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L’évasion d’Abdoulaye Hissène ou les carences d’une République fictive
Publié le lundi 21 mars 2016  |  LNC
Abdoulaye
© Autre presse par DR
Abdoulaye Hissein
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BANGUI — Il y a un an encore, il était ministre de la Jeunesse et des Sports du gouvernement de transition de Catherine Samba-Panza, et même en sus, conseiller à la présidence. Abdoulaye Hissène pour ne pas le nommer, il y a quelques jours en s’évadant des locaux de la Section de Recherche et d’investigation (SRI) à Bangui, a mis à jour les carences béantes d’une République qui n’en possède que le nom.

Abdoulaye Hissène est le fondateur et président d’une bande armée rebelle dénommée Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) qui, en devenant une des composantes de la coalition Séléka, se muera en Rassemblement patriotique pour le renouveau de la Centrafrique (RPRC).
Comme d’autres chefs rebelles ayant déstabilisés en profondeur la RCA et avec des meurtres à grande échelle, la présidente de transition Samba-Panza opta, non pas – ce qui eut été logique – de les poursuivre, mais par peur pour elle des représailles de la part de ces rebelles, de les intégrer dans son gouvernement; brouillant ainsi les radars en cautionnant l’impunité par la promotion. Une espèce de prime à la criminalité.
LES FAITS

L’ancien “ministre conseiller” Abdoulaye Hissène est appréhendé le 15 mars 2016 aux environs de 16 heures à l’aéroport Bangui M’Poko par les forces de sécurité intérieure.
Il sera aussitôt amené dans les locaux de la SRI aux fins d’enquête, selon les propos du Procureur de la République auprès du tribunal de grande instance de Bangui, Ghislain Grézenguet.
Mais, vers 21 heures de ce même jour, 4 pick-up 4×4 venus du Kam 5, avec à leurs bords des individus lourdement armés prennent d’assaut le bâtiment où il est détenu et le libèrent sans rencontrer de résistance de la part des gendarmes. Il s’agissait de ses propres hommes du RPRC.

« Un commando lourdement armé a attaqué le bâtiment où était détenu ce chef Séléka pour le libérer. [..] Le nombre d’assaillants surpassait largement les gendarmes qui gardaient les lieux et qui n’ont pas eu d’autre choix que de laisser faire.», déclare Ghislain Grézenguet.

L’évadé parle ensuite librement à la Presse
«Comme aucun motif d’arrestation ne m’a été notifié, mes hommes sont venus me libérer sans violence, en procédant seulement à des tirs d’intimidation. Et personne n’a été blessée. Cette arrestation est arbitraire. [..]

Quelles sont les charges qui pèsent sur moi ? Qu’est-ce-qu’on me reproche ? Je n’ai pas reçu de convocation de la part du Procureur, de la police ni de la gendarmerie. Comment voulez-vous qu’un responsable, un leader qui voyage soit interpellé comme ça à l’aéroport sous prétexte que le Procureur a besoin de lui ? […]

Ce n’est pas une arrestation, c’est un enlèvement organisé par le Procureur de la République. Dieu est grand, son plan a échoué. […] Je ne répondrai à aucune sollicitation de la justice, tant que le nouveau gouvernement ne sera pas en place. Les autorités actuelles ne sont pas légitimes. »
SON EVASION RIDICULISE AU PLUS HAUT NIVEAU L’INDIGENCE, ET DES FORCES ONUSIENNES ET DES AUTORITES DE LA TRANSITION – EN METTANT A JOUR LES CACHE-MISÈRES DE SIMULACRES DEMOCRATIQUES.
QUE LUI EST-IL REPROCHE ?

Selon le Procureur Grézenguet, il devait être entendu dans le cadre d’une enquête afin de déterminer son implication dans les violences de fin septembre 2015, ayant occasionné 77 morts et plus de 550 blessés à Bangui.
Et à cet effet, il devait le lendemain 16 mars, être présenté au doyen des juges d’instruction.
Toujours selon le Procureur, « pour les nécessités de l’enquête, il aurait fallu que nous puissions l’entendre.
Parce que le juge a émis des mandats pour interpeller des personnes qui seraient impliquées dans ces actes.

C’est pour cette raison qu’il avait été interpellé pour les besoins de la procédure. [..] Des mandats d’arrêt ont été lancés contre certains chefs des milices rebelles, comme celui contre Bawa, un des chefs des Anti-Balaka arrêté et détenu à la SRI. [..] C’est une opération de justice, et la Justice recherche les individus impliqués dans ces délits afin d’établir leurs responsabilités. Je vous confirme que dans toutes les crises que nous avons connues, les concernés se verront un jour à l’autre interpellés par la Justice pour répondre de leurs actes”.

Ajoutant agacé : “nul n’est à l’abri d’une enquête judiciaire. Nous avons connu des actes massifs de violation des droits de l’homme; lesquels ne sauraient rester impunis. Raison pour laquelle des enquêtes ont été ouvertes et que le nom d’Abdoulaye Hissène est apparu ».

Au niveau politique, Dominique Said Panguindji, porte parole du gouvernement et ministre de la Justice avait exprimé son indignation sur les ondes de RFI, en condamnant cette évasion et en invitant Abdoulaye Hissène à se mettre à la disposition de la justice : « Le gouvernement tient à condamner, et de manière ferme, cette évasion – c’est un acte qui vient entamer l’image des autorités de la transition et de la justice en particulier – et demande à ce dernier de se rendre à la justice, s’il pense qu’il n’a rien à se reprocher, il doit se rendre pour que la justice puisse se prononcer sur sa responsabilité.
Il doit le faire parce qu’il a eu à assumer de hautes fonctions, ajoute Dominique Said Panguindji, des fonctions de haut dirigeant dans ce pays. Il a été Conseiller à la présidence de la République. A ce titre-là il doit être à même de se tenir à la disposition de la justice de son pays ».
CSP AVAIT OUVERT LA BOITE DE PANDORE

L’aveu de faiblesse du Procureur Grézenguet est inquiétant.

Que vaut une Justice sans moyens de coercition et d’enquête à part n’être qu’une virtualité nourrie de logorrhée ?
Et surtout, conséquemment, qui va la respecter ?

Comme l’écrit le congolais Emmanuel KABENGELE KALONJI : « le succès du secteur judiciaire dépend essentiellement d’une réelle garantie d’un Etat de Droit ».
Or, la chose ne date pas de nos jours, en Centrafrique, la notion d’Etat de droit n’a jamais existé. Fait aggravé lourdement par la crise de 2012 ayant mis à bas le peu qui tenait encore debout.
Dans un tel climat, récompenser des auteurs de crime de masse par des maroquins ministériels est non seulement stupide, mais suicidaire. Car tout simplement, de telles actions les “légitimisent”, et sur la durée.

L’héritage catastrophique de Samba-Panza sera lourd à gérer pour le nouveau pouvoir.

Abdoulaye Hissène qui n’est qu’un vulgaire chef de guerre parmi d’autres, dorénavant se considère comme “UNE PERSONNALITE”. De fait, CSP en avait fait un MINISTRE.
Qu’exigeait Catherine Samba-Panza des chefs rebelles avec qui elle s’est commise ? RIEN, même pas un désarmement de leurs troupes avant de les honorer de postes ministériels.

Une telle erreur voire une telle incompétence vitrifie les positions des rebelles dans le pays, les conforte, et très sûrement pour longtemps.

Corollairement, dans la lutte contre les groupes rebelles armés, que dit la Résolution 2127 (2013), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU ?

QUE LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES DOIVENT PRENDRE TOUTES LES MESURES VOULUES POUR DESARMER, CANTONNER ET DEMANTELER IMMEDIATEMENT TOUS LES GROUPES ARMES SUR L’ENSEMBLE DU TERRITOIRE.

De la SANGARIS à la MINUSCA en passant par la MISCA précédente, cela fut-il appliqué sur le terrain ?
A l’évidence NON ! Les groupes rebelles sont plus puissantes que jamais sur le territoire centrafricain, au point d’en contrôler plus de la moitié. Et chacun avec son Etat major installé, vu et reconnu.
Qui tente de les combattre et de les désarmer ? PERSONNE – SANGARIS comme MINUSCA ont failli dans l’accomplissement de cette mission pourtant cardinale.

A partir de là, il est évident que l’idée même de la Justice centrafricaine de poursuivre soudainement les chefs rebelles disséminés dans le pays, ne peut être qu’une déclaration d’intention sans suite.

Il y a un an déjà… un Bilan de la Justice en Centrafrique
3/2/2015
“La justice est corrompue et sans moyens en République Centrafricaine. Absence de l’Etat, Corruption et Impunité sont de mise dan ce pays sous perfusion.”
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