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RCA : entre prologue, catalogue et dialogue politique, y’a-t-il encore une place pour la réconciliation ?
Publié le mercredi 19 novembre 2014  |  Les Plumes de RCA
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© AFP par GUY-GERVAIS Kitina
Signature d`un accord de cessez-le-feu
Mercredi 23 juillet 2014. Brazzaville. Photo : le président du Congo Denis Sassou Nguesso (droite), et la présidente de la République centrafricaine Catherine Samba Panza (L)
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Plus j’y pense, plus je me demande quand viendra le jour inespéré, où les autorités centrafricaines, s’exerceront à prendre un tant soit peu au sérieux, tout ce qui engage la vie de la cité et des populations, tout ce qui est supposé relever de leur responsabilité « clairvoyante », et donc tout ce qui explique et justifie leur raison d’être, donne sens et détermine la nature de leur mission.

Tenez ! Depuis le sommet de Libreville qui a permis d’adopter les actes fondateurs de l’actuelle transition, en passant par la déclaration de Ndjamena puis le forum de Brazzaville, et bientôt le Dialogue Politique National de Bangui, l’on a beaucoup parlé de dialogue et de réconciliation. Il s’agit là de deux mot attachés – dans la situation de crise où se trouve la RCA -, à des occasions formelles de négociation, de discussion, de palabres organisées dans le but de parvenir à un accord de paix, de cessation des hostilités etc…. A en juger par ce petit florilège de textes ci-dessous :

Actes Libreville

« ….Conscientes de la nécessité du dialogue pour l’instauration d’une paix durable et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national.

Article 10 : Les parties au présent Accord manifestent leur volonté commune d’œuvrer pour la réconciliation nationale… »

Charte constitutionnelle

« Art. 103 : Les Chef de l’Etat de la Transition, le Premier Ministre, les membres du Gouvernement de Transition et les membres du Conseil National de Transition s’engagent de bonne foi à tout mettre en œuvre pour faire aboutir et préserver la réconciliation nationale ».

Déclaration de Ndjamena

« Conscients de la nécessite du dialogue pour l’instauration d’une paix durable et de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, condition essentielle à la reconstruction du pays et au retour à l’ordre constitutionnel »

Accord de Brazzaville

« Conscients de la nécessité du dialogue pour l’instauration d’une paix durable et de sécurité sur l’ensemble du territoire national, condition essentielle à la reconstruction du pays et à l’édification de la démocratie…

Considérant la volonté constante de Son Excellence Madame Catherine Samba-Panza… de promouvoir le dialogue politique et la réconciliation nationale de tous les fils et de toutes filles de Centrafrique …

Les Parties s’engagent à s’impliquer dans le processus global de réconciliation nationale qui se poursuivra en RCA…. »

Quant aux discours relatifs au Dialogue Politique National, je l’aborde en détails plus bas .

Ceci étant, pour peu qu’on veuille s’interroger sur les concepts de dialogue et de réconciliation dans le contexte centrafricain, on a tout de suite l’impression – c’est du moins ce que je ressens personnellement -, que tout le monde s’est mis à parler des « choses » que tout le monde croit ou feint de comprendre, alors qu’au fond, personne ne maîtrise rien, et surtout ne cherche à donner aux mots, aux notions et aux concepts leur juste signification, de sorte que ceux-ci finissent par se confondre, s’entremêler, perdre tout leur sens et au final devenir banals et vulgaires comme qui dirait « bonjour monsieur, bonjour madame » !

Plus prosaïquement, j’en suis venu à me demander si à force d’en entendre parler à tout bout de champ et en désordre dans notre pays, les mots sommet, forum, dialogue, réconciliation, accord, négociation etc…n’ont pas fini par se vider de tout leur sens et à se confondre « dangereusement », au point de vouloir tout dire et ne rien dire à la fois. Car en effet, à tous ceux qui ont pris l’habitude de participer aux différentes réunions sur les problèmes de la RCA, si l’on pose par exemple la question de savoir à quel type de rencontre ils ont été ici ou là, ils ne sauront vous dire presque jamais exactement, s’il s’est agi d’un sommet, d’un dialogue, d’un forum; moins encore, très peu retiennent souvent la substance exacte de ce qui se passe et se dit généralement pendant ces « mondanités politiques ». Citons simplement le cas de Brazzaville où l’on a entendu tour à tour et en même temps parler de dialogue puis ensuite forum de réconciliation, de paix, de cessez- le feu etc…que d’inepties, de précipitation, d’impréparation et de confusion générale pour de maigres résultats que l’on sait.

Alors et alors, je pose cette « question pour un champion » : chers messieurs et dames, à quoi se prépare-t-on exactement à assister ou à participer à Bangui ? A un dialogue, un forum, une négociation, un sommet de réconciliation ou à quoi d’autre ?

A l’heure où nous sommes, en entendant parler régulièrement de Dialogue Politique National – DPN -, il me semble de plus en plus comprendre que l’on a voulu expressément ou insidieusement, insister sur la notion de dialogue politique, alors que ce l’on recherche c’est la le dialogue de RÉCONCILIATION. Pourquoi ne parlerait-on pas, ne retiendrait-on et ne mettrait-on pas l’accent dans les discours et les documents, sur le Dialogue de Réconciliation Nationale – DRN -, ou si l’on veut, de Dialogue National de Réconciliation – DNR ?

En y réfléchissant, je crois comprendre ceci :

Le dialogue politique national ici prôné, consacre en effet l’échec du processus de la réconciliation et donc de la transition. Car en effet, comment aller à la réconciliation avec d’un côté des adeptes convaincus de la partition de fait que sont les séléka, et de l’autre, d’ irréductibles combattants armés antiballaka? Tous ces deux camps, disons -le haut et fort, encore et toujours pas du tout désarmés ? Et si on le voulait, réussirait-on un jour à désarmer vraiment sans vaincre ou convaincre, c’est-à-dire en définitive sans livrer bataille ?
Le dialogue politique national dans sa conception actuelle, a tout l’air, me semble-t-il, d’une grande mascarade – une de plus -, un grand subterfuge des autorités, minutieusement étudié et préparé. Car en donnant aux uns et aux autres le sentiment de s’inscrire dans la droite ligne de l’un des principaux objectifs de la transition qui est la réconciliation, ce dialogue , j’en suis convaincu, s’apprête à rassembler – toute proportion gardée -, un panel de petits « bourgeois n’importe qui », qui viendront se régaler et passer leur temps à parler de « tout n’importe quoi » sauf du principal qui est la réconciliation. Je parie, qu’on risque dans tous les cas, de ne pas laisser suffisamment la possibilité et le temps de s’exprimer, à des voix que l’on aimerait bien entendre et interroger: celles des bourreaux de la Séléka et antibalaka d’une part, et d’autre part, celles de leurs victimes que sont les populations à la base, qui viendraient enfin nous faire publiquement part de toutes leurs souffrances.
Aussi, cette tentative de vouloir noyer et étouffer les voix de toutes ces victimes qu’on attend et pour qui la RÉCONCILIATION a un sens, se révèlet d’autant plus vrai, que même dans les conclusions des travaux du groupe des experts du G8 on peut lire ceci :
«…Ils (les participant aux travaux du G8) se sont félicités de la volonté du Gouvernement de transition d’organiser un dialogue au niveau des préfectures à travers les Ministres résidents, notamment à l’occasion de la Fête nationale de l’Indépendance, le 1er décembre 2014. Ils ont demandé aux membres du GIC-RCA de contribuer au financement du Forum de Bangui et à la mobilisation de l’expertise requise.

Je me demande bien de qui se moque-t-on ? D’ailleurs, si je vous disais que Samba-Panza elle-même n’arrive pas à définir son Dialogue Politique National – DPN -, me croiriez-vous ?

Le 11 novembre 2014 à Bangui et en présence des personnalités qui ont pris part à la cérémonie d’ouverture des travaux de la 6ème réunion du G8 – le Groupe International de Contact sur la crise en République centrafricaine -, la Présidente de la Transition, Catherine Samba-Panza, a dans son discours inaugural, évoqué entre autres le Dialogue Politique National (DPN), ce forum très attendu qui devra se tenir bientôt dans notre pays. Ce sont les mots qui ont été prononcés à cette occasion, que je me permets ci-dessous, de reprendre en guise de PROLOGUE au Dialogue Politique National.

Ainsi donc selon Catherine Samba-Panza,

Au commencement sera le DPN.

Et « En prélude aux élections, il y a l’organisation du dialogue politique de réconciliation nationale. »

Mais qu’est-ce le Dialogue Politique National de réconciliation ?

Alors, Catherine Samba-Panza, de convenir de ce qu’il n’est point :

Ni « … cadre de calculs politiciens et de remise en cause des Institutions de la Transition en cours… »,

Car « la Transition en cours est … déjà réglementée par la Charte Constitutionnelle de la Transition. »

Ni «…non plus l’occasion de distribuer des primes à l’impunité à travers une amnistie générale en faveur des bourreaux du peuple Centrafricain.

Chacun doit être comptable des crimes commis contre ce peuple. La justice fera son travail avec l’appui de la composante judiciaire de la MINUSCA …» fin de citation.

Et je repose ma question : qu’est-ce vraiment dans son essence ce que veut-dire, ce que recouvre le DPN ? Samba-Panza n’en dira pas plus ni mieux.

Ainsi donc, peut-on se contenter d’une incomplète définition du DPN. Définition tout de même peut-être, mais définition par exclusion, donc définition partielle et partiale, autrement dit définition biaisée et trompeuse !

Vous l’aurez sans doute noté en plus, un dialogue politique où l’on interdit aux politiques de faire des « calculs politiciens », ce qui est leur vocation ! Allez-y comprendre.

Sur un tout autre plan, on peut lire sur le site de l’Autorité Nationale des Elections que « Le G8 (ex GIC-RCA) a entériné le calendrier révisé proposé par l’Autorité Nationale des Élections (ANE) qui a introduit la tenue simultanée d’élections présidentielle et législatives à deux tours entre juin et juillet 2015. Le G8 a également entériné la tenue d’un dialogue de réconciliation national à Bangui au plus tard en janvier 2015.

Mais redonnons une fois de plus à Samba-Panza la parole et l’on apprend dans le même discours cité plus haut ceci :

«…je demeure persuadée de la nécessité d’aller vite au forum de Bangui tout en trouvant une formule telle que les ressentis des communautés à la base ne soient pas escamotés cette fois ci. »

Vous me permettrez de préciser toutefois, qu’ « aller vite au forum » en suivant la démarche de Samba-Panza, suppose :

«… la mise en place rapide de l’organe de préparation de ce forum »
«…les conclusions des travaux soient déposées dans un délai raisonnable et soumises à la validation préalable du gouvernement et de la Médiation internationale…»
« ..A partir de ce moment, en parfaite entente avec la Médiation internationale,
le format du forum,
les thématiques à débattre,
et le calendrier de son déroulement seront publiés
et mis en exécution. »
En tout état de cause, si je ne m’abuse et si je suis encore aussi lucide que je crois l’être, nous sommes aujourd’hui le 19 novembre 2014, c’est-à-dire exactement à moins d’un mois et demi de janvier 2015, qui n’est pas une date comme on veut le faire croire, mais une « plage » de 1 à 31 jours inclus, susceptibles l’un autant que l’autre, d’être probablement retenu pour le démarrage effectif du Dialogue Politique National de réconciliation.

Aussi, sans compter les journées du dimanche généralement réservé au repos – même pour les gens de bonne foi qui seraient retenus en vue des travaux préparatoires au dialogue -, il faut noter que nous sommes en fin d’année, une période de tous les « excès » avec tout ce que cela comporte de conséquences individuelles et collectives.

Dès lors une question s’impose à moi : En fixant les plages et l’ordre des travaux du DPN tel que ci-dessus, est-on vraiment sûr de vouloir arriver assez rapidement aux élections qui devront marquer la fin de cette Transition?

Et pour ne rien arranger, j’attire votre attention sur ce paragraphe tiré des conclusions de la dernière réunion du G8 à Bangui. Un CATALOGUE du Dialogue Politique National rempli de bonnes intentions devant servir de thèmes du aux débats !

«… ils ont demandé au Gouvernement de transition d’organiser, au plus tard en janvier 2015, le Forum de Bangui. Ce Forum devra s’articuler autour des questions suivantes:

dialogue,
vérité,
justice,
lutte contre l’impunité et réconciliation nationale
aspects sécuritaires, y compris le DDR et la RSS,
ainsi que l’utilisation d’enfants soldats;
les principes généraux devant guider l’élaboration de la nouvelle Constitution et les questions électorales; la gouvernance et l’assistance aux populations affectées. »
Disons simplement que pour une note de cadrage technique du futur dialogue qui se veut avant tout de RÉCONCILIATION, alors chère lectrice et ami lecteur, chacun est bien servi !

Za si bè ti zo oko oko a gui lo pèpè !

Que Dieu bénisse la terre de Zo Kwè Zo !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social
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