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Mohamed Dhaffane (Séléka Rénovée) : "Pourquoi j’ai choisi le professeur Faustin Archange Touadera"
Publié le mardi 9 fevrier 2016  |  Al Wihda
Le
© Autre presse par DR
Le Général Mohamed-Moussa Dhaffane
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A l'attention de mes compatriotes et les amis de la République Centrafricaine

Le peuple Centrafricain dans son ensemble a décidé de mettre fin aux différents cycles de violences et des hostilités sur toute l’étendue du Territoire national. Personne ne peut rien contre la volonté du Peuple. Et Dieu aime le peuple, mon peuple. Je suis fier d’appartenir à cette catégorie de compatriotes qui déclarent, tout comme moi, à qui veut l’entendre : Plus Centrafricain que moi tu meurs !!!

Certains de mes anciens camarades pensent que j’ai trahi la Séléka, que je défends mes intérêts égoïstes et personnels ; d’autres individus croient que je veux plaire pour échapper à la justice. Dernièrement encore, par erreur d’un journaliste, un groupe de personnes m’a précipitamment accusé de prétendre « injustement » représenter la Communauté musulmane Centrafricaine.

Voici mes réponses pour éclairer les lanternes.

TRAHISON ? :

Non ! Je n’ai pas trahi la Séléka mais j’ai plutôt combattu les esprits belliqueux, extrémistes et divisionnistes imbus de vengeance qui avaient pris le contrôle de la Séléka. Sur ce, je suis en parfaite adéquation avec les intérêts supérieurs de mon pays. Si cela s’appelle trahison, alors je suis fier d’être un traître, mais un traître pour mon pays contre les fauteurs de troubles.

Lorsque j’ai signé l’Accord de cessation des hostilités de Brazzaville, la direction de la Séléka m’a suspendu pour motif de « Haute Trahison » (rires). J’ai été taxé de traître juste parce que j’ai signé un accord qui a progressivement ramené la paix dans notre pays. Alors, puisque le ridicule ne tue pas, je suis traître. Le peuple n’est pas naïf.

Par ailleurs, je connais ceux de mes anciens camarades qui veulent maintenir les groupes armés de la Séléka en l’état pour continuer à tirer sur les ficelles. Je refuse catégoriquement. Il y’a aussi de nouveaux arrivants dans la danse. Mais cela ne marchera point. Jamais. Les Centrafricains, musulmans et chrétiens confondus, ont opté pour la voie des urnes, la démocratie, la cohésion sociale et la réconciliation nationale, ensuite le développement économique et social.

INTERÊTS EGOÏSTES ?

Non ! Que ces détracteurs aigris m’apportent les preuves de leurs allégations. Une seule preuve. J’ai plusieurs fois été rapproché pour être responsabilisé. J’ai refusé. Mon combat actuel est un combat de paix, de cohésion sociale, de justice et de réconciliation nationale.

Depuis que j’ai demandé l’application de l’Accord de N’Djamena qui a permis la démission de Michel Djotodia et de son gouvernement, d’aucuns ont cru que je voulais être premier ministre. Effectivement, j’ai été désigné par une frange de la Séléka. J’assume. Mais je ne fais pas la guerre pour cela.

Néanmoins, pendant que mes adversaires m’attendaient sur le terrain de la contestation systématique et aveugle, ma démarche toujours républicaine les a tous désarçonné. Je n’ai appuyé aucune violence, approuvé aucun projet de déstabilisation pour faire appliquer l’Accord de N’Djamena. Au contraire, j’ai usé de tout mon savoir-faire et toute mon influence pour appeler les uns et les autres à la paix et à la retenue. J’ai dénoncé toutes les tentatives de relance des hostilités.

Aussi, avec l’appui de l’Organisation des Jeunes Musulmans Centrafricains (ORJEMUSCA) et l’Autodéfense du KM 5 ainsi que les notables et les opérateurs économiques, j’ai pu faire ouvrir cette enclave aux patrouilles des Forces internationales et, ainsi, poussé vers le processus de la pacification. La réalité est là, têtue et ostensible.

Fort de ce succès au KM 5, j’ai créé l’association Matabissi Ti Siriri, avec laquelle des activités appelant à la tolérance ont été menées, parfois relayées par la presse. Cette association a fait un travail de proximité considérable pour la cohésion sociale.

ECHAPPER A LA JUSTICE ?

Non ! Mais vraiment non ! Je n’ai pas apporté mon soutien au Professeur Faustin Archange Touadéra pour me dédouaner de ce que me reprochent mes compatriotes et encore moins pour me dérober de la Justice de mon pays ou de la Justice internationale. Je suis tout à fait disposé à répondre à toute interpellation pour rendre compte à mon Peuple.

Déjà la Justice m’a rendu un jugement de NON LIEU dans l’affaire qui m’avait opposé, mon petit frère et moi, au pouvoir de la Séléka en 2013. Ils m’avaient arrêté parce que j’ai refusé de cautionner les dérives du pouvoir et les exactions contre les populations. En parfaite harmonie avec mon peuple, j’avais dénoncé la barbarie du pouvoir de la Séléka malgré tous les avantages que j’y avais. J’ai dit haut et fort que : « … on ne peut pas continuer à prendre les populations civiles en otages ». Voilà pourquoi mes anciens camarades me dénigrent continûment à tout bout de champ.

Et ce n’est pas fini. A la tribune du Forum National de Bangui, j’avais dit : « … il n’y a pas de réconciliation sans justice ». Je continue de me battre pour qu’il n’y ait plus d’impunité, et pour que la chaine pénale soit plus indépendante et plus juste, à la grande satisfaction des victimes. Est-ce qu’on peut dire de quelqu’un qui prône ces valeurs républicaines, qu’il veut échapper à la justice ?

Je veux demeurer digne d’être Centrafricain. Je veux que ma famille soit fière de moi. Je veux que le nom Dhaffane ne soit pas souillé par ma faute personnelle. C’est pourquoi, je suis disposé à payer pour quelque crime que ce soit, si je venais à être jugé coupable. Je ne suis pas un fuyard. Pendant que d’autres se sont retirés à l’extérieur, moi, je suis resté à Bangui pour contribuer à l’apaisement général et à la paix.

C’est aussi pour réparer le mal commis, que je ne m’exonère pas d’apporter ma modeste contribution en faveur du retour de la paix, de la cohésion sociale et surtout de l’Ordre constitutionnel.

POURQUOI AI-JE PREFERE TOUADERA ?

Guidé par le bon sens et fort des informations en ma possession, j’ai choisi le Professeur Faustin Archange Touadéra qui a longtemps occupé le poste de Premier Ministre sans arrogance et sans dualité, et qui a fait preuve de constante humilité. C’est aussi un travailleur acharné. On ne l’a jamais entendu en déphasage avec les réalités Centrafricaines, aucun ressentiment contre les musulmans, aucune déclaration discriminatoire en privé comme en public, aucun soupçon de quoi que ce soit. Il sera naturellement un bon professeur pour son gouvernement. Le pays a besoin de pédagogie politique et de rigueur financière.

Mon autre raison plus tactique et plus pragmatique pour renforcer le retour de la paix, est que la plupart des Antibalaka soutiennent le Professeur Touadéra. Il est donc, à mes yeux, plus judicieux que la majorité de la Séléka soutienne ce même candidat pour prémunir le pays de toute éventuelle reprise des hostilités, si ce n’est contre les ennemis de la Nation. Alors là, nous nous retrouverons tous, en tant que Centrafricains, dans une union sacrée, contre les ennemis de la paix et du peuple.

Enfin, sur le plan relationnel et affectif, j’ai choisi le Professeur Touadéra, parce que nous avons été, lui et moi, circonstantiellement dans une situation de similitude. Et j’ai découvert son humanisme, son grand cœur. Lorsque j’ai été arrêté par la Séléka, le pouvoir avait cherché à mettre la main sur mon épouse. Elle a dû se réfugier avec sa fillette au sein du BINUCA (actuelle MINUSCA). Elle a été la voisine directe du Professeur et sa famille. C’était le mois de Ramadan. Les deux familles ont cohabité sans peur, sans suspicion, sans réticence et en toutes bonnes relations de bon voisinage. Voici là une preuve de la grandeur d’esprit de ce compatriote, Homme d’Etat, non rancunier et non ségrégationniste.

Quelqu’un qui veut échapper à la justice cherche des refuges, une amnistie ou un protecteur. Or, moi, je n’ai discuté aucun préalable ni aucun accord pour m’aligner derrière celui que j’ai librement décidé de soutenir pour devenir le champion de la finale électorale, sans inimitié ni rancune mais de manière républicaine. Nous travaillons à sa victoire prochaine. Nous y croyons fermement.

EST-QUE JE REPRESENTE LA COMMUNAUTE MUSUMANE ?

Là encore NON et NON !!! Je n’ai jamais prétendu parler au nom des musulmans contre les chrétiens. Ce serait une aberration ! Une abomination !

Si j’ai bonne mémoire, Victor Hugo avait écrit : « parler pour les pauvres, ce n’est pas parler contre les riches » et « il faut limiter la pauvreté sans [jamais] limiter la richesse », fin de citation. Si à quelques occasions, il m’a fallu citer les musulmans dans certaines allocutions, c’est pour parler de discrimination. Et j’ai pu lever l’équivoque lors du Forum National de Bangui en disant que la discrimination n’est pas l’apanage de la République Centrafricaine, car ces problèmes se posent aussi dans les grandes démocraties occidentales. J’avais même cité en l’occurrence la France, les Etats Unis et autres.

Je suis conscient que pour donner des consignes politiques à une communauté religieuse, il faut en être le chef spirituel, le guide, l’imam, etc. Or je ne suis rien de tout ça. Je ne suis qu’un homme politique, patriote, amoureux de mon seul et unique pays composé de musulmans, de chrétiens et autres. Je me dois de le défendre avec toutes ses composantes sociales et ses valeurs culturelles et cultuelles.

Dans ma déclaration de soutien au Professeur Faustin Archange Touadéra, j’ai demandé pardon au peuple Centrafricain avec une très pointue précision comme suit :

« … avant de vous livrer mon message politique, je voudrais demander un pardon spirituel à Dieu, notre Créateur, parce que je reconnais avoir péché et trahi les Commandements de Dieu. Je demande, une fois encore, un pardon sincère à tout le peuple Centrafricain (musulmans, chrétiens et autres), aux expatriés victimes sur le sol Centrafricain, et aussi demander pardon à l’humanité toute entière ». Car la Séléka n’a pas fait du tort qu’aux seuls chrétiens mais aussi aux musulmans. Tout comme les Antibalaka, mais à l’inverse. Nous avons tous péché. Je le reconnais.

Dans cette même déclaration de soutien, j’ai lancé mon appel de la manière suivante :

« … au nom de tous ceux qui m’accompagnent dans ma lutte pour la paix et la réconciliation, au nom de la Séléka Rénovée Paix et Justice, au nom de Matabissi Ti Siriri pour la cohésion sociale, au nom de tous mes soutiens à l’intérieur comme à l’international, et après consultation effective de tous nos organes de fonctionnement,

J’ai décidé de prendre mes responsabilités devant l’Histoire en déclarant que : nous avons choisi de soutenir la candidature du Professeur Faustin Archange TOUADERA à la Magistrature Suprême de l’Etat Centrafricain. Nous appelons à voter pour lui. » Peut-on comprendre cela comme un appel aux seuls musulmans ? Non ! Et ce serait discriminatoire de ma part, mesquin aussi.

Tout en étant convaincu que beaucoup de mes compatriotes musulmans – puisqu’ils sont nombreux à venir discuter les modalités de la campagne après ma déclaration à la radio - suivront mes consignes de vote. Et j’ai pris l’engagement de n’en faire pas un fonds de commerce politique. Grâce soit rendue à Dieu Le Tout Puissant Le Tout Miséricordieux, Dieu de Centrafrique, Dieu de paix et d’amour.

Voilà chers compatriotes et chers amis de la Centrafrique, cette mise au point de clarification que je juge nécessaire pour rassurer l’opinion publique nationale et internationale de la non ambigüité de ma démarche politique républicaine, non exclusive, nationaliste, juste et constante.

Fait à Bangui, le 8 février 2016

Mohamed-Moussa Dhaffane,
Président de Matabissi Ti Siriri,
Président de la Séléka Rénovée,
Signataire de l’Accord de Brazzaville,
Ancien Ministre d’Etat
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