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Grand aigle /Centrafrique : Séléka, Rififi à tous les étages
Publié le mardi 28 octobre 2014  |  LNC
Mohamed
© Autre presse par DR
Mohamed Moussa Dhaffane, chef de la délégation de la Séléka
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BAMBARI — Bien grand clerc celui qui parvient à suivre les circonvolutions des Séléka depuis quelques mois.

L’union glorieuse de l’époque d’avant “l’ousted” de Bozizé a fait long feu.
Les entrailles de l’ex rébellion sont constamment traversées par des remous de division.

En vérité, tout a commencé a mal tourner quand, lassé des avertissements de Moussa Dhaffane, le 30 juin 2013, Michel Djotodia limoge et fait arrêter le ministre des Eaux et Forêts, ancien président de la Convention des patriotes pour le salut du Kodro (CPSK), qui avait eu l’imprudence de dénoncer le chaos ambiant et de réclamer un « dialogue inter-Séléka », en prédisant le pire pour le mouvement.

Et les tensions internes s’amplifièrent lorsque Djotodia se trouva incapable d’honorer le minimum, le paiement de la solde des troupes – notamment celle des mercenaires soudanais – l’ayant mené au pouvoir.

Dès lors, la frange militaire commença à défier et à se méfier de la frange politique.
Puis s’en suivit, les inévitables exactions contre la population que Djotodia se révélera incapable de faire cesser.

Djotodia est politiquement lâché par le pourtant très influent Christophe Gazam-Betty qu’il démit de ses fonctions de ministre. Et en cela il sonnait sa propre fin personnelle en se délestant de l’appui de l’habile Gazam-Betty.
Le roi était nu.

Depuis, l’ancien ministre d’état ne cesse de stigmatiser l’amateurisme de Djotodia et les crimes des Séléka, dont les économiques par les proches et parents de Djotodia, peu cités par la presse.

S’étant rapproché de l’actuelle intérimaire au pouvoir Catherine Samba-Panza, Christophe Gazam-Betty milite désormais pour de la mansuétude à l’égard de cette dernière.

DE CHARYBDE EN SCYLLA

Le départ de Michel Djotodia du pouvoir a, tous comptes faits, sonné le glas du peu de cohérence qui existait dans le mouvement rebelle Séléka.

Refoulées de Bangui, les troupes convergèrent essentiellement vers Bambari, N’délé, Birao, Bria et Kaga Bandoro.

Et le numéro deux, sa tête pensante militaire, le redoutable Nourredine Adam, plus à l’aise en treillis qu’en costume de politicien n’a plus la main.

Ses méthodes brutales de gestion déplaisent à certains autres chefs de guerre. D’autres de lui reprocher son manque d’imagination et ses extrémismes.

La Séléka s’émiette sur le terrain en plusieurs groupes armés incontrôlés, puis explose politiquement.

Cacophonie, plus personne n’écoute personne.

L’état major général installé à Bambari sous le commandement du général Zoundeko n’est qu’un trompe l’oeil.

Les “généraux” Ali Darassa qui commandait la région justement de Bambari et Mahamat al-Khatim ne sont pas d’accord.

Des conflits internes, il s’ensuivra un bilan de plus d’une centaines de morts.
Joseph Zoundeko est dépassé, les nouvelles “ailes” pullulent.

Front Républicain pour le Changement (FRC), dont Alkhatim MAHAMAT en est le Chef d’Etat-major Général d’un côté, Front Populaire pour la Renaissance de Centrafrique (FPRC) de l’autre.

Adam transformant la Séléka canal historique en parti politique anarchique.
Ces deux Fronts n’ont aucune existence légale.

Pour autant que le terme de “légalité” ait encore sens en Centrafrique, tant la “loi” n’y est exercée que par la force des armes.

Les choses se compliquent depuis dimanche avec la naissance d’un nouveau Front baptisé Union pour la paix en Centrafrique (UPC), qui selon leur communiqué, sera dirigé par une coordination politique présidée par Habil Awal et le “général” Ali Djarass pour son aile militaire.

L’UPC, encore une coalition floue, est née samedi à Bambari durant une assemblée générale de contestataires Séléka.

Ainsi, à force de se phagocyter, la Séléka est devenue complètement inaudible, tandis que leurs alter egos les Anti-Balaka continuent de se faire remarquer par la multiplication des crimes et des exactions contre les populations.

Jouant du chantage contre le pouvoir inconsistant de Samba-Panza, ce sont les nouveaux “chefs” effectifs dans le pays.

JE T’AIME MOI NON PLUS

En réalité la division de la Séléka ne reprend qu’une vieille querelle ancestrale.
Celle entre les tribus Goula et Rounga du Nord de la Centrafrique.

Querelle inconnue de Bangui, qui a toujours abandonné le Nord du pays.

Depuis des décennies, Goula et Rounga ne cessent de se taper dessus entre eux pour un rien, gain de territoire par ci, mauvais partage de butins par là.

C’est dans la Séléka qu’ils se sont enfin réunis pour pacifier.

Une union fragile, qui tenait, tant que l’objectif commun de faire tomber Bozizé était en cours.
Depuis la chute spectaculaire de Bozizé, les bonnes habitudes ont repris.

Alliés objectifs des Séléka, les Peuls également s’y mettent.

Ces bergers nomades très indépendants, longtemps se tinrent à l’écart des conflits.

Mais peine perdue, ils finirent par s’y retrouver impliqués, et créèrent leurs propres groupes d’auto-défense, depuis les nombreuses attaques contre leurs troupeaux et contre eux-mêmes par différentes forces armées et des brigands, et ceci, bien avant la mise en place des vrais “Anti-Balaka”, au début des années 2000, pour lutter contre les fléaux des dits coupeurs de route ou “Zaraguinas”.

Leur aile armée s’est illustrée encore la semaine dernière dans la région de Bambari dans la localité de Yamalé, faisant plus de 30 morts et des dizaines de blessés mardi et mercredi dans différentes escarmouches, conséquences de cycles de représailles et de vengeance sans fin.

Plus ou moins alliés à Ali Djarass, cependant, ils n’écoutent aucune de ses directives.

Néanmoins, divisés ou pas, les Séléka de par leur grande puissance de feu encore disponible, pèsent toujours dangereusement sur l’équilibre socio-politico-militaire de la Centrafrique.

C’est une menace de plus 80.000 guerriers, en en faisant la première puissance militaire dans le pays.

Et dorénavant, autre problème, avec qui discuter ?
Les chefs de guerre locaux y sont multiples, se contredisant les uns les autres, quand ils ne guerroient pas entre eux à l’occasion.

Ce qui fait de la Séléka dans son ensemble un patchwork très hétérogène et puissamment instable.

Par ailleurs, autre difficulté, la présidente Samba-Panza ne voyant l’horizon que pas plus loin que les 3 km² de son pouvoir à Bangui, en s’obstinant à ne réagir qu’au ‘visuel’ près d’elle, c’est-à-dire en ne prenant en compte que les Anti-Balaka, qu’elle arrose de monnaie, croyant les calmer ainsi – qui pourtant se moquent bien d’elle, fait fi de ce danger de ‘là haut’.
Or l’histoire récente a démontré qu’il suffirait de nouveau d’avoir un objectif commun à combattre pour que les Séléka de nouveau se réunissent et redeviennent potentiellement toxiques.
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