Boeing, en plein quartier anti-balaka, se plaint un vieillard. "Pour l'hôpital, c'est pareil, nos femmes accouchent dans des conditions déplorables".

D'après Moussa, "les musulmans, eux, n'attaquent pas, ils se défendent seulement. Et dès qu'un d'entre nous sort du PK5, il revient ici en morceaux".


"Pas un coup de feu": joie et soulagement après le passage du pape en Centrafrique
01/12/15 (AFP)

"On nous avait prédit l'Apocalypse" mais "il n'y a pas eu un coup de feu", s'est félicité l'archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, mardi sur Radio Vatican, au lendemain de la visite présentée comme très risquée du pape François en Centrafrique.
"Il n'y a pas eu un coup de feu au Kilomètre 5 (le quartier musulman) ou sur la place de la cathédrale. On nous avait prédit l'Apocalypse, elle n'a pas eu lieu", s'est félicité Mgr Nzapalainga après l'accueil triomphale réservé au pape dimanche et lundi à Bangui.

L'archevêque, qui est un des artisans de la réconciliation en Centrafrique, avait insisté pour que le pape maintienne sa visite dans ce pays déchiré par des violences inter-communautaires, en dépit des avertissements lancés en particulier par la France sur l'impossibilité de garantir la sécurité des foules.

Lundi dans l'avion du retour vers Rome, le commandant de la Gendarmerie vaticane, Domenico Gianni, s'était montré ravi du succès de la visite au plan sécuritaire à Bangui, où la force de l'ONU Minusca était omniprésente et lourdement armée sur tous les itinéraires de la visite.

"Nous sommes un peuple abandonné, un peuple meurtri, un peuple oublié (...). Le Saint père est venu délivrer un message d'espérance", a résumé Mgr Nzapalainga, qui anime avec un imam et un pasteur une "plateforme inter-religieuse" pour la réconciliation.
"Nous pensions qu'il était important qu'il y ait un message venu d'ailleurs", a-t-il expliqué. "François nous a dit qu'il faudrait qu'on accepte la pénitence et lui-même a donné l'exemple en confessant des jeunes à la cathédrale".

L'archevêque s'est dit particulièrement touché par la visite du pape à la mosquée centrale: "François a enlevé ses chaussures, allant se recueillir et se faisant proche des musulmans. Et il a dit: +Si je ne venais pas ici aujourd'hui, chez les musulmans, il me manquerait quelque chose. Une part de nous se trouve dans l'autre+".
Il a espéré "un sursaut patriotique" aux élections présidentielles prévues en décembre, alors que les candidats se multiplient: "Il va falloir faire des sacrifices, accepter que l'un ou l'autre en notre nom deviennent notre président", a-t-il prévenu.
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