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Centrafrique : Attention au débauchage et à l’opportunisme politique
Publié le samedi 26 mars 2016  |  Al Wihda
Médard
© Autre presse par DR
Médard POLISSE-BEBE
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publié au courant de la semaine sur son site internet un article intitulé « Le camp TOUADERA rassuré de rafler la majorité parlementaire ». Cet article fait état du décompte actuel des députés susceptibles de former la majorité à l’Assemblée nationale en faveur du nouveau Pouvoir. Au nombre de ces députés, le site internet cite un élu du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) comme faisant partie de ceux disposés à intégrer la dite majorité sans l’aval de la direction de son parti, semble-t-il.

Que l’entourage du Président Faustin Archange TOUADERA veuille constituer une majorité pour lui permettre d’asseoir sa politique ne pose aucun problème. Cela fait partie des principes du fonctionnement de la démocratie qui veut qu’il y ait une majorité, mais aussi une opposition pouvant favoriser, par son action, l’équilibre du pouvoir, et ainsi éviter des dérives majeures préjudiciables pour le pays.

Dans cette perspective, il est du devoir de ceux qui ont la responsabilité de travailler à la constitution de cette majorité de le faire, avec une certaine élégance, dans le strict respect des règles de la démocratie. Car toute action contraire, nourrie par des velléités de débauchage et visant à encourager l’opportunisme politique, risque de déboucher inéluctablement sur une crise politique majeure avec les conséquences qu’une telle pratique implique. Et pour certains centrafricains qui n’ont pas encore sombré dans l’amnésie ambiante, le cas de débauchage actif de l’ancien député KOUDOUFARA en 1999, par l’entourage du feu Président PATASSE, qui fit basculer la majorité parlementaire en faveur du Pouvoir de l’époque, marqua le début d’une crise politique majeure qui alla crescendo jusqu’à précipiter la chute du régime. D’ailleurs, l’histoire politique des Nations est pleine de ce type d’exemples selon lesquels des régimes ont pu s’enfoncer ou être balayés en voulant faire usage des procédés antidémocratiques de ce type.

Le peuple centrafricain a extrêmement souffert et souffre encore des conséquences des pratiques sournoises de ces dirigeants. Il est manifestement atteint dans sa dignité et dans sa composante en tant que nation. Aujourd’hui, il essaie tant bien que mal de se reconstruire, et attend du nouveau Pouvoir que tout soit mis en œuvre, non seulement pour lui permettre de se refaire une santé nationale, mais lui épargner surtout de nouveaux conflits politiques inutiles aux conséquences imprévisibles.

Dans cette œuvre de reconstruction nationale qui nécessite la contribution de tous les fils et filles de Centrafrique sans exclusive, il est souhaitable que les accords politiques et/ou gouvernementaux se fassent de façon formelle dans le respect des uns et des autres, et surtout dans l’intérêt du peuple centrafricain. A cet effet, chaque cadre et dirigeant politique doit faire preuve de responsabilité, de discipline et de loyauté dans ses choix et ses convictions afin favoriser l’intérêt général.

Sauf qu’en regardant de près la composante hétéroclite de ceux qui gravitent autour du Président FAT, on peut aisément constater que certains de ces cadres et hommes politiques sont passés maîtres dans l’art du « retournement de vestes ». Autrement dit, voir, par exemple, certains députés, élus sous l’étiquette de certaines organisations civiles ou politiques, passer outre l’aval de leurs structures pour rejoindre opportunément la prochaine majorité, est tout simplement inadmissible ; tout comme voir un cadre d’une organisation politique ou civile se faire proposer une haute fonction, sans le consentement de celle-ci, est totalement méprisant. Cela alimente d’ailleurs de la transhumance politique longtemps décriée par les centrafricains qui ne supportent plus maintenant ce genre de pratiques basées sur des intérêts égoïstes et catégoriels.

Et si l’entourage du Président Faustin Archange TOUADERA s’obstinait à encourager ces pratiques opportunistes, sous prétexte de vouloir constituer absolument et à tout prix une majorité, il prendrait, de ce fait, le risque de créer, au sein des organisations ainsi lésées, des frustrations qui pourraient faire le lit de nouvelles crises.

La rupture prônée par le Professeur TOUADERA, entre autres, ne doit pas être simplement un slogan creux et vide de sens ; mais elle doit être vérifiée dans les faits à travers le bannissement de toutes les pratiques détestables qui ont conduit la République centrafricaine dans le chaos. L’espoir de tout un peuple repose sur la réussite du quinquennat qui va bientôt commencer et qui consistera, sans doute, à jeter les bases d’une nouvelle république dénuée de toutes les pesanteurs politiciennes, tribalistes, régionalistes et confessionnelles.

En définitive, j’exhorte l’entourage du nouveau Président à s’abstenir de toutes manœuvres dilatoires visant à affaiblir opportunément les formations politiques et autres organisations, non seulement par le débauchage des élus, mais par l’encouragement de l’opportunisme politique des cadres. Je lance, par ailleurs, un vibrant appel à tous les démocrates de redoubler de vigilance afin de lutter vigoureusement contre ces pratiques, si elles venaient à se (re)produire.
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