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Désarmés et jugés, deux écueils sur le chemin de la paix en Centrafrique
Publié le lundi 14 novembre 2016  |  AFP
Bangui
© Autre presse par DR
Bangui capitale de la Centrafrique
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Le désarmement des groupes armés et le procès des auteurs de crimes de guerre devant une Cour pénale spéciale (CPS) représentent deux écueils sur le chemin de la paix en Centrafrique, pays exsangue au centre d’une conférence de donateurs internationaux cette semaine à Bruxelles.

"La paix", "la réconciliation", "la cohésion sociale", ces mots reviennent comme autant de voeux pieux dans les propos des Centrafricains, épuisés par quatre ans de massacres entre rebelles de la Séléka disant défendre la minorité musulmane et miliciens anti-balaka s’affirmant protecteurs des chrétiens.

Les tueries massives ont fait place aux affrontements ponctuels après l’intervention française Sangaris achevée fin octobre et relayée par la Mission des Nations unies (Minusca, 12.000 Casques bleus). La Centrafrique a même pu élire dans la paix en début d’année son président, l’universitaire Faustin-Archange Touadéra.

Mais les armes circulent et servent encore, alors que le gouvernement et la Minusca affirment avoir rallié 11 groupes armés sur 14 identifiés à un programme de pré-désarmement.

"Nous continuons de discuter avec les trois autres", déclare à l’AFP le président Touadéra. "Ce sont des Centrafricains, je pense qu’ils aiment leur pays et ce n’est pas avec les armes que l’on va construire le pays".

A Kaga Bandoro (centre), Idriss Al Bachar est le jeune chef politique d’une faction d’ex-Sélékas qui refuse ce programme.

"Nous, musulmans, nous détenons les armes parce que notre sécurité n’est pas encore garantie. Si nous avions cette garantie et celle de notre inclusion dans le champ politique et de non-discrimination dans la promotion sociale, les armes seraient inutiles", énumère le chef politique du groupe MPC d’Al Khatim.

"Nous avons demandé un accord politique au gouvernement actuel", ajoute Lambert, "chef de cabinet" d’une autre faction, le FPRC dirigé par Nourredine Adam, sous le coup de sanctions internationales. "Le président Touadéra vient de tendre la main. Mais dans son entourage, il y a des +virus+...".

- ’Grand banditisme’ -

"Leurs revendications sont légitimes mais ils n’ont aucune légitimité", réplique le représentant spécial des Nations unies en Centrafrique, Parfait Onanga.

A côté de ces groupes identifiés, au discours structuré, existe une nébuleuse d’hommes armés surtout intéressés par le contrôle des ressources (bétail, or, diamant....) de ce pays de près de cinq millions d’habitants grand comme la France et la Belgique réunis.

"On a compris qu’il fallait intégrer les 15 à 20% de musulmans. Le reste, c’est du grand banditisme", résume le chef de l’opposition Anicet Dologuélé, candidat battu par M. Touadéra à la présidentielle de 2016.

"La moitié du pays est occupée. Toute la partie Est n’est pas sous contrôle de l’Etat, avec des zones riches en or et en diamants. Qui contrôle la frontière avec le Soudan?", ajoute M. Dologuélé, qui avait publiquement estimé fin octobre que la France repliait trop tôt le parapluie de Sangaris.

Si le désarmement n’est pas encore à l’ordre du jour, la lutte contre l’impunité risque de prendre encore plus de temps.

La Centrafrique a voté une loi instituant une Cour pénale spéciale (CPS) hybride avec 12 juges centrafricains et 11 magistrats étrangers. Leur recrutement devrait intervenir en décembre-janvier, de même que ceux du procureur spécial et des juges d’instruction.

La CPS aura pour mandat de juger les auteurs de crimes de guerre et contre l’humanité commis en Centrafrique depuis le 1er janvier 2003.

Les enquêtes porteront donc aussi sur le régime de l’ex-président François Bozizé, renversé plus tard en 2013 par les Sélékas, et dont l’actuel président Touadéra a été le Premier ministre.

En exil, l’ex-président Bozizé fait d’ailleurs l’objet d’un mandat d’arrêt international, tout comme son fils et ex-ministre Jean-Francis, en liberté provisoire depuis son retour à Bangui et son arrestation en août dernier.

Quand vont commencer les instructions et les procès? "Bientôt", répond-on à Bangui.

Le bâtiment de la future CPS est encore en travaux. L’Etat dépend de la bonne volonté des Casques bleus de la Minusca pour mettre à exécution les mandats d’arrêts. "C’est lent mais nous espérons que cela se fera", selon M. Touadéra.

Prévue jeudi à Bruxelles, la conférence des donateurs de la Centrafrique (ONU, UE, Banque mondiale, Etats...) doit se pencher sur le financement de la CPS estimé à 37 millions sur cinq ans.
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