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Bangui-Ndjamena: rapprochement inévitable
Publié le lundi 23 mai 2016  |  Journal de Bangui
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© Autre presse par DR
Le président centrafricain Faustin Archange Touadéra et le président tchadien Idriss Déby Itno
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En visite officielle à Ndjamena, le président centrafricain s’était fixé pour seul objectif de réchauffer les relations entre son pays et le Tchad. Il espère aussi désarmer son pays

Faustin-Archange Touadéra s’est rendu ce mardi 10 mai à Ndjamena pour une visite de travail. Le président centrafricain a notamment rencontré son homologue tchadien, Idriss Déby Itno. Les deux hommes, qui se sont longuement entretenus, ont pris la résolution de raffermir les relations entre leurs pays. Celles-ci étaient notoirement tendues depuis la transition de Catherine Samba-Panza. En janvier 2014, le Conseil national de transition centrafricain avait choisi celle-ci comme chef d’Etat. Issue de la société civile, elle était la première femme à présider le pays, qui traversait une crise politique majeure depuis que son prédécesseur, le président Michel Djotodia, avait été poussé à la démission le 10 janvier 2014.

Jugée « compétente » et « incorruptible », Catherine Samba-Panza a fait du désarmement des milices et de la réconciliation entre chrétiens et musulmans ses priorités. Mais dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 septembre 2015 la Centrafrique connaît un nouvel accès de violences interreligieuses. Pendant plusieurs jours, Bangui sera le théâtre d’attaques et de scènes de pillages. 61 personnes ont trouvé la mort et plus de 300 ont été victimes de tirs par balle ou de coups de machettes. Idriss Déby Itno estime alors que la transition dans ce pays doit « s’arrêter » et que des élections doivent être organisées avant la fin 2015. "Mieux vaut une mauvaise élection qu’une transition chancelante", avait-il lancé quelques jours avant les tragiques événements de septembre.

Des tensions variées

Catherine Samba-Panza sera finalement remplacée en mars 2016 par Faustin-Archange Touadéra. Mais le déroulement pacifique des élections et l’instauration du nouveau gouvernement n’auront pas fait disparaître les groupes armés qui occupent le nord et l’est de la Centrafrique. Il s’agit en particulier des combattants de l’ex-Seleka, groupe armé ayant mené Michel Djotodia au pouvoir en 2013 et dont nombre de combattants sont tchadiens. "Les combattants non centrafricains devront regagner leur pays", réclame-t-on de plus en plus fort à Bangui.

Autre motif de tension entre les deux pays : le sort des réfugiés centrafricains au sud du Tchad. Depuis le coup d’Etat de mars 2013, la crise centrafricaine a jeté environ 240 000 personnes sur les routes de l’exil vers le Cameroun et le Tchad. De nombreux Centrafricains ont trouvé refuge dans le sud tchadien pour échapper aux groupes armés. Mais l’afflux de réfugiés centrafricains, en majorité musulmans, vers une région principalement agricole accroit la compétition pour les ressources naturelles et tend à rendre la cohabitation entre les habitants et les nouveaux arrivants difficile.

Enfin, dans la liste des dossiers qui contribuent à crisper les relations entre Bangui et Ndjamena, il faut mentionner les cheptels bovins en provenance du Tchad. Ceux-ci viennent chaque année paître sur les terres centrafricaines et provoquent régulièrement des incidents avec les populations locales. En Centrafrique, où les éleveurs sont victimes de l’opposition entre chrétiens et musulmans, le bétail est une source supplémentaire de convoitise et conflit.

Idriss Déby, un allié incontournable contre le terrorisme

C’est donc sur fond de tensions que les deux chefs d’Etat se sont rencontrés le 10 mai. Cependant, l’objectif explicite de Faustin-Archange Touadéra était de contribuer à réchauffer les relations entre les deux pays. Une stratégie logique et nécessaire car ils devront renforcer leur collaboration afin de résoudre leurs problèmes communs. Le dialogue entre les deux capitales est indispensable afin que les réfugiés centrafricains vivant actuellement au Tchad (près de 100 000 personnes) puissent rentrer dans leur pays. Idem pour les combattants des groupes armés issus de l’ex-Seleka : la question des combattants non centrafricains ne pourra être abordée que dans un climat détendu.

Le président Touadéra a de toute évidence compris l’importance d’entretenir de bonnes relations avec ses voisins. C’est d’autant plus nécessaire que son homologue tchadien est le président en exercice de l’Union africaine. Or, depuis qu’il exerce cette fonction, Idriss Déby est devenu un allié incontournable dans la lutte contre le terrorisme. « Nous devons être les acteurs principaux dans la recherche des solutions aux crises africaines et non des observateurs passifs des solutions élaborées ailleurs », avait déclaré Idris Déby lors de la passation de pouvoir à la tête de la présidence de l’Union africaine. Le président centrafricain devrait donc trouver en lui un partenaire de choix dans le cadre de son programme de désarmement.
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