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RCA: De nouvelles failles de l’opération Sangaris mises en lumière
Publié le samedi 1 octobre 2016  |  Afriquinfos
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© AFP par PATRICK FORT
Des soldats français , cadre de l`opération Sangaris , en patrouille dans des quartiers de la capitale Bangui
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Cinq soldats, jugés ce jeudi pour des violences commises en Centrafrique, lèvent le voile sur les conditions déplorables de la dernière opération militaire en date dans ce pays.

Le ministère français de la Défense reproche aux soldats basés au Mans (Sarthe) d’avoir violemment tabassé un commerçant centrafricain étranger au conflit durant l’opération Sangaris. Des poursuites disciplinaires rares qui s’appuient sur une enquête interne confidentielle lancée au printemps dernier. Son contenu, constitue surtout un témoignage cru et dérangeant sur l’intervention militaire française en Centrafrique, entre scènes d’horreur, indigence des moyens, et passivité face aux massacres commis par les forces tchadiennes alliées.

Fin 2013, la Centrafrique est plongée dans le chaos. Le conflit entre rebelles musulmans de la Séléka et les milices chrétiennes dites «antibalakas» entraîne des exactions sur les populations civiles. Les affrontements se concentrent bientôt sur la capitale Bangui, déclenchant l’intervention de la France le 5 décembre.

Equipés d’un seul véhicule blindé pour plusieurs dizaines d’hommes, les militaires bricolent en protégeant leurs camions avec de vieux gilets pare-balles plaqués sur les carrosseries. Car dans la ville, le danger est partout, et les exactions se font chaque jour. «Les tensions entre chrétiens et musulmans étaient au summum […]. Au quotidien, c’était des embuscades, des TIC des mouvements de foules, maintien de l’ordre, des découvertes de cadavres […]. Chaque fois que l’on trouvait des cadavres ex-Séléka, on était obligés de monter la garde pour éviter que les «antibalakas voire la population les découpent et les mangent», confesse «marsouin», le surnom donné aux hommes du 2e Rima.

L’arrivée mi-décembre 2013 de renforts militaires tchadiens censés aider les soldats français à sécuriser la capitale n’a fait qu’ajouter au chaos, révèle le poignant récit. «On est montés crescendo jusqu’au massacre de la population par les casques bleus tchadiens (NDLR: ils n’étaient en réalité, à cet instant-là, pas encore mandatés par l’ONU). Il y avait au moins 30 corps. Là, on était pris à partie par les feux tchadiens», se souvient cet officier.

Or dans ce conflit, le Tchad est un allié de la France. Face au bain de sang qui se déroule sous leurs yeux, les marsouins restent impassibles, faute de directives contraires. «J’étais obligé de poster les mecs en leur donnant l’ordre de ne jamais ouvrir le feu sur les Tchadiens. Nous n’avons jamais reçu de conduite à tenir du PC (NDLR: poste de commandement) sur cette action des Tchadiens». Un contexte effroyable qui finit par fragiliser les militaires. «Face aux horreurs que l’on a vues là-bas, on a commencé à devenir agressifs», avoue le gradé.

Depuis la dénonciation des faits, en avril dernier, les cinq militaires impliqués ont été suspendus. Le conseil scellera définitivement leur sort, les sanctions pouvant aller jusqu’à l’éviction de l’armée.

AKPENE VIGNIKPO
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