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Blog/Centrafrique : le naufrage est-il inéluctable ?
Publié le lundi 24 octobre 2016  |  LNC
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Pays divisé, insécurité omniprésente, tissu social déchiqueté, administration inopérante, économie morbide, injustice, impunité, corruption et pour corroborer le tout, des autorités incompétentes
Voici tel est le tableau sombre et effroyable qui se dresse sans effort si l’on essaye de tâter l’état dans lequel la nation Centrafricaine s’y trouve.

Indubitablement, comme il n’est point besoin d’être médecin pour apercevoir l’agonie d’un agonisant, il n’est de même point besoin d’être un expert sociologique, géopolitique ou en quelconque autre discipline pour constater que la RCA va très très mal.

Au premier abord, d’aucuns risqueront fort bien de se plaindre quant au caractère sévère de ce constat.
Mais si l’on décide de scruter avec un esprit dépouillé de toute illusion les paramètres politique, socio-économique, et sécuritaire de la RCA, et en faisant preuve d’objectivité, l’on admettra sans ambages que tous les indicateurs s’enfoncent davantage dans le rouge et que la nécessité d’une action concrète et consensuelle en vue de renverser cette tendance périlleuse est plus que jamais impérative.

En effet, si l’histoire de la République Centrafricaine depuis l’accession à son indépendance est dominée par une litanie d’événements malheureux allant des putschs à des mutineries sanglantes, la crise qui s’est déclenchée fin 2012 et qui court jusqu’à ce jour est sans conteste l’une des plus dévastatrice et la plus sanglante jamais enregistrée.
Ce conflit dramatique aux allures génocidaires entretenu sur fond d’antagonisme confessionnel ayant opposé la coalition Seleka aux miliciens Anti-Balaka, et qui s’est soldé par de graves violations des droits de l’homme, la mort de plusieurs milliers de personnes, près d’un demi million de Réfugiés et autant des déplacés conduisant à un nettoyage ethnico-confessionnel de la communauté musulmane et de ce fait au chamboulement du paysage démographique de la RCA qui se trouve de facto partitionné entre Nord et Sud.

Si l’intervention des forces internationales notamment françaises et celles déployés sous l’égide des Nations Unies à l’apogée de cette crise a permis de conjurer un tant soit peu les tueries de grande ampleur et d’instaurer un statu quo de ni paix ni guerre entre les protagonistes, la situation n’en demeure pas pour le moins volatile. À telle enseigne qu’il suffit d’une simple étincelle pour que le brasier s’attise.
En témoigne les récentes et brusques éclosions de tensions qui ont ébranlé à nouveau le pays ces derniers jours, notamment les affrontements de Kaga-Bandoro, Kouango, Koui et Bocaranga, qui ont respectivement opposé les ex-Seleka aux Anti-Balaka, et au cours desquels plusieurs vies furent emportées.
Mais aussi et surtout le soudain regain de violence dans la capitale survenue le Mardi 04/10/2016 après le meurtre d’un Officier des FACA, vraisemblablement commandité par des mains invisibles, dans le but de servir de prétexte à des massacres, comme ce fut le cas où plusieurs dizaines de musulmans furent sauvagement tués, démembrés, brûlés et cannibalisés.
Si le niveau de la violence a considérablement décru comparativement au summum de la crise où massacres, lynchages, décapitations, mutilations, cannibalisme, pillages et destructions de demeures, commerces et lieux de culte étaient le lot quotidien des Centrafricains, l’insécurité alimentée par l’animosité, la haine, l’intolérance et le rejet n’en demeure pas pour le moins persistante et est telle que la cohésion sociale, le vivre ensemble, l’unité du pays et la libre circulation des personnes et des biens restent gravement entravés par la présence des groupes armés à cause de la déliquescence de l’Etat.
Depuis le retour au pays des caïds du régime déchu de François Bozizé, dont la plupart sont sous le coup de mandats d’arrêt, l’on ne cesse de constater une résurgence inexorable de l’insécurité avec des affrontements meurtriers.

Cette insécurité est d’autant plus préoccupante que plusieurs ONG se sont vues être obligées de geler leurs activités dans certaines régions privant plusieurs personnes d’assistance humanitaire.
En effet, si beaucoup avaient vu en les élections récemment organisées qui ont conduit à l’avènement du Professeur Touadera à la tête du pays, et la mise en place d’un nouveau parlement, un moyen idéal de tourner définitivement la page sombre de la crise en RCA, cet espoir se trouve aujourd’hui réduit à peau de chagrin.

Jour pour jour, 6 mois se sont déjà écoulés depuis que le nouveau locataire du Palais de la renaissance a officiellement été intronisé pour conduire la destinée de la RCA.
Si FAT affirmait lors de son discours prononcé le 23 Septembre devant le 71ème Assemblée Générale des Nations Unies je cite: «Les Centrafricains sont plus que jamais déterminés à rompre définitivement avec le cycle de la violence pour aspirer légitimement à la paix, à la sécurité, à la justice, à la liberté et au développement durable», c’est à ce juste titre qu’il fut élu, quoique l’on sache désormais les coulisses qui ont prévalu lors de sa victoire.

Loin de nous vouloir nous inviter à un débat post électoral, ici il est question de nous alarmer de l’inertie, du manque de vision, des tergiversations, des discours démagogiques, de ses multiples périples qui ressemblent fort bien à des escapades plutôt qu’à des voyages d’Etat, bref de l’incompétence des autorités nouvellement élues et leur dangereuse et étroite connexion avec la Bozézie. Poussant certains à croire que le régime FAT serait en fait une version édulcorée de celui de son maître déchu.

L’espoir suscité par le nouveau président Centrafricain s’est volatilisé telle un château de cartes, honnêtement, exiger le retour à la normale après une période de crise comme c’est le cas de la RCA, après seulement 6 mois de gouvernance, c’est méconnaître le profondeur de la crise dans laquelle celle-ci se trouve enfouie.

6 MOIS DE GOUVERNANCE DÉJÀ, MAIS POUR QUEL BILAN ?

Une moitié d’année, c’est indiscutablement peu mais déjà assez pour évaluer les actions de ce gouvernement,i et ceci avec l’assurance de ne pas nous verser dans des supputations farfelues. Car ne dit-on pas que l’on reconnaît le vrai maçon à partir de la fondation ?
Or, il ressort que le chantier reste encore intacte, comme FAT l’a lui même reconnu lors de son adresse devant l’AG de l’Onu, où il disait: “la situation reste fragile”

Le Touaderamètre nous indique en effet, un si piètre bilan et ceci dans tous les domaines : Paix et Réconciliation, Justice, DDR, Reconstruction de l’armée, Relance de l’économie et Reconstruction des infrastructures, Retour des déplacés et réfugiés.
Quoique parmi les thèmes centraux des dernières élections à l’issue desquelles FAT fut élu, figuraient la paix et la Réconciliation qui manquent tant aux Centrafricains, et auxquels tout le monde aspire, celles-ci, au lieu de s’améliorer, continuent au contraire d’évoluer de mal en pis, et les innocents continuent de souffrir. Poussant les partenaires de la RCA lors de l’AG de l’Onu à demander aux gouvernement des “actions concrètes pour obtenir des progrès rapides dans le processus de paix et la réconciliation nationale.”

Si FAT, déclarait dans son discours d’investiture vouloir sonner la fin de l’impunité, source de tous les maux de la RCA et ériger la justice comme seul moyen de règlement des différents afin de consolider la paix, ses actions ont toujours démontré le contraire.

En effet, si la nouvelle constitution récemment approuvée par les Centrafricains, confère au président de la République le titre de premier magistrat, et l’oblige à être garant de la justice; or FAT se complaît par son laxisme et son impuissance à consacrer lui-même l’impunité, en ordonnant la libération de détenus ayant commis des crimes atroces.

C’est ainsi que plusieurs caciques et ténors du régime Boziziste recherchés pourtant par la justice, du fait des mandats d’arrêts en leur encontre, ont fait vaillamment leur retour sans crainte d’être inquiétés, car bénéficiant de la clémence tacite des autorités de Bangui, et pire encore, d’autres ont été promus à des postes de responsabilité.

Le DDR qui est la pièce maîtresse dans la configuration de la paix, reste au point mort. Les groupes armés continuent de camper sur leur position, faute de dialogue avec le pouvoir, laissant craindre une scission du pays. Cette inquiétude a conduit la communauté internationale à sommer les autorités de Bangui à démarrer le “processus de concertation avec les représentants des groupes armés en vue de permettre le lancement sans délai du programme national de DDR”

L’autre point important dans la quête de paix est la reconstruction de l’armée. En effet, si le forum de Bangui exigeait la refonte de l’armée, et la mise en place d’une armée républicaine, tenant compte de la diversité régionale, et confessionnelle de la RCA, il est regrettable de constater que la frange musulmane se trouve exclue d’emblée des nouveaux recrutements et formation de l’armée Centrafricaine.

Cette exclusion n’a pas échappé à la communauté internationale qui a enjoint FAT à mettre en place je cite “une approche inclusive associant toutes les composantes de la société centrafricaine” et de souligner au passage la nécessité de “la mise en œuvre de réformes concrètes dans les secteurs de la sécurité, de la défense et de la justice”. Signalons que plusieurs membres Anti-Balaka, qui ont activement pris par au conflit et commis des graves crimes, ont réintégré l’armée.

Les signaux du secteur économique peinent à reprendre de la couleur, à cause l’insécurité galopante, ajoutée aux dégradations des infrastructures de communication, notamment les routes, qui entrave la libre circulation des personnes et des biens, et qui pousse plusieurs opérateurs économiques à plier bagages. Le recul des activités économiques combiné à la corruption endémique des fonctionnaires constitue un obstacle majeur au renflouement des caisses de l’état.

C’est ainsi que l’état Centrafricain reste toujours sous perfusion de la communauté internationale et tributaire des aides, et est incapable ne serait ce que d’honorer les salaires des fonctionnaires.

Sur le plan humanitaire, les Ledgers sont loin de se vider, l’insécurité continue d’empêcher les déplacés et les quelques demi million de réfugiés à regagner leurs domiciles. Près de deux millions de Centrafricains se trouvent en situation d’insécurité alimentaire, et ont besoin d’une assistance humanitaire; le choléra continue toujours de faire des ravages, comme si le malheur dont sont victimes les Centrafricains n’est pas déjà assez.
L’évocation de tous ces maux et la persistante des hostilités doivent naturellement nous inquiéter, et nous pousser à nous demander si réellement un jour nous sortirions de cette situation désastreuse qui menace notre existence en tant que peuple et nation.

S’il est souvent dit que l’Etat est responsable et garant de la paix dans une société organisée, cela ne décharge pas pour autant la responsabilité individuelle de chacun des membres de la dite société, dans la quête et la préservation de la paix. Car la paix par essence même, est l’expression d’une volonté commune des membres d’une société donnée à surmonter leurs différences, soit-elle raciale, ethnique, religieuse, régionale ou même idéologique, tout en privilégiant l’entente, la tolérance, le pardon, le vivre ensemble, la solidarité, afin de préserver la concorde nationale et l’unité.
De ce qui précède, un examen de conscience à l’échelle individuelle s’impose à nous tous, enfants de ce pays qu’est la Centrafrique.
Avons-nous bien rempli nos parts de responsabilité dans la quête de la paix ? Nos actes et paroles vont-ils dans ce sens ?

En définitive, nous pouvons affirmer sans nous tromper, que nous sommes tous, plus ou moins responsables de nos souffrances, et qu’il nous incombe d’agir pour mettre un terme à cela.

Car si un bateau prend l’eau, ce sont tous les passagers qui sont appelés à agir pour éviter le naufrage, pas uniquement le capitaine.
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