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Interview du président du FPP Philippe Alexandre Goumba – radio notre dame 10 mars 2016
Publié le lundi 14 mars 2016  |  Centrafrique Libre
Centrafrique:
© Autre presse par DR
Centrafrique: Alexandre Goumba siffle la fin de l’errance au parti fpp et lance les chantiers de reformes
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Le banquier et président du Front Patriotique pour le pouvoir (FPP) M. Philippe Alexandre Goumba souhaite que le patronat travaille de concert avec l’Etat pour promouvoir le développement de la RCA. Il se félicite aussi pour l’élection de Faustin Archange Touadera qu’il juge comme une chance pour son pays à l’ère de sa refondation. PAG s’est confié à nos confrères de la radio Notre dame:

1- Quelle image avez-vous du Patronat centrafricain et de ses relations avec l’Etat centrafricain, les Syndicats centrafricains et les partenaires du développement ?

Le GICA et l’UNPC sont les deux organisations patronales représentant les dirigeants des entreprises centrafricaines. Avec l’Etat centrafricain et les organisations syndicales, ils jouent, à mon point de vue, un rôle de premier plan dans le débat sur le développement économique et social de la Centrafrique. Et je pense, en tout cas, j’appelle de tous mes vœux, que le changement de régime qui est porteur d’un immense espoir amènera le Patronat à pouvoir montrer sa vraie dimension. Pourquoi sa vraie dimension ?

2- Pourquoi sa vraie dimension ?

Lorsque j’ai participé à des réunions du Patronat, particulièrement à celles du GICA, le problème de la fiscalité revenait de façon récurrente comme sujet de discussions. Notamment la persistance des tensions avec les régies financières placées sous le Ministère des Finances : Impôts et douanes. De quoi se plaignaient les entreprises? Sauf erreur ou omission de ma part, la convocation régulière des Directeurs Financiers de leurs entreprises par les régies financières et douanières ou les visites des Inspecteurs des Impôts pour leur signifier des redressements fiscaux accompagnés de pénalités représentant régulièrement 100% de l’impôt dû. Il leur est expliqué qu’ils ne se sont pas acquittés comme il se doit de la totalité de l’impôt, qu’ils auront à régulariser, pénalités comprises. Pour des entreprises assujetties à l’impôt dont elles estiment s’acquitter sans dissimulation régulièrement en fonction des barèmes ou des tranches, la surprise est grande et souvent désagréable, car les bases de calcul semblent diverger. De ce fait, Il y a un sérieux problème de communication, dont les conséquences peuvent être désastreuses. En effet, Régies financières et Directeurs Financiers des entreprises ne s’accordent pas souvent sur les montants qu’ils ont payé au Fisc et ceux que le Fisc leur réclame. Les Inspecteurs qui sont leurs Gestionnaires d’arrondissement, leur présentent de nouveaux textes de Loi de Finances correctives ou d’Application intervenus en cours d’exercice portant relèvement des plafonds d’imposition et qui sont diffusés très tardivement alors qu’ils continuent à payer leur impôt sur l’ancienne base dont l’annulation ne leur a pas été signifiée. Plus elles sont tardivement informées, plus le poids des pénalités s’alourdit allant souvent jusqu’à 100%. Ces communications tardives ne leur permettent pas de modifier à temps les sommes qu’elles doivent déclarer afin d’être en harmonie avec les nouveaux barèmes. La désapprobation par les Directeurs Financiers des entreprises s’oppose alors à l’intransigeance des Régies financières qui leur rétorquent que nul n’est sensé ignorer la Loi. Ce qui crée alors des tensions qui aboutissent à une certaine radicalisation des deux parties qui estiment chacune être dans son bon droit. Dotés de pouvoirs légaux, les Régies financières et douanières utilisent l’arme de la coercition par des fermetures d’entreprises, des saisies, des blocages de comptes bancaires, des mises sous séquestre qui contraignent les entreprises à négocier des paiements échelonnés. Il arrive que ces paiements échelonnés ne soient pas toujours bien suivis par l’une ou l’autre des deux parties dont les échéanciers présentent des différences de solde. Ce qui, à nouveau peut être source de tensions.

Il n’est donc pas étonnant que les débats au sein du Patronat sur cette catégorie de problème occupent une place non négligeable. Ce qui n’améliore pas le climat des affaires, provoque souvent des bras de fer avec l’Administration fiscale. A la longue, et là c’est mon point de vue que j’espère être partagé par d’autres citoyens ,s’installe de part et d’autre un climat de suspicion entre, d’une part les Régies financières et douanières qui considèrent qu’il y a , parmi les entreprises assujetties, des entreprises qualifiées de « non citoyennes » ou de « fraudeurs » qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu . Et d’autre part le Patronat, qui, dans un contexte général caractérisé par la corruption, la mauvaise gouvernance et l’impunité estime qu’une partie des fortes pénalités qui leurs sont appliquées ou des montants qu’ils doivent payer revêtent un caractère de racket avec des pénalités représentant 100% du montant de l’impôt. Ces 100% sont trop élevés et aspirent les liquidités des entreprises. On en arrive à ce que certaines entreprises citoyennes, prônant leur bonne foi prennent la décision de plier bagage. Il arrive aussi que les Institutions de Bretton Woods soient saisies pour apaiser les tensions. Je constate que lorsque ces deux grandes structures : Patronat et Régies financières et douanières en arrivent à porter mutuellement des jugements négatifs, l’une sur l’autre, l’une comme racketteur, l’autre comme fraudeur, ce n’est pas bon pour l’économie, ni pour les investissements.

3- Quelles solutions préconisez-vous ?

A mon avis, le Patronat et l’Etat forment naturellement un duo qui doit assurer, dans la confiance mutuelle et la sérénité, le développement économique et social de la République Centrafricaine. L’Etat centrafricain a besoin de la voix du Patronat pour inviter les investisseurs étrangers à venir s’installer dans notre pays , car notre économie qui n’a pas du tout un caractère émergent, bien que richement dotée en ressources naturelles a une taille et un poids très limités pour assurer une croissance rapide et soutenue face aux très lourdes charges tant financières que technologiques requises pour lancer et assurer une croissance durable. L’impôt en Centrafrique est très nettement insuffisant pour soutenir le développement national. Le Patronat est l’une des structures du paysage économique et social les mieux placées ou les mieux indiquées pour attirer les investisseurs étrangers ou promotionner les investissements nationaux. Mais dans un tel climat que celui actuel, je ne pense pas que malgré sa bonne volonté, il soit dans les meilleures dispositions pour jouer ce rôle et se contente du strict minimum.

4- Cela signifie-t-il que le patronat peut faire davantage ?

Bien sûr et sans aucun doute. Le patronat est une des structures les mieux placées pour mettre en place les cadres d’un dialogue permanent avec les syndicats, les institutions financières internationales de financement du développement qui sont souvent en discussion avec l’Etat sur la Dette publique, la balance des paiements, l’octroi de prêts, etc…

Notre pays peine à décoller car il présente de profonds déséquilibres structurels dans ses fondations, à savoir le déséquilibre des trois principaux Secteurs d’activité qui se répartissent entre le Secteur Primaire : qui est l’extraction des ressources Agricoles et Minérales. Le Secteur Secondaire : qui est la transformation des ressources agricoles et minérales issues du Secteur Primaire en produits de consommation ou en consommations intermédiaires et le Secteur Tertiaire : qui est la commercialisation des produits issus du Secteur Secondaire ou celle des produis importés pour pallier aux faiblesses des 2 premiers Secteurs. Le Secteur Secondaire, celui qui ouvre la voie à l’industrialisation est très léger. Il faut le rééquilibrer en lui donnant davantage de poids. Il est évident que le patronat est bien placé, dans le Secteur Secondaire pour aider à la création d’une Chambre d’Industrie, des Mines, et de l’Artisanat qui sans aucun doute sera un partenaire incontournable du développement durable des industries de transformation, de la formation des jeunes dans les filières professionnelles du Bâtiment-travaux Publics, de l’Electricité, de la Mécanique, de la Plomberie, de la multiplication des lycées techniques, du développement des PME-PMI, etc…

Dans le Secteur Primaire, là aussi le patronat est bien placé pour aider au retour de la Chambre d’Agriculture qui a disparu à cause du népotisme et de la mauvaise gestion mais qui, sans aucun doute est un partenaire incontournable du développement durable des filières agricoles : coton, café, tabac, etc…Filières qui sont toutes sinistrées, laissant en désuétude des cultures entières envahies par la végétation luxuriante, et des paysans en chômage ne sachant plus quoi faire dans des campagnes où vivent la majorité des Centrafricains.

Dans le Secteur Tertiaire, le patronat est également bien placé pour aider à restructurer complètement l’actuelle Chambre de Commerce et d’Industrie qui sans aucun doute demeure un partenaire incontournable du développement durable du Secteur des Services mais qui est très mal en point. Il faut, par ailleurs, transférer l’industrie à la Chambre des Mines et de l’Artisanat si, il arrivait que le développement sectoriel soit coiffé administré et géré par des Chambres. A mon avis, l’utilité des Chambres est toujours d’actualité car l’Etat Centrafricain ne peut pas gérer et administrer seul le développement.

Autant d’opportunités qui sont offertes pour faire davantage, mais qui sont occultées sur le terrain financier par des tensions nées des litiges fiscaux et douaniers persistants et perturbants, terrain sur lequel le Patronat est souvent entrainé. Ce qui le gène dans la diversification de ses actions, notamment celles que j’ai décrites précédemment.

5- Quel doit être le rôle de l’Etat dans sa relation avec le Patronat ?

Le Patronat ne peut réaliser ces actions sans L’Etat dont le rôle est de lui venir en appui en lui apportant sa caution morale comme garant de la stabilité, de la paix, de la sécurité, de l’impunité, de l’intégrité de ses dirigeants. Le nouveau régime du Président Faustin Archange TOUADERA porteur d’un grand espoir de rassemblement de tous les Centrafricains soucieux de sortir de la stagnation et de la régression dans laquelle ils ont toujours été plongés devra porter une attention particulière sur les relations avec le Patronat, notamment le Ministère des Finances et les Régies Financières qui gèrent la fiscalité des Entreprises et des Particuliers. Apaiser, expliquer, faire beaucoup de communication sur les changements qui interviennent sur les textes de Loi. La très faible fluidité de la communication est bel et bien au centre de ces tensions dont les conséquences sont négatives pour le développement.

Le nouveau régime du Président Faustin Archange TOUADERA devra rompre avec les pratiques du passé qui sont celles de l’affrontement permanent, de la méfiance et trouver dans le patronat un partenaire sûr qui l’accompagnera dans ses actions. Faire de telle façon que les Directeurs et Responsables des Régies financières et douanières et autres sociétés d’Etat soient au-dessus des soupçons qui entretiennent un mauvais climat. C’est donc une image qu’il faut changer. Et lorsque les relations entre le patronat et les syndicats viendraient à se tendre, l’Etat apparaitrait comme un modérateur, un rassembleur, un arbitre juste et équitable poussant en permanence au dialogue et non un diviseur injuste et partisan mû par la corruption. La bonne communication, celle qui est fluide et rapide est, plus que jamais l’un des paramètres qu’il faut introduire dans les relations entre le Patronat et le Gouvernement. Ceci dit, les Régies financières doivent mener une lutte sans complaisance contre les entreprises non citoyennes.

6- Vous étiez en train de parler du nouveau Régime du Président Faustin Archange TOUADERA qui doit rompre avec les pratiques. Mais, aux dernières nouvelles, nous apprenions qu’un collectif de personnes qui l’ont soutenu dans cette campagne présidentielle en RCA voudrait s’organiser pour essayer de réfléchir sur certains aspects de la vie socio-économique du pays en attendant la mise en place du futur Parlement. Comment réagissez-vous à de telles initiatives qui sont en train de se constituer à l’horizon ?

Il est vrai qu’un collectif composé de quelques anciens candidats malheureux à l’élection présidentielle et qui ont apporté leur soutien au second tour s’est constitué autour du Président et, semble-t-il cherche à combler un vide jusqu’à la mise en place de l’Assemblée Nationale. Il me semble, que les Institutions de la Transition, notamment le CNT sont toujours en place et assurent la continuité. Quand bien même, les Députés de la Nation seront élus après l’investiture, et éventuellement après la nomination du Premier Ministre et la mise en place du Gouvernement, il appartiendra à d’autres instances officielles telles que le CNT, les Nations Unies par le BINUCA et la Minusca, la CEEAC, le Médiateur de la crise , le Président Denis SASSOU NGUESSO, le G5 qui est le groupe des internationaux qui appuient tous la RCA au travers de la Transition de proroger pour 1 mois maximum le mandat du CNT afin d’éviter le vide législatif. A mon avis, cette initiative quelque peu inhabituelle et précipitée, pourrait faire croire que le Président n’a pas de programme comme l’a dit un journaliste de RFI et j’ajouterai pas de Conseillers ou encore que les appuis internationaux que j’ai cités n’existent pas. Par ailleurs, on n’arrive pas au pouvoir sans programme. A mon avis, les recommandations formulées ou qui seront formulées par ce collectif dont le nombre et la représentativité sont limités de façon non inclusive à quelques anciens candidats malheureux à l’élection présidentielle ne doivent pas être de nature à engager maintenant ou demain le Président de la République, ni à lui lier les mains. Il ne s’agit que de recommandations. Tout comme beaucoup de citoyens, regardons et écoutons ce collectif en ayant à l’esprit que tout un chacun devra, et de façon collective ou individuelle, laisser la latitude au Chef de l’Etat pour nommer ses Conseillers, son Premier Ministre, qui à son tour proposera les Membres du Gouvernement, et d’autres dirigeants qui appliquerons le programme pour lequel il a été élu.
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