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Centrafrique : la problématique de la dette publique
Publié le vendredi 9 septembre 2016  |  LNC
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L’approche keynésienne est que la dette publique ne peut pas être considérée et traitée comme si elle était la même que la dette privée. En particulier, il n’est pas vrai que la dette publique doit être nécessairement éteinte mais cela est possible. Quel est le bilan de la gestion de la dette en République Centrafricaine et comment envisager les perspectives d’avenir ?

De façon simplifiée, la dette signifie ce qu’on doit à quelqu’un ou la somme d’argent qu’on doit. La dette publique est la dette de l’Etat. En matière de finance, la dette publique désigne l’ensemble des sommes dues par l’Etat. La dette extérieure ; quant à elle; est l’ensemble des dettes d’un pays à l’égard de l’étranger.
En fonction des sources de crédits, la dette publique est subdivisée en une dette commerciale et une aide publique au développement. La dette commerciale est composée des crédits fournisseurs, des emprunts obligataires et des crédits accordés par les établissements financiers privés.

L’aide publique au développement est constituée par les crédits accordés par les organismes internationaux et les gouvernements ou les institutions publiques. Il faudrait aussi noter qu’il y a une distinction entre l’engagement et l’encours. Les engagements sont des crédits non mobilisés. Ils correspondent aux sommes des contrats et des conventions signés durant une période donnée.
Les encours sont le résultat de la somme des tirages de la période c’est-à-dire des emprunts financièrement réalisés diminués de la somme des remboursements de capital effectués. Le service de la dette correspond à l’ensemble des montants qu’un emprunteur doit payer chaque année pour honorer sa dette, qu’il s’agisse des intérêts ou du remboursement du capital emprunté. Elle est différente de la charge de la dette qui, elle, ne tient compte que des intérêts annuels déboursés.

A partir de 1980, l’endettement extérieur considéré jadis comme le recours indispensable pour le financement adéquat de leur développement, apparait comme le principal obstacle au décollage économique des pays les moins avancés (PMA) dans leur ensemble et plus particulièrement des pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) comme la République Centrafricaine. Dans le cas de la République Centrafricaine, l’encours de la dette publique du pays s’élève à 450 milliards de francs CFA (soit 765 millions de dollar Américain) au 15 juillet 2016. Cet encours est de 173,07% du produit intérieur brut (PIB).

En l’an 2016, le service de la dette représente environ 60% des recettes fiscales. En 2014 la dette publique qui était de 1,179 millions de dollar Américain, représentait 68.34% du PIB. Il est bien de s’adresser aux défis post conflit en Centrafrique. Il est bien de donner priorité à la cohésion sociale et à la paix pour remettre le pays sur les rails. Mais il faudrait aussi combiner à ces actions avec la question épineuse de l’endettement car la forte pression sur le budget de l’état centrafricain (le montant du budget est estime 260 milliards de francs CFA soit 442 millions de dollar Americain) réduit considérablement le taux d’investissement et donc les possibilités de création de richesse et de mobilisation de l’épargne locale. Cette spirale d’endettement est due à des causes tant internes qu’externes ayant aggravées le niveau d’endettement de la République Centrafricaine. Au plan interne, on note les raisons comme l’absence de stratégie optimale d’endettement, ou d’insuffisance de gouvernance (le manque de volonté politique clairement exprimée par les régimes qui se sont succédés en République Centrafricaine sur la question de la dette). Au plan externe, elle est due à des chocs exogènes comme la détérioration des termes de l’échange ou l’instabilité (les fluctuations) des taux d’intérêts.

Par ailleurs, il faudrait relever l’échec des différentes tentatives de réechelonnement et des initiatives pour l’allègement du poids de la dette ; l’échec des programmes d’ajustements structurels (PAS), et l’absence d’engagement véritable de l’Union Européenne dans la gestion de la dette de la République Centrafricaine.
L’annulation pure et simple de la dette centrafricaine s’impose Sur la base de ce constat, j’estime qu’une annulation pure et simple de la dette contractée auprès de Banque Européenne d’Investissement (BEI) s’impose. Cette option est soutenue par les arguments suivants : en raison du fardeau de la dette, le taux d’investissement baisse. Ce qui compromet la croissance et amenuise les opportunités de création de richesses et donc de génération d’épargne ; La forte pression de la dette sur le budget oblige également l’état centrafricain à renoncer à certains investissements de base. Ce qui entraine l’instabilité sociale et politique. Les statistiques et les ratios relatifs à l’encours et au service de la dette par rapport aux possibilités de remboursement témoignent également de l’intensité de la contrainte.

La seconde option qui est une sorte de solution alternative est que je propose un moratoire de remboursement long pour permettre à l’économie Centrafricaine de reconstituer son potentiel de production en vue de créer de nouvelles richesses. Aussi, il convient d’indexer le service de la dette aux performances de l’économie centrafricaine (Termes de l’échange, capacité de mobilisation des ressources internes). Un autre moyen qui pourrait être le plus sûr est de renégocier les termes de la dette.

Beaucoup de pays le font chaque fois. Cela permet de refinancer la dette avec des taux d’interets plus favorables pour réduire la dette. Des mesures d’accompagnement comme la mise en place des mécanismes d’information en matiere de gestion de la dette entre l’Etat et la société civile ; la mise en place d’une véritable stratégie de gestion de la dette avec l’implication de la société dans toutes ses composantes et à toutes les étapes du processus de négociation et de gestion de la dette ; le renforcement des capacités en matière de gestion de la dette ; la mise en place d’une structure au niveau national de gestion et de suivi de la dette ; et l’assainissement du cadre macro-économique ne sont pas aussi à négliger. Je recommande en outre l’implication de la societe civile dans toutes ses composantes à la gestion de la dette publique, une volonté politique clairement exprimée au niveau de la République Centrafricaine, une implication effective de l’Union Européenne à la gestion de la dette multilatérale, et une offensive concentrée de la République Centrafricaine sur la question de la dette à l’horizon 2020.

En conclusion, j’estime que la dette publique constitue aujourd’hui l’obstacle majeur au développement économique et social de la République Centrafricaine. Par conséquent, si une solution radicale n’est pas trouvée au problème de la dette, la République Centrafricaine sera encore plus affaiblie et plus marginalisée à l’horizon 2020. La prise en compte de ces réflexions contribuera de façon significative à la résolution de la crise de la dette publique dans cette partie du monde. Il est possible de stabiliser le ratio de la dette publique au PIB, même si le gouvernement gère les déficits primaires.

Ce résultat est obtenu en choisissant une composition des dépenses publiques associées à un taux de croissance plus supérieur au taux d’intérêt sur la dette publique. Cette analyse est essentiellement basée sur l’idée que les dépenses publiques peuvent être décomposées en deux composantes : les dépenses « productives », qui affectent positivement et directement le taux de croissance de l’économie ; et les dépenses « improductives », qui ne touchent pas le taux de croissance directement.

La situation en matière de la dette publique en République Centrafrique est impérieuse voire pressante et doit être sérieusement prise en compte avant qu’il ne soit trop tard.
Face aux orientations en matière d’appui à l’allègement de la dette des Etats membres du Groupe des Etats d´Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), quelle est réellement la réaction de la partie centrafricaine ? Si les tendances actuelles au niveau des ratios de la dette se poursuivent, quel va être le sort des générations futures ? Comment améliorer les ratios dette/exportations, dette/Produit Intérieur Brut (PIB) ?
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