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Centrafrique : les ex-rebelles de la Séléka "unis pour sauver les musulmans" de la "marginalisation"
Publié le jeudi 26 mai 2016  |  Xinhua
L’incursion
© Autre presse par DR
L’incursion des ex-Séléka fait fuir la population à Nzako
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YAOUNDE - Les ex-rebelles de la Séléka, coalition ayant chassé du pouvoir cetrafricain en mars 2013 François Bozizé, et éclatée en plusieurs factions depuis le retrait forcé moins d'un an après de leur leader Michel Djotodia en sa qualité de chef de l'Etat par intérim, ont annoncé leur décision de "s'unir pour sauver les musulmans en Centrafrique de la marginalisation".

"Si on se regroupe, c'est pour exprimer nos revendications parlant d'une seule voix. On veut que le pouvoir soit partagé équitablement afin que les musulmans vivent heureux", a déclaré mercredi soir au téléphone à Xinhua, le "général" Joseph Zoundéko, chef d'état-major du Rassemblement populaire pour le renouveau en Centrafrique (RPRC), une de ces factions.

Le RPRC, doté d'une direction politique coordonnée par l'ex-ministre d'Etat en charge des Mines et neveu de Djotodia, Gontran Djonoaba, a vu le jour en novembre 2014 à Bambari (Centre), pour marquer sa rivalité avec le Front populaire pour le renouveau de la Centrafrique FPRC), créé peu auparavant à Kaga-Bandoro (Nord-ouest) par Nourredine Adam, ex-numéro deux de la Séléka.

Dans la même foulée, l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC) se met elle aussi en place à Bambari, où le contrôle des richesses dont l'or et les diamants en abondance en Centrafrique a souvent provoqué de violents affrontements avec le RPRC.

Avec le Mouvement patriotique centrafricain (MPC) d'Alkatim, les trois mouvements rebelles ont décidé de taire leurs rivalités pour se rapprocher et former un nouveau regroupement lors d'une réunion tenue samedi 21 mai à Ndélé (Est).

Ces assises ont simplement établi les bases d'une entente, sans dévoiler l'identité de la nouvelle entité. "Il doit y avoir une assemblée générale dont la date n'a pas été fixée", a indiqué le "général" Zoundéko.

S'agissant des objectifs, l'ex-dirigeant rebelle est toutefois formel : "La Séléka avait été créée pour prendre le pouvoir. Cela a été fait et nous avons encore ce pouvoir. Aujourd'hui la Séléka est cindée peut-être en quatre ou cinq factions. Si on reste toujours divisés, on ne pourra plus jamais atteindre nos objectifs", affirme-t-il.

S'agit-il d'un avertissement à Faustin Archange Touadéra et son gouvernement ? Reçus toutes factions confondues par le nouveau chef de l'Etat le 27 avril à Bangui, les dirigeants de l'ex-coalition rebelle disent ne pas s'opposer aux nouvelles autorités, mais vouloir simplement peser dans la prise de décisions concernant les communautés musulmanes du pays, victimes de "marginalisation".

"On demande une seule chose : l'accès à l'eau potable, à l'éducation, à la santé et même la sécurité, puisque dans la Vakaga [département enclavé de l'Est de la Centrafrique] nous sommes abandonnés à nous-mêmes", explique Joseph Zoundéko.

Selon l'ex-chef de guerre, n'eût leur désunion, les ex-rebelles auraient ravi le poste de Premier ministre après l'élection de Touadéra à la magistrature suprême le 14 février.

Une organisation hétéroclite à dominante musulmane comptant dans ses rangs des mercenaires soudanais et tchadiens, l'ex-alliance rebelle de la Séléka avait pris les armes en décembre 2012 pour combattre et chasser du pouvoir François Bozizé (lui-même tombeur d'Ange Félix Patassé en mars 2003), en exil à Kampala (Ouganda).

Après trois mois de conflit ponctué par la signature d'un accord de paix le 11 janvier 2013 à Libreville (Gabon), sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), la Séléka entre à Bangui le mars 2013 et porte aux affaires son leader Michel Djotodia, diplomate de carrière et ex-ministre des Affaires étrangères.

Cette prise de pouvoir provoque un cycle de violences sans précédent dans le pays, épisode douloureux pour le peuple centrafricain mué en conflit intercommunautaire entre populations chrétiennes et musulmanes et illustré par l'affrontement entre les ex-rebelles de la Séléka et les milices (chrétiennes) anti-Balakas, fidèles au président déchu.

Ces tensions atteignent un pic en décembre 2013, poussant la France, ex-puissance colonisatrice de la Centrafrique et la CEEAC, à exiger la démission de Djotodia des fonctions de chef de l'Etat par intérim, pour le remplacer, à la suite d'un sommet extraordinaire de la CEEAC tenu le 10 janvier 2014 à N'Djamena (Tchad), par Catherine Samba-Panza.

L'élection à la présidence le 14 février dernier de Faustin Archange Touadéra a constitué un espoir de sortie de crise. Et aussitôt investi le 30 mars, le nouveau chef de l'Etat, qui se déclare rassembleur, a relancé le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), auquel ont dit vouloir adhérer les différentes factions de la Séléka.

Mais à Bangui comme dans le reste de la Centrafrique, la réorganisation de ces groupes autour d'une nouvelle entité suscite des interrogations quant aux motivations réelles face à la nouvelle donne politique.

Pour certains, cette initiative est synonyme d'un retour aux menaces de partition géographique du territoire national, entre un Sud chrétien et un Nord musulman sous contrôle de l'ex-coalition rebelle, brandies après le retrait forcé du pouvoir de Michel Djotodia.

Les intéressés, eux, s'en défendent, en parlant de la mise en place d'un simple groupe de pression destiné à porter les revendications, exprimées publiquement lors du Forum de réconciliation nationale tenu en juillet à Bangui, en faveur de l'amélioration des conditions des populations du Nord et de l'Est du pays, dont est issue la plupart des ex-combattants.
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