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Art et Culture

Le Rap centrafricain fait face à d’énormes difficultés
Publié le vendredi 5 fevrier 2016  |  RJDH Centrafrique
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Les artistes rappeurs centrafricains éprouvent d’énormes difficultés dans l’exercice de leurs métiers. Le manque d’appui aux artistes centrafricains, le non-paiement des droits d’auteur par le gouvernement constituent le frein au bon fonctionnement des artistes centrafricains. Un fait déploré par Crépin Azouka, coordonnateur du collectif des rappeurs centrafricains au cours d’un entretien accordé au RJDH.

RJDH : Crépin Azouka bonjour !

CA : Bonjour le Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme

RJDH : Vous êtes Coordonnateur des rappeurs centrafricains, le rap centrafricain regroupe combien de disciplines aujourd’hui ?

CA : C’est un collectif qui réuni en son sein des rappeurs, des Slameurs, ceux qui font le RNB, les Brink-danses et les danses urbaines. C’est-à-dire les Yorobo, les coupés décalés et des soukousse mixés.

RJDH : A combien peut-on estimer le nombre des rappeurs centrafricains ?

CA : Après ces derniers évènements, nous avons enregistré 250 groupes de différentes disciplines de Hip-hop.

RJDH : Quelles sont les activités que Vous menez en tant que coordonnateur des artistes rappeurs?

CA : Nous sommes en train de faire des activités sur trois niveaux. Le premier niveau c’est la production, c’est-à-dire nous organisons des spectacles. Le deuxième, c’est la formation sur le management culturel. Ici, le travail de l’artiste demande beaucoup de choses. Un artiste doit avoir un producteur, un directeur de communication, ce doit avoir son didier à lui, et doit avoir son agent. Dernièrement, nous étions à l’Alliance Française de Bangui dans le cadre d’un programme qu’on appelle Africa Music Product Développement (AMPD). C’est un programme qui est initié par le Conseil International de la Musique à travers un expert qui nous a formés sur les plans de la communication, le projet artistique, sur un spectacle, et les tournées. Comment se faire connaître dans le monde de la musique via l’internet, c’est-à-dire utiliser les réseaux sociaux.

RJDH : Parlons un peu des droits d’auteurs en Centrafrique, est ce que les artistes rappeurs bénéficient-t-il de ce droit ?

CA : La situation que nous sommes en train de vivre, est grave, cela après 56 ans d’indépendance. Aujourd’hui, il n’existe pas une loi qui protège les artistes centrafricains. Mais, nous connaissons tous ceux qui ont travaillé dans ce métier, dans cette famille artistique, ils ont beaucoup fait. Aujourd’hui, nous avons une loi qui a été validée en conseil des ministres, elle est déjà transmise au niveau du Conseil National de Transition. Donc, nous attendons avec beaucoup de patience pour que cette loi puisse être votée au niveau du Conseil National de Transition. Si cette loi puisse est promulguée par la présidente de transition, les artistes auront un cadre juridique légal de pouvoir bénéficier de tout ce qui est droit d’auteur, droit voisin et de tout ce qui est droit de diffusion. Un artiste ne vit pas de son art. Et donc, si cette loi est adoptée et promulguée, cela permettra aux artistes d’avoir un arsenal juridique qui les protègera. Cette loi va nous permettre de mettre en place le Bureau de droit d’auteur centrafricain (BUCADA), la brigade anti-piraterie et on mettra en place les équipes qui vont faire les collectes de fonds des artistes.

RJDH : Certains disent que les rappeurs centrafricains font du copier-coller de leurs amis des Etats-Unis et autres. Que répondez-vous ?

CA: La musique en général est comme un océan, la mer ou comme le fleuve et la rivière. La musique est un ensemble. Lorsqu’on arrive dans l’océan ceux qui font la pêche, ils vont pêcher beaucoup de poissons, parfois des serpents. Mais, chacun à sa spécificité. C’est exactement comme le monde de la musique. Nous sommes des artistes centrafricains. Et nous avons notre réalité centrafricaine. Ce qui nous distingue des autres, c’est la créativité ou l’originalité. Cette originalité n’est pas la même qu’un artiste américain, français ou d’un autre continent. Nous ne faisons pas du copier coller. Mais, c’est vrai nous faisons la même chose qui est la musique notamment le Rap. Aujourd’hui, certains disent que le rap est négatif, d’autres positifs. Et donc, du coup, on sent une division. Aujourd’hui, nous parlons de la paix, de la cohésion sociale, c’est dire que nous parlons de la réalité que nous vivons. Mais aux Etats-Unis, c’est le luxe et l’ambiance. Et donc, on ne fait pas du copier coller.

RJDH : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

CA : Je peux citer trois difficultés majeures dont la reconnaissance des droits d’auteur, l’insuffisance d’appui technique, financier pourquoi pas logistique et la dernière, c’est au niveau du public. Aujourd’hui, lorsque tu fais du Rap, le Hip-hop, le RNB et les cultures urbaines, il y a une sorte de stigmatisation.

Si un rappeur passe, certains disent que c’est un enfant perdu ou encore un voyou. Donc, la population n’arrive pas encore à nous accepter dans la communauté pour pouvoir nous soutenir du point de vue de l’admiration.
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