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Présidentielle en RCA : Touadéra en passe d’être élu, se veut le baume de la Centrafrique
Publié le mardi 5 janvier 2016  |  Alwihda Info
Meeting
© AFP par Issouf Sanogo
Meeting électoral de Faustin Archange Touadera le 28 décembre 2015 à Bangui.
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Pourtant, la communauté musulmane, qui veut définitivement tourner une page sanglante de l'histoire du pays, craint de voir en Faustin Archange Touadera, "la continuité de Bozizé".

Dernier Premier ministre de François Bozizé- renversé par la rébellion Séléka en 2013- le candidat centrafricain Faustin Archange Touadera, pourtant donné outsider de la présidentielle, pourrait bien remporter la course à la magistrature suprême, à la lumière des premiers dépouillements.

Ce cacique de l’ancien régime, qui aspire à réconcilier chrétiens et musulmans, et à tourner la page d’un conflit interconfessionnel meurtrier, suscite toutefois, quelques craintes au sein de la communauté musulmane, qui a peur de voir en lui la continuité de Bozizé, aujourd'hui visé par un mandat d'arrêt international pour "crimes contre l'humanité et incitation au génocide", lors de la crise.

Faustin-Archange Touadéra (58 ans), candidat indépendant, a une courte mais probante carrière politique.

Auparavant Recteur de l’université de Bangui, ce docteur en mathématiques n'avait ni parcours politique, ni passé militant quand il a été choisi par le président François Bozizé pour prendre la tête du gouvernement, le 22 janvier 2008.

Pourtant, très vite, il parvient à se montrer efficace en travaillant "avec ardeur, mais toujours dans l'ombre", selon ses partisans. Il réussit à ne cumuler aucun arriéré de salaire, un exploit, dans un pays où ses prédécesseurs cumulaient des dizaines de mois.

«C’est l’un des meilleurs chefs de gouvernement que le pays a connu», commente Paterne N’Guinda, infirmier, qui considère que «le critère primordial pour définir le bilan d’un chef de gouvernement en Centrafrique est le paiement régulier des salaires des fonctionnaires».

Le 12 janvier 2013, alors que la crise centrafricaine bat son plein, Touadera est démis de ses fonctions, avant la nomination d'un chef de gouvernement issu de l'opposition, première étape prévue par l'accord de sortie de crise signé à Libreville entre pouvoir et rébellion.

Pour la présidentielle du 30 décembre 2015 dont les résultats officiels n'ont pas encore été proclamés, l’ex-premier ministre qui bénificie d'une courte avance sur ses adversaires, a décidé de se présenter en tant que candidat indépendant.

Touadéra se veut le président de "la réconciliation et de l'unité", d'après son programme où "paix, sécurité, cohésion sociale et bonne gouvernance financière", font office de cheval de bataille.

Pour Steve Tangoa, un de ses anciens collaborateurs à la primature rencontré par Anadolu, "son ambitieux programme inclut toutes les questions qui ont été les causes de la crise qu'a connu le pays" durant près de deux ans.

«Dans un pays miné par la division confessionnelle entre les musulmans et les chrétiens, Touadera s’engage en priorité à réconcilier les populations et garantir l’unité nationale. La garantie de cette unité nationale doit obligatoirement passer par la mise en valeur des projets qu'il propose», juge Tangoa, anciennement chargé de mission au gouvernement.

"Bien sûr, l'un des plus grands défis de Touadera, s'il est bel et bien élu, sera de faire face aux bandes armées qui écument sur le territoire national. Il propose pour cela de réformer les forces de défense en enclenchant, dans les meilleurs délais, le processus du désarmement (DDR) afin de résoudre le problème des hommes armés et donc de combattre une des causes de la crise centrafricaine.", explique son proche collaborateur.

"Touadera prévoit, entre autres, une politique d'aménagement du territoire efficace afin de lutter contre les disparités nationales et réintegrer tous les centrafricains. Pour cela, il compte définir un élan de développement national tout en respectant les valeurs confessionnelles de chaque centrafricain et favorisant le dialogue intracommunautaire",souligne-t-il.

Dernier point du programme du candidat, "la bonne gouvernance financière pour résoudre la crise".

"Mobiliser des ressources internes, améliorer le climat des affaires,afin de booster l'emploi, surtout l’emploi des jeunes mais aussi le dialogue avec les différentes communautés", précise Tangoa.

Si le probable président met la réconciliation au coeur de son programme, la communauté musulmane émet dans son ensemble une certaine réserve. "Nombreux sont en effet ceux qui voient dans le visage de Touadéra, celui de Bozizé", explique Zakaria Idriss, président du collectif des cadres musulmans de Centrafrique, rencontré par Anadolu à Bangui.

"La communauté musulmane aspire à tout prix à tourner la page de Bozizé c'est pourquoi elle craint que Touadéra s'inscrive dans la continuité de l'ex-président, qui, rappelons le, a été responsable de nombreuses exactions contre la population", dit-il.

"Au-delà de son expérience et de son efficacité, Tiyadéra demeure le plus fidèle premier ministre de Bozizé", commente pour sa part un leader de l’ex-Seleka, "déçu du scrutin".

Porte-parole de la communauté musulmane du KM5- enclave musulmane de Bangui- Ousmane Abakar, joint par Anadolu, relativise. "Ces élections se sont faites dans la transparence jusqu'à présent. Peu importe le résultat, c'est celui du peuple centrafricain et nous l'accepterons car nous voulons tous la paix", dit-il.

"Une question demeure, toutefois. Le candidat Touadera propose de rendre la justice libre de toutes pressions politiques afin de renforcer la cohésion sociale. Sachant que c’est l’électorat inhérent au KNK le parti fondé par Bozizé, qui l’a plébiscité à Bangui et ses environs, pourra-t-il, sans risque, laisser la justice faire son travail avec les soupçons qui pèsent sur son ancien mentor ?", s'interroge pour sa part Michel Ndalacko, politologue centrafricain.
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