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Centrafrique: derniers préparatifs et casse-tête logistique avant le référendum constitutionnel
Publié le samedi 12 decembre 2015  |  AFP
Marie-Madeleine
© Autre presse par DR
Marie-Madeleine N`kouet Hoornaert à la tête de l`Autorité nationale des élections
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Sous un grand préau en bois de Bangui, des dizaines de travailleurs journaliers découpent et rangent les cartes électorales: 48h00 avant le référendum constitutionnel de dimanche, et à 15 jours de la présidentielle en Centrafrique, il reste encore beaucoup à faire pour que tout soit prêt.

Ces scrutins doivent permettre le retour à l'ordre constitutionnel dans le pays, deux ans après les massacres intercommunautaires qui ont précipité la Centrafrique dans le chaos.

Près de deux millions de cartes d'électeurs éditées en France sont arrivés mercredi à Bangui, pour être distribuées dans tout le territoire centrafricain: à temps pour le premier tour des élections législatives et présidentielle prévues le 27 décembre, mais trop tard pour le référendum sur l'approbation de la nouvelle constitution.

L'Autorité nationale des élections (ANE) - soutenue à bout de bras par la mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) - a donc décidé d'autoriser les Centrafricains à se présenter dans les quelques 5.600 bureaux de vote avec leur récépissé d'enregistrement sur les listes électorales.

Organiser un tel scrutin en Centrafrique, ruinée après trois années de violences durant lesquelles la plupart des documents d'état civil ont été détruits, et où l'autorité de l'Etat a disparu de régions entières est un véritable casse-tête.

Exemple, pour acheminer les bulletins de vote ("OUI/NON") à l'intérieur du pays: des convois routiers partent tous les jours de Bangui vers les localités les plus accessibles (Sibut, Mbaïki, Damara...) sous escorte de l'ONU, en raison de l'insécurité persistante.

Ailleurs, les kits électoraux arrivent par avion -les derniers vols étant prévus samedi, veille du scrutin- au siège de chaque préfecture, où un autre voyage commence. Car le matériel devra ensuite être redéployé en brousse vers des villages souvent isolés, et reliés au reste du pays par des pistes défoncées.

"Tout les moyens dont nous disposons sont mis à contribution", assure le rapporteur général de l'ANE, Julius Ngouade Baba, dont le téléphone n'arrête pas de sonner, tant les retards s'accumulent. "Y compris des motos et vélos offerts récemment par la Chine à l'Etat centrafricain", précise-t-il.

- 'Tourner la page' -

Les Centrafricains ont massivement répondu présents à l'approche de ces échéances électorales, avec deux millions d'inscrits sur une population totale de 4,8 millions d'habitants.

"Nous voulons tourner la page, c'est pour ça que j'irai voter au référendum et aux élections", affirme Bienvenu Ngotto, un jeune commerçant, tout en reconnaissant ne pas "vraiment savoir" ce que dit cette fameuse constitution.

Depuis des semaines, les rumeurs les plus folles circulent d'ailleurs sur les dispositions du texte, imprimé à seulement 15.000 exemplaires. Ainsi, la légalisation du mariage homosexuel (fausse) a beaucoup alimenté les conversations dans les maquis (cafés) de la capitale, bien que les principales innovations de la nouvelle loi fondamentale concernent surtout le nombre maximum de mandats présidentiels (2), la lutte contre la corruption, l'éviction des groupes armés du processus politique et la création d'une Haute Cour de Justice.

Sous l'impulsion du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), quelques caravanes de sensibilisation sillonnent les quartiers où des jeunes gens utilisent mégaphones et affiches pour expliquer les enjeux du vote. Mais l'insécurité - tirs et barricades - à Bangui ces dernières 48h00, et les intimidations de certains groupes armés en province, les obligent à se faire discrets et à privilégier le porte-à-porte.

Au PK5, dernière enclave musulmane de Bangui où les habitants vivent retranchés, les responsables ont profité d'un tournoi de boxe amateur "pour la paix" jeudi soir pour arborer des tee-shirt imprimés d'un grand "OUI" au référendum.

Hormis le parti de l'ex-président François Bozizé - exclu de la course à la présidentielle-, certains chefs de milices anti-balaka et de l'ex-rébellion Séléka, la plupart des partis politiques ont appelé à approuver la constitution.

"L'enjeu n'est pas énorme, les gens voteront sûrement +OUI+", estime Hilaire, cadre au ministère des Transports. Tout en demandant d'un ton sarcastique: "Mais si c'est le +NON+ qui l'emporte, on va faire comment pour les élections?"

Célia LEBUR
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