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La dernière fête de la Pompadour centrafricaine
Publié le mercredi 30 mars 2016  |  Centrafrique Presse Info
Catherine
© RFI par DR
Catherine Samba-Panza, à la tribune de l`ONU
Catherine Samba-Panza, la présidente de la transition centrafricaine, à la tribune de l`ONU, à New York, le 26 septembre 2015.
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La présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza, qui laisse un pays exsangue, fête son départ avec un faste inhabituel en présence de François Hollande

La présidente centrafricaine s’apprête à passer le relais à son successeur et dauphin Faustin-Archange Touadéra en grande pompe. Investi officiellement le 30 mars, le nouvel homme fort de la Centrafrique sera convié à la fête grandiose que prépare sa prédécesseure, moins d’ailleurs pour célébrer la bonne tenue du scrutin présidentiel que pour serrer la main de ses fidèles partenaires, en première ligne François Hollande, Jean Marc Ayrault et Jean-Yves Le Drian.

Au diable l’avarice! Malgré le bilan médiocre de Catherine Samba-Panza et une misère noire dans le pays, la ministre d’Etat Marie Noëlle Koyara, avait demandé la mise à disposition d’un budget d’un milliards de francs CFA (1,5 millions d’euros) pour organiser les festivités. Le chiffre a été revu à la baisse à la demande de l’équipe du nouveau président Touadéra.

Des braises mal éteintes

« Le feu couve sous la cendre », confie une source onusienne. Actuellement dans une période d’accalmie, le pays reste cependant toujours en proie à des violences intercommunautaires larvées qui témoignent d’une stabilisation extrêmement fragile. Des armes continuent à circuler sur le territoire. Et ce malgré la présence de troupes internationales, notamment celles de l’opération française « Sangaris » que le ministre français de la défense souhaite voir se retirer au plus vite. « Si les forces internationales se retirent, poursuit notre diplomate onusien, les violences peuvent repartir aussitôt ».

Héritier de ce contexte sécuritaire précaire, le nouveau président Touadéra devra par ailleurs composer avec de maigres finances publiques dans lesquelles l’actuel gouvernement continue de puiser jusqu’au dernier moment. Malgré une légère reprise de l’économie centrafricaine annoncée par a Banque des États de l’Afrique centrale (BCEAC), les caisses de l’Etat montrent d’importants signes de pénurie. « Le budget alimente en grande partie les dépenses de l’armée. Les fonctionnaires civils sont rémunérés grâce à l’aide internationale », confie un fin connaisseur de la Centrafrique.

Pourtant, les autorités de la transition multiplient actuellement les dépenses publiques. Mi-mars, un centre culturel flambant neuf portant le nom de la présidente a été inauguré au sein de l’école nationale des arts de Bangui. Le premier ministre Mahamat Kamoun, un grand ami de la présidente Samba-Panza, a par ailleurs tout récemment lancé un vaste programme de réhabilitation des infrastructures routières dans tout le pays.

Dans la presse centrafricaine, le chef du gouvernement a par ailleurs énuméré une série de projets dit « d’urgence » qui seront financés par un fonds saoudien de 80 millions de dollars. Parmi les initiatives couvertes, on compte notamment la réhabilitation de la piste de l’aéroport de Bangui, la construction de deux amphithéatres destinés à augmenter la capacité d’accueil de l’université de la capitale, la construction d’une centrale thermique ou encore d’un château d’eau d’une capacité 8000 mètres cube d’eau et la réhabilitation de 50 km de canalisation d’eau. De quoi engloutir la totalité de la somme allouée par le fonds.

Dans les cercles politiques centrafricains, ces projets réalisés à la hâte génèrent quelques inquiétudes. « Aucune initiative n’a été lancée ces deux dernières années. Pourquoi cette précipitation soudaine à dépenser les deniers publics ? » Dans l’équipe de Touadéra, des voix discrètes s’interrogent sur l’état réel des finances laissées par les autorités de la transition dont les deux années de règne ont été marquées par plusieurs affaires aux accents de corruption et des actes de favoritisme.

Petits arrangements

L’affaire dite du « don angolais » a en effet entaché la crédibilité de la présidente quant à sa gestion des deniers publics. Sur les 10 millions de dollars octroyés par le président de l’Angola Dos Santos en 2014 pour renflouer les caisses vides de l’Etat centrafricain, 3 millions ont été attribués à des « fonds politiques » opaques dont on ignore toujours qui sont les destinataires. Christelle Sappot, la fille et chef de cabinet de la présidente elle-même impliquée dans la gestion de cet argent se trouve aujourd’hui nommée ambassadrice en Guinée équatoriale. Un poste créé sur mesure par les autorités de la transition avant le départ de Samba-Panza.

Certaines amitiés de Catherine Samba-Panza ont également fait couler beaucoup d’encre. Proche du français Laurent Foucher, richissime homme d’affaire, ambassadeur de RCA à Genève ami de Jean-Christophe Mitterand et de Claude Guéant, la présidente n’a jamais été entendue sur les soupçons qui pèsent sur lui dans une affaire de trafic de passeports centrafricains.

Enfin, à Bangui, des rumeurs courent sur les récents pillages du parc automobile de la présidence et de certains ministères. Selon un homme politique centrafricain, plusieurs 4×4 dérobés seraient actuellement revendus au Cameroun où la présidente dispose d’importants relais.

Autant de serpents de mer avec lesquels devra composer, comme il le peut, le nouveau chef d’Etat Faustin-Archange Touadéra.
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