Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Centrafrique    Publicité
aBangui.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

MSF/République centrafricaine : le douloureux tabou du viol
Publié le vendredi 31 octobre 2014  |  LNC
Comment




Le viol peut entraîner un traumatisme à vie pour les victimes. Avoir été brutalement forcé(e) devant ses enfants et craindre les maladies sexuellement transmissibles qui peuvent s’ensuivre s’ajoutent à l’impact psychologique et physique de l’agression. Malheureusement, vivre avec ce traumatisme est le quotidien d’un nombre indéterminé de femmes vivant en République centrafricaine (RCA), un pays ayant sombré, l’an passé, dans l’anarchie, la violence et l’impunité.

Depuis juillet 2014, au sein de deux dispensaires situés à Bangui, capitale centrafricaine, MSF aide et soutient les victimes de violence sexuelle. Entre juillet et septembre, 247 victimes y ont été reçues. La plupart sont des femmes adultes, mais des petites filles et plusieurs hommes ont également été pris en charge. Même si être victime d’un viol reste tabou au sein de la société centrafricaine, ces patients sont tout de même venus chercher l’aide de MSF.

« Ces personnes ont honte de venir, mais quand elles ont la possibilité d’accéder à des soins et à un soutien gratuits, elles trouvent le courage et viennent quand même », explique Hélène Thomas, psychologue MSF travaillant à l’hôpital général de Bangui. Des spots diffusés sur les radios locales ont fait connaître cette nouvelle offre de soins. Depuis, et malgré le risque de stigmatisation, d’être délaissé(e), rejeté(e), notamment par un mari, les patient(e)s viennnent.

Au sein de nos dispensaires, notre offre de soins va du test de grossesse au dépistage des maladies sexuellement transmissibles, dont le VIH/sida, en passant par des consultations psychologiques. Ces dernières offrent aux patient(e)s un espace sûr pour partager leurs expériences, échanger sur leur douleur, leur humiliation et leur peur. Lors de ces sessions, qui s’étalent généralement sur plusieurs mois, Hélène dépiste également les éventuels signes de dépression. Personne ne sait combien d’adultes et d’enfants ont été violés et continuent de l’être. « Je suis convaincue que nous ne voyons que la pointe de l’iceberg et qu’il y a encore beaucoup de victimes dehors », assure Hélène.

Une des patientes ayant trouvé le courage de demander de l’aide est une femme âgée de 24 ans et originaire de la ville de Bambari. « On était au mois de mai. Deux rebelles sont venus chez moi. Ils ont demandé à voir mon mari, mais il n’était pas là. Ils m’ont dit que je devais payer, relate t-elle d’une voix calme, les yeux rivés sur ses mains. Ils ont déchiré mes vêtements, mes enfants ont commencé à pleurer et ils m’ont violée devant eux. Maintenant, j’ai toujours mal au ventre. Au début, je ne pouvais pas dormir, mais maintenant je vais un peu mieux. Mon fils de cinq ans a voulu me parler de ce qu’il a vu, mais je ne peux pas, je ne veux pas entendre ses mots. »

Une autre femme raconte son calvaire. C’était en janvier, quatre rebelles l’ont agressée. Ses enfants ont tout vu. Elle s’est évanouie de douleur et, quand elle est revenue à elle plusieurs heures après, il faisait nuit. Elle attend les résultats du dépistage du VIH/sida. « Je ne peux plus être avec mon mari. Je me sens engourdie. »

En RCA, il est rare que les victimes de viol voient leurs agresseurs traduits en justice. Dans certains cas, afin d’éviter la honte liée à ce qui s’est passé, la famille force même la victime à vivre avec son violeur. « J’ai récemment travaillé avec une famille qui avait obligé leur fille âgée de 15 ans à vivre avec le garçon qui l’avait violée. Elle a tenté de se suicider. Un travailleur social l’a envoyée vers MSF. Nous avons essayé d’intervenir et expliqué à la famille que personne ne devrait être obligé de vivre avec son agresseur, que le viol est un crime et que son perpétreur devrait être traduit en justice », raconte Hélène.

Les consultations médico-psychologiques peuvent avoir un impact positif. « Il y a presque toujours une amélioration, explique Sylvie Nadege Gonekra, sage-femme au dispensaire MSF de l’hôpital général. Après quelques consultations, je peux voir le visage de la plupart des patient(e)s changer ».
« Certaines de ces femmes resteront traumatisées à vie mais si, par exemple, nous pouvons obtenir de la famille qu’elle les soutienne, alors il y a de l’espoir. L’agression ne pourra jamais être oubliée, mais les victimes peuvent en sortir et vivre sans traumatismes psychologiques graves », conclut Hélène.
Commentaires

Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment

Comment