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Charles Armel Doubane: « reconstruisons une vraie armée nationale et non une milice a la solde d’un régime surtout s’il est éphémère »
Publié le mardi 28 octobre 2014  |  AFRICAWEEKLY
Arrivée
© Autre presse par DR
Arrivée à Bangui d’un millier de déplacés de Bambari
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L’ancien Ambassadeur, Représentant Permanent de la République Centrafricaine auprès des Nations Unies, Charles Armel Doubane répond à nos questions et nous donne son opinion sur l’actualité Centrafricaine de ces derniers jours: Réhabilitation des FACAS, les élections, le don Angolais, la situation humanitaire du pays , etc …

Que pouvez-vous dire de la dernière Adresse à la Nation de Mme Catherine Samba Panza ?
Un discours passé par le CNT, mais qui en réalité est une adresse à la nation. Étant dans une Transition, et à quelques mois de l’échéance, ces propos, à mon avis, aujourd’hui en déphasage avec le contexte seraient bien appréciés s’ils étaient prononcés au début de la mandature, cependant ils contiennent quelques annonces.

Que pensez-vous de la brigade d’intervention qu’elle souhaite mettre en place ?
C’est un début à saluer. Mais il vaut mieux travailler de manière concertée avec les Nations Unies pour la pleine réhabilitation de l’ensemble des forces de défense et de sécurité et particulièrement des FACA, en évitant que seuls ne soient pris en compte que les ressortissants d’une seule région ou ethnie, en sommes les travers qui ont dans un passé récent tué notre armée. Reconstruisons une vraie Armée Nationale et non une milice à la solde d’un régime surtout s’il est éphémère.

Comment analysez-vous la situation de la RCA ?
Volatile et complexe. En témoignent les derniers développements de cette longue crise

Les élections pourront-elles avoir lieu en 2015 ?
Oui nonobstant la difficile situation sécuritaire, ces élections auront lieu lorsque les Nations Unies et la Communauté internationales auront fini de déployer sur le terrain leurs hommes, leur logistique, et leurs finances. Quelque soit la volonté des Centrafricains, quelque soit celle des membres de l’Autorité Nationale des Élections qui en sont les organisateurs, ce seront malheureusement les « payeurs » qui décideront du quand et du comment des consultations électorales à venir. C’est malheureusement ce qui arrive aux États faillis qui ont perdu la plénitude de leur compétence nationale (« souveraineté »).

Etes-vous candidat ? Quelles sont vos activités aujourd’hui sur le terrain ?
Comme tout citoyen Centrafricain ou Centrafricain. Je suis électeur et éligible. Au regard de la crise que traverse notre pays, chacun doit apporter sa contribution de diverses manières à la construction d’un autre et nouvel État en RCA. C’est une décision grave. En son temps j’aviserai et il n’est plus loin ce moment tant attendu par tous les compatriotes qui m’interrogent à raison sur ce sujet.
Sur le deuxième point de votre question J’ai RENCONTRÉ beaucoup de personnes, jeunes, femmes, notables, religieux, associations et certains partis politiques.
J’ai fait quelques tournées en province, tenu quelques réunions et meetings à Bangui soit individuellement ou dans le cadre de l’Association « Fini Bê Africa avec Charles Armel Doubane(AFBA-CAD) » qui soutient ici ma vision et porte mes actions ; j’ai aussi participe à plusieurs activités et événements concernant la Transition en cours dans notre pays et j’ai pris part à de nombreux travaux organisés par les partenaires (conférence de Brazzaville, RENCONTRE avec le CEDH, l’Union Africaine etc…). En somme, face à cette crise, à ma manière, je suis intervenu et ai agi du mieux que je peux en prenant position tout en indiquant des pistes de sortie de crise. En tout cas, en près de six mois de séjour au pays, je n’ai pas chômé.

charles-armel-Doubane_2Le CNT en l’état actuel fonctionne-t-il ? Comment le restructurer ?
Oui le CNT sous le leadership de son Président M. F. Nguendet malgré ses imperfections fonctionne. A quelques mois de la fin de la Transition vaille-t-il vraiment la peine de le restructurer? Je ne pense pas que cela soit une priorité du moment.

Des voix se lèvent pour mettre en place une Assemblée Constituante après la Transition, qu’en pensez-vous ?
De toutes les manières, au regard de l’immensité des dégâts et la tâche qui attend les nouveaux dirigeants, les deux années qui suivront seront une autre période transitoire avec pour mission de fonder les bases de la Nouvelle RCA (au niveau institutionnel, la justice, la lutte contre l’impunité, le relèvement, la réconciliation …). Cela requiert l’adhésion du grand nombre, d’où la nécessaire poursuite et réorientation de ladite transition, cette fois, avec des dirigeants légitimes.

La RCA est-elle officiellement sous tutelle ou est-ce du fait qu’elle soit « sous perfusion » de la Communauté Internationale que l’amalgame est fait ?
Officiellement et de manière formelle, la réponse est non. Puisque ce qui reste de l’Etat centrafricain et de ses institutions de la Transition existent même si elles ne fonctionnent pas bien. D’ailleurs, la Minusca s’est installée ici sur la base d’un accord de siège signé entre le gouvernement de la RCA et les Nations Unies. Cependant, la réalité est différente du fait de l’effacement du leadership national qui ne prend pas d’initiatives. La Communauté internationale a ainsi pris le dessus et suppléé quasiment l’Etat dans ses prérogatives régaliennes. C’est bien dommage.

Comment dépeignez-vous la situation humanitaire en Centrafrique, 10 mois après la Transition de Mme Catherine Samba Panza ?
Catastrophique. Les rapports des Agences du Systèmes des Nations Unies et des ONG nationales et internationales sont édifiants: près de deux millions de personnes déplacées internes. Les réfugiés et les populations vulnérables sont dans le besoin, les centres d’accueils temporaires, les « Ledger de fortune » comme on les appelle, où vivent nos compatriotes dans une précarité indescriptible, avec les risques d’épidémie ne sont toujours pas fermés.
Les autorités de la Transition qui devaient travailler de manière concertée et coordonnée avec les humanitaires n’ont pas fixé le cap, d’où la mauvaise gestion de cette situation.

Dites un mot sur l’affaire du « don angolais »
Cette affaire a montré une certaine incompétence des prétendus professionnels des Finances doublée d’un amateurisme de tous ceux qui ont été cités dans cette honteuse situation. Elle a terni l’image de la RCA, particulièrement celle de ses dirigeants. Elle a révélé la mal gouvernance et a découragé certains États et institutions qui, dans le cadre de la solidarité internationale voudraient apporter un concours à notre pays. Bref, nous attendons la suite de la décision du CNT. J’ai eu de la peine en écoutant du haut d’une tribune devant une assemblée de politiques et de la société civile un étranger assénant que nous Centrafricains n’étions que de vils voleurs prompts à détourner ce que gracieusement les autres mettent à notre disposition pour notre survie (suprême injure, que voulez-vous et cela arrive du fait des nôtres).

Quelle est votre message aux centrafricains ?
Ne désespérons pas. Certains États ont connu de pareilles situations, voir pires et s’en sont sortis. Ça n’est pas une fatalité. Tout dépend de nous. Ensemble, puisons dans notre capacité de résilience pour prendre en main notre destin. C’est possible, c’est faisable, organisons-nous, car nous en avons les moyens humains et les potentialités.
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