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Exposé du président du CNT sur la situation politique récente en Centrafrique
Publié le vendredi 7 novembre 2014  |  journaldebangui.com
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© AFP par ERIC FEFERBERG
Le président du conseil national de transition (CNT), Alexandre Ferdinand Nguendet
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L'intégralité de la déclaration faite par Alexandre Ferdinand N’Guendet devant le parlement de la Cemac

Déclaration du président du Conseil national de transition, Alexandre Ferdinand N’Guendet, devant le parlement de la Cemac sur la situation politique récente en République centrafricaine. Déclaration faite le 04 novembre 2014.

Très Honorable Monsieur le Président du Parlement de la CEMAC,
Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de me retrouver cet après midi parmi vous à Malabo.
J’apporte le salut de la République Centrafricaine, terre d’espérance, pays d’hospitalité, aux autres pays frères de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale(CEMAC), qui tient encore debout grâce à la solidarité du monde, de l’Afrique toute entière, mais en particulier de notre sous région d’Afrique Centrale.

Soyez assuré que nous sommes honorés de pouvoir participer aux travaux de la 2ème Session Ordinaire de notre Parlement communautaire et que cette date du 04 novembre 2014 restera gravée dans l’histoire des relations le Parlement de Transition de la République Centrafricaine et le Parlement de la CEMAC.

Monsieur le Président, soyez fraternellement et chaleureusement remercié de cette invitation cordiale.

En ce jour hautement symbolique pour le parlement communautaire, je ne saurais omettre l’évocation de l’appel pour la Paix en République Centrafricaine que vous avez lancé lors de vos assises des 28 et 29 juillet dernier et l’importante aide humanitaire qui a été apportée aux nombreux déplacés internes de mon pays.

J’avoue que cet appel est intervenu à point nommé au moment où quasiment tous les acteurs de la crise centrafricaine venaient de sortir du Forum de Brazzaville sanctionné par la signature d’un Accord de cessation des hostilités.

Cet appel qui venait s’ajouter à celui déjà lancé par Son Excellence Dénis SASSOU NGUESSO, Président de la République du Congo et Médiateur International de la crise centrafricaine était salutaire pour attirer l’attention des uns et des autres sur l’impérieuse nécessité de mettre fin à la crise.

La situation difficile de la République Centrafricaine a retenu l’attention du monde, de l’Afrique toute entière et des pays frères de la CEMAC.

Comment ne pas s’inquiéter lorsque la crise déclenchée depuis mars 2013 prend des tournures d’un conflit inter religieux opposant les chrétiens et les musulmans ?

Comment rester indifférents lorsque la violence contre les populations civiles ne fait que perdurer avec les conséquences humanitaires que nous connaissons et que vivent les pays directement frontaliers à la République Centrafricaine ?

L’insécurité en République Centrafricaine est un problème sérieux qui menace la stabilité de toute la sous région d’Afrique Centrale.

Les pays frères de la CEMAC l’ont compris et n’ont ménagé aucun effort pour nous soutenir dans cette épreuve difficile.

L’appel à la Paix lancé par le Parlement de la CEMAC au mois de juillet 2014 procède de cette solidarité et je tiens, ici, au nom du parlement de transition de la République Centrafricaine à l’en remercier.

Pour ce qui concerne l’aide humanitaire consentie par le parlement de la CEMAC, elle est l’expression de cette solidarité qui nous unit et qui soude les liens entre les peuples de notre communauté. Je veux dire, ici, qu’elle a soulagé bon nombre de déplacés qui se trouvaient dans la précarité.

Je voudrais aussi remercier du fond du cœur, Maman Constancia MANGUE NSUE OKOMO de OBIANG, Première Dame de la Guinée Equatoriale pour l’aide humanitaire très importante qu’elle a apportée aux populations centrafricaines en difficultés. Ce geste traduit la sensibilité maternelle qui l’a toujours habitée et qu’elle sait offrir, à ses habitudes au peuple frère de la Guinée Equatoriale.

Monsieur le Président,
Très Honorable Vincent Bouyou MAVOUNGOU,
Me voici présent dans ce haut lieu de la démocratie à votre invitation.

C’est en effet un sentiment de fierté qui envahit ma modeste personne, pour l’heureuse occasion qui m’est offerte pour parler de la situation qui prévaut actuellement dans mon pays.

En cet instant solennel et avant tout propos, permettez-moi de m’acquitter d’un agréable devoir : celui de transmettre les chaleureuses salutations de Madame le Chef de l’Etat de Transition de la République Centrafricaine, Son Excellence Catherine SAMBA PANZA, à son frère dont le pays abrite le siège du parlement communautaire, Son Excellence Théodoro Obiang NGUEMA MBASOGO, dont l’appui à la République Centrafricaine n’a jamais fait défaut.

Je transmets les mêmes salutations à Monsieur Pierre Moussa, Président de la Commission de la CEMAC qui nous soutient également sans faille.

Honorables Députés,
Sachez qu’à travers nous, c’est la République Centrafricaine toute entière, qui est devant vous pour parler de la situation politique récente du pays et des perspectives.

Honorables Députés,
Voici donc un pays, la République Centrafricaine, ce havre de paix admiré dans la sous-région pour la sérénité de ses habitants jusque vers la fin des années 1980, qui se retrouve à son tour au bord du gouffre de la division et de la destruction.

En République Centrafricaine, les violences ont atteint un record sans précédent. Le conflit qui déchire actuellement le pays est particulièrement complexe, les lignes de fractures religieuses et ethniques étant nombreuses.

Néanmoins deux constats s’imposent très clairement : les violences sont d’une extrême atrocité et les groupes armés impliqués font énormément de victimes parmi les civils.

Pour en revenir à la petite histoire, tout commence à la fin de l’année 2012 où les rebelles de la Séléka, une alliance de divers groupes armés, ont lancé une offensive décisive sur la capitale Bangui pour finalement renverser le régime en place le 24 mars 2013.

Six(6) mois plus tard c’est-à-dire en septembre 2013, les groupes d’autodéfense, les milices anti-balaka, prenaient les armes contre les rebelles de l’ex- Séléka.

S’en suivie une spirale de violence, de représailles et contre-représailles.

En décembre 2013, la guerre civile a atteint Bangui. Plus de 100.000 personnes, soit un quart de la population de la capitale, se sont empressées de quitter les lieux. Les habitants ont pris massivement la fuite, des dizaines de milliers de Centrafricains ont ainsi rejoint la République Démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville, le Tchad et le Cameroun.

Et voici donc, une nation qui subitement oublie que ce qui faisait qu’elle était admirée de certains, c’était son esprit de tolérance et son respect de la différence.

Honorables Députés , tout au long de mon enfance et de mon adolescence, je m’étais familiarisé avec l’idée qu’être Centrafricain et être fier d’être Centrafricain, c’était la même chose, qu’il y avait au cœur de chacun de mes concitoyens cet indéfectible attachement à une République Centrafricaine unie, qui vit en parfaite harmonie avec tous ses voisins et amis.

J’ai fait mes classes avec des camarades dont je ne me suis jamais soucié ni de l’origine ethnique, ni de l’appartenance religieuse, car, pendant longtemps, ces données sectaires n’ont jamais habité, ni la façon de penser, ni la façon de faire des Centrafricains.

Honorables Députés
Parlant maintenant de « la situation politique récente en République Centrafricaine », puisque c’est cela le sujet de ma communication, Je vais évoquer en premier lieu la signature de l’Accord de Cessation des hostilités à Brazzaville le 23 juillet 2014.

Il s’agissait d’une étape importante dans le processus du dialogue politique vu que toutes les parties prenantes à la crise ont pris l’engagement de déposer les armes et de participer au processus de réconciliation nationale, ce qui représentait un nouvel élan politique.

Il était essentiel que l’engagement de cessation des hostilités soit tenu par toutes les parties, pour que le processus politique fonctionne, la réconciliation nationale devait être une priorité, la préparation des élections devait également progresser en vue d’élections libres, ouvertes et transparentes.

A cet accord il faut ajouter, l’engagement constant des principaux acteurs de la transition à ne pas être candidats aux futures élections générales pour garantir sa crédibilité.

Sur le plan sécuritaire, il faut dire que si la violence avait reculé un moment, le pays connaissait encore une forte instabilité du fait de la faiblesse de l’Etat, réduit dans ses capacités après toutes ces années de conflits.

Le peuple Centrafricain avait de réels espoirs lors du transfert de responsabilités de la Misca à la MINUSCA le 15 septembre dernier.

Mais malgré tout, la violence persiste dans la capitale Bangui que dans toutes les provinces de la République Centrafricaine.

Les récents actes de violence perpétrées dans la capitale Bangui et ayant entrainé sa paralysie sur plusieurs jours témoignent de cette réalité.

Honorables Députés
Devant cette triste situation, la question qui vient à l’esprit est celle de savoir que faut-il faire encore pour ramener définitivement la paix en Centrafrique pour permettre au pays d’aller aux élections ?

Je crois que sur la question de la sécurité il faut rester optimiste vu l’engagement de la Communauté internationale toute entière aux côtés du pays.

La crise en République Centrafricaine est devenue une crise internationale depuis l’entrée en service de la Minusca qui est une force onusienne et de l’Eufor.

Ces forces essaient de faire de leur mieux pour rétablir définitivement la sécurité en République Centrafricaine.

Et l’étape la plus cruciale est le désarment des groupes armés et autres milices qui continuent impunément de détenir par devers eux des armes de guerre de tout genre.

A la vérité, c’est l’inefficacité du désarment engagé depuis l’année dernière qui fait encore le lit à l’insécurité en République Centrafricaine.

Je reste convaincu que la situation sécuritaire s’améliorera dès que la Minusca aura atteint son plein effectif fixé à 12.000 hommes.

Mais il faut aussi, si l’on veut atteindre rapidement l’objectif de désarmement, remettre en service les Forces Armées Centrafricaines qui connaissent mieux le pays et qui peuvent porter main forte aux côtés des forces internationales.

Cette préoccupation, je l’ai déjà exprimée à l’endroit de Monsieur BAN KI MOON, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies le 5 avril 2014, lors de sa déclaration devant le Conseil National de Transition. En effet, j’avais demander la levée de l’embargo sur la livraison des armes imposé à la République Centrafricaine, expliquant que c’est la seule voie susceptible de permettre au pays d’avoir une armée digne de ce nom et capable d’appuyer les forces internationales qui tentent d’y ramener la paix.

Honorables Députés, Mesdames et Messieurs,
Parlant du reste du parcours de la transition, les perspectives concernent l’organisation du dialogue politique, la préparation et la tenue des élections.

Pour ce qui concerne le dialogue politique, il était initialement envisagé l’organisation du dialogue à la base dans toutes les préfectures du pays afin de ressouder les fractures sociales nées des évènements avant la convocation d’un forum de réconciliation dans la capitale Bangui.

Mais compte tenu du retard enregistré dans l’organisation du dialogue à la base, les autorités de la transition ont pris la décision de se concentrer uniquement sur la préparation d’un dialogue national qui pourrait être convoqué d’ici le mois de décembre.

L’objectif de ce dialogue politique est de donner la possibilité à toutes les filles et tous fils de Centrafrique de se parler et se pardonner en vue d’une véritable réconciliation nationale.

Etant donné l’enjeu que porte ce dialogue, je demande à tous les pays de notre sous région de la CEMAC ici représentés de nous soutenir dans ce processus.

J’en viens enfin à la question des élections.
Elle est au centre du débat politique en ce moment vu que l’on s’approche de l’année 2015, qui doit être l’année de l’organisation des élections en Centrafrique.

A l’étape actuelle et selon le rapport de l’Autorité Nationale des Elections(ANE) l’échéance de février 2015 ne peut être tenue pour plusieurs raisons dont le manque de moyens financiers disponibles, l’absence de fichier électoral, le nombre élevé des déplacés internes et externes.

Elle estime que si les moyens sont mis à sa disposition, les élections peuvent être programmées pour le mois d’août 2015, sauf qu’à cette période le pays va connaitre la haute saison des pluies ce qui rendraient inaccessibles plusieurs parties du territoire national généralement coupées en cette période.

Les défis que le pays doit relever afin d’aller aux élections sont la mobilisation des ressources en vue du financement des opérations électorales, le redéploiement de l’administration dans toutes les parties du pays afin de favoriser le travail de l’Autorité Nationale des Elections, la réhabilitation rapide des services d’états civils pour permettre la confection des actes d’état civil nécessaire au recensement électoral , le recensement des population pour permettre la conception d’un fichier électoral fiable et le retour des déplacés internes et externes pour crédibiliser les résultats des futurs scrutins.

L’avant projet de la future Constitution qui est actuellement en cours de finalisation devant la Commission Elargie du Conseil National de Transition, devra être adopté par voie de référendum peu avant les élections. Elle consacrera l’inéligibilité des principaux acteurs de la transition aux élections.

Honorables Députés,
Je voudrais pour finir dire que nos périls sont les vôtres car la loi du « chacun pour soi » nous a résolument montré toutes ses limites.

Que nos pays de la sous région continuent de travailler ensemble pour aider la République Centrafricaine à sortir de cette impasse et à se relever.

La solidarité avec laquelle les pays de la CEMAC ont accompagné mon pays depuis le début de cette crise est à féliciter une fois encore et cela témoigne de notre volonté commune de faire de notre sous région un havre de paix et de sécurité.

Pour tout ce qui a été fait, je tiens à remercier très sincèrement leurs Excellences Obiang Nguema Mbasogo, Président de la République de la Guinée Equatoriale, Paul Biya, Président de la République du Cameroun, Dénis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo, Idriss Déby Itno, Président de la République du Tchad et Ali Ben BONGO, Président de la République du Gabon.

Mais puisque le chemin à parcourir reste encore long, je lance un appel de soutien aux pays de la sous région au reste des actions à mener, notamment l’organisation du dialogue politique, la préparation et l’organisation des élections.

Très Honorable Président, Honorables Députés,
Me voici parvenu au terme de mon intervention. Permettez-moi de réitérer ma gratitude et ma reconnaissance au Président du Parlement de la CEMAC mon frère Vincent MAVOUNGOU- Bouyou, aux plus hautes autorités et au peuple frère de la Guinée Equatoriale pour leur accueil empreint d’amour et de chaleur.

Soyez remerciés au nom du Peuple Centrafricain.
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