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"Le pape a ouvert les portes et fait tomber les murs"
Publié le vendredi 12 fevrier 2016  |  Journal de Bangui
Le
© Autre presse par DR
Le Pape François.
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Chacun dans le pays reconnaît que la visite du pape en novembre 2015 a permis à la ville de Bangui de s’apaiser

"La paix que nous vivons, c’est grâce au Pape", résume Saoudi Abdouraman Dodo, un porte-parole de la communauté musulmane de Bangui. Chacun ici fait remonter l’accalmie en Centrafrique à la visite des 29 et 30 novembre 2015. Pour sa dernière étape en terre africaine, après l’Ouganda et le Kenya, le pape François avait "ouvert les portes et fait tomber les murs", explique le P. Jésus Martial, vicaire général de Bangui.

"Il est rentré avec les chrétiens. Il en est sorti avec les musulmans"

Il a ouvert la porte sainte de la cathédrale de Bangui pour lancer le Jubilé de la miséricorde. "Il a ensuite dit la messe pour les consacrés avant de se placer devant la cathédrale, à ciel ouvert. N’importe qui pouvait le tuer. La foule des jeunes l’a ovationné."

Au petit jour, le lendemain, le pape est allé à la mosquée centrale de Bangui, dans le quartier PK5. Là aussi, acclamé. "Il est rentré avec les chrétiens. Il en est sorti avec les musulmans", se souvient le vicaire général, pour décrire le cortège d’habitants qui l’ont escorté du quartier musulman jusqu’au "stade des 20 000 places" pour une messe.

Ahamat Deliris, du Comité islamique centrafricain, résume: "Nous l’avons suivi au stade. Ensuite il a parlé. On l’a écouté et tout est rentré dans l’ordre". Il n’a pas oublié, pour autant, "les 476 mosquées détruites par les anti-balakas". Mais il constate que l’activité commerciale a repris dans PK5, "le centre commercial de Bangui".

"Cet homme a pris des risques personnels"

"Il nous a libérés. Depuis cette visite, nous pouvons circuler dans la capitale. Il a fait comprendre à nos frères chrétiens que nous avons notre place en Centrafrique. D’ailleurs, avant son arrivée, nous étions à 100 % favorables à cette visite", témoigne Saoudi Abdouraman Dodo.

Ce n’était pas le cas, notamment, de diplomates et militaires français qui redoutaient les risques encourus pour le pape et la population locale. L’ambassadeur de l’Union européenne se souvient de ces deux jours. Jean-Pierre Reymondet-Commoy estime aujourd’hui que le pape "a donné un élan qui permet désormais un bon déroulement des élections. L’ovation dans le stade qui l’attendait, pour saluer l’entrée de l’imam qui l’accompagnait, était saisissante. Cet homme a pris des risques personnels. La papamobile bricolée par la Minusca montrait son humilité, dans ce pays où il n’y a rien de luxueux".

Mgr Thaddée Kusy, l’évêque de Kaga Bandoro, un franciscain d’origine polonaise installé depuis 1979 en Afrique, a suivi la visite de l’intérieur. Il insiste sur le "courage physique de venir, ici, sous la chaleur, pour ce presque octogénaire".

[b Le pape a montré qu’il "est possible de vivre en paix ensemble"

Et a admiré sa façon de se comporter. "Il n’a pas délivré que des paroles. Il s’est donné aux gens. Il n’y avait qu’à voir, au déjeuner qu’il a partagé avec nous après sa visite, les manches de sa soutane salies jusqu’aux coudes. C’est un prophète." Le pape a montré qu’il "est possible de vivre en paix ensemble", poursuit l’évêque.

Tout n’est pas réglé en Centrafrique. Le lendemain, "un musulman a été assassiné. Nous avons convaincu nos jeunes de ne pas répliquer. Cela nous a permis de prouver à nos frères chrétiens que nous ne voulions pas que ce conflit continue", explique Saoudi Abdouraman Dodo. Par quelques gestes simples, le pape a fait comprendre que la paix valait plus que la guerre.
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