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Abus sexuels en Centrafrique: "plus personne ne pourra se cacher" (ONU)
Publié le vendredi 26 fevrier 2016  |  AFP
Parfait
© Autre presse par DR
Parfait Onanga-Anyanga, le Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca)
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Face à la multiplication des cas présumés d'abus sexuels commis par des Casques bleus sur des civils en Centrafrique, le chef de mission de l'ONU (Minusca), Parfait Onanga-Anyanga assure que désormais, "plus personne ne pourra se cacher".

Question: Les scandales d'abus sexuels sur des civils se multiplient, à combien en est-on aujourd'hui?

Réponse: Nous avons recensé à l'heure actuelle 42 cas d'abus sexuels depuis le début de notre mandat (en septembre 2014, NDLR), ce qui est beaucoup trop. Par rapport aux autres missions des Nations unies dans le monde, nous avons tristement la palme d'or (parmi 16 missions dans le monde, 30% des cas d'abus sexuels commis l'an dernier sont attribués à la Minusca, NDLR).

C'est une abomination d'avoir des forces de maintien de la paix des Nations unies qui profitent d'une situation humanitaire qui est déjà elle-même calamiteuse.

Je suis extrêmement choqué de voir la corrélation entre les camps des déplacés et les lieux où ces abus sexuels se produisent, signe que cela frappe surtout les plus vulnérables. Ce que je peux dire, c'est que ce ne sont certainement pas les derniers cas, il n'y a pas de raison que cela s'arrête là, maintenant que les langues se délient.

Si je dois révéler 1.000 cas d'abus sexuels commis par mes troupes, je le ferai. Plus personne ne pourra se cacher.

Q: Comment expliquez-vous qu'une telle proportion de cas d'abus sexuels concerne la Minusca?

Ce qui se passe ici ne s'est pas produit par hasard. Nous sommes dans un pays meurtri et profondément déstructuré par les conflits répétés où malheureusement ceux qui n'ont plus rien se trouvent livrés à la merci des prédateurs pour survivre.

Il faut comprendre que beaucoup de cas remontent à 2014, alors que régnait le chaos, même s'ils sortent aujourd'hui. Nous avons hérité de troupes de la force sous-régionale Misca, qui sont passées sous commandement onusien: elles ont simplement changé de casquette.

Nous nous sommes donc retrouvés avec des soldats qui étaient déjà ici depuis longtemps, certains depuis 2013, sans rotation sur le terrain ou très peu, et c'est un gros problème.

Par exemple la France organise des relèves tous les quatre mois, les Bangladais tous les six mois. Mais certaines troupes sont ici depuis plus de deux ans, elles ne sont jamais reparties chez elles. Or on est là sur un terrain extrêmement difficile, les soldats ont besoin de rentrer chez eux et recharger les batteries.

La responsabilité première incombe aux Etats membres de relever le niveau et de s'assurer qu'ils envoient des hommes en uniforme qui sont formés et qui comprennent bien les missions qui sont les leurs. Malheureusement ce n'est pas toujours le cas.

Si la structure de commandement des contingents n'est pas solide, les soldats commencent à faire un peu n'importe quoi.

Q: Le secrétaire général de l'ONU prône une politique de "tolérance zéro". Comment cela est-il mis en oeuvre?

R: Nous traitons les questions d'abus sexuels du point de vue des victimes, pour que cela ne se reproduise pas. Déjà, des mesures fortes ont été prises: renvoi de tout un bataillon (RDCongo, NDLR) en raison de la multiplication des allégations d'abus sexuels et casernement de 120 soldats d'un autre contingent (Congo, NDLR) en attendant que les enquêtes soient menées. L'idée est claire: c'est de dire halte à ce type d'attitude.

De plus, nous avons été jusqu'à donner des noms de pays (dont les contingents sont accusés, NDLR) ce que nous n'avions jamais fait auparavant.

Il y a aura également une politique de tolérance zéro contre l'impunité. Nous voulons que ceux qui ont commis ces actes rendent des comptes et nous travailleront avec les pays d'origines pour qu'une fois le soldat renvoyé chez lui il y ait une justice.

Les pays doivent comprendre qu'ils ne peuvent pas protéger des criminels car cela reviendrait à commettre un double viol. C'est pourquoi le secrétaire général (Ban Ki-moon) a pris les dispositions pour retenir les paiements qui sont dus aux pays d'origines des troupes si au bout de 6 mois ils n'ont pas rendu compte des mesures qui ont été prises pour que la justice soit rendue. C'est en train d'être appliqué, on a déjà fait des rétentions de paiement à l'endroit de certains pays.

Et nous irons plus loin encore. Si des pays deviennent des protecteurs de criminels, ils n'auront plus leur place dans les opérations de maintien de la paix.
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