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Centrafrique : le président du PUR exige la mise en place d’une structure indépendante pour le suivi des annonces de Bruxelles
Publié le mardi 6 decembre 2016  |  RJDH-Centrafrique
Eddy
© Autre presse par DR
Eddy Symphorien Kparekouti, président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR)
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BANGUI—Eddy-Symphorien Kparékouti, président du Parti de l’Unité et de la Reconstruction (PUR), s’est félicité de la tenue de la table ronde de Bruxelles et des annonces obtenues par la RCA. Les annonces de 1130 milliards de Fcfa sont, selon le président du PUR une première manche qui doit susciter une mobilisation nationale afin d’amener les bailleurs à concrétiser leurs promesses. Eddy-Symphorien Kparékouti appelle alors à la mise en place d’une plate forme indépendante de suivi et de gestion des fonds pour rassurer les partenaires et la population. Il l’a dit dans une interview accordée ce jour au RJDH.

RJDH : La conférence de Bruxelles tenue le 17 novembre dernier sur la RCA, s’est soldée par l’octroi à la Centrafrique de plus de deux milliards de dollars. Quelle réaction avez-vous après les annonces obtenues des partenaires ?

ESK : Je vous remercie de l’occasion que vous m’offrez après cet important rendez-vous historique pendant lequel, plusieurs volontés à travers le monde se sont mobilisées autour de la République Centrafricaine, mon pays. En effet, la table ronde de Bruxelles s’est soldée par l’octroi à la RCA de 2,2 milliards d’Euro soit 1130 milliards de Fcfa sur trois années.

A ma connaissance, c’est la première fois de l’histoire de ce pays d’avoir un soutien aussi unanime et constant de la part des partenaires tant stratégique, traditionnels qu’occasionnels. Lorsqu’on consulte la liste des partenaires présents, on se rend compte de la présence de tout le monde. Selon les chiffres avancés, sur 93 partenaires invités, au moins 80% ont répondu à l’invitation, ce qui sur le plan des relations internationales, revêt une importance sacrée.

Cette forte mobilisation est surtout liée à la gravité de la crise que la RCA a subie depuis trois années avec toutes les conséquences que nous connaissons. Ceci étant, je prends acte des résultats de la rencontre de Bruxelles mais j’estime que ce n’est qu’une manche qui est remportée, ce qui nous oblige à ne pas déclarer vite victoire. Le peuple a encore en mémoire la table ronde de 2012 qui a débouché sur l’annonce de plus de 300 milliards de Fcfa mais, ces fonds n’ont jamais été injectés dans l’économie centrafricaine par manque de confiance qu’inspirait le régime de l’époque.

Dans ces conditions, vous comprenez que les autorités actuelles doivent prouver le contraire et bien s’organiser pour pouvoir entrer en possession de cet argent. Mais la RCA doit pouvoir se plier à des exigences, respecter des conditionnalités voire sacrifier une partie de sa souveraineté, engager des réformes exigées par les bailleurs de fonds pour voir la couleur de ces fonds. En plus, ce n’est pas de l’argent gratuit, une bonne partie sera remboursée par la génération future, raison de plus d’en faire bon usage.

Il est certain que tous les pays qui ont connu la guerre y compris l’Europe qui avait passé 30 ans de conflits religieux et de guerres civiles, ont été reconstruits à travers la coopération internationale. C’est d’ailleurs la

raison principale de la création de l’ONU et des institutions de Bretton Wood (FMI et BM) dont l’objectif principal est de maintenir la paix et la sécurité internationales en vue de favoriser le relèvement économique du monde.

RJDH : Les autorités centrafricaines avaient fait un programme quinquennal mais les partenaires n’ont choisi que de boucler le financement de trois années. Cette situation n’a-t-elle pas amoindri le succès que le pouvoir de Bangui croit avoir de Bruxelles ?

ESK : Le plan de relèvement et de consolidation de la paix qui a fait office de document-plaidoyer aux autorités, est étalé sur les cinq prochaines années mais reparti sur deux grands programmes dont l’un triennal et l’autre de deux années. C’est le programme triennal qui a été financé au-delà des attentes puis que le plan prévoyant 1,6 milliards de dollars, est finalement financé à hauteur de 2,2 milliards de dollars soit 41% de surplus. Les raisons que nous pouvons évoquer pour comprendre cette démarche est simple. Le programme triennal en question, comporte tous les principaux projets d’urgence et ceux axés sur l’amorce du développement. La réussite de sa mise en œuvre ouvrirait la voie au pays non seulement de se prendre en charge mais aussi de solliciter et d’avoir avec aisément le reste du financement car les bailleurs seront mis en confiance par les actes. Il faut dire que les partenaires veulent voir comment vont se comporter nos autorités avant de mettre tous les fonds à leur disposition. C’est le passé de l’Etat qui, quelque peu le rattrape ici.

RJDH : Certains pensent qu’il s’agit encore de simples annonces car le décaissement des fonds de manière générale, pose problème.

ESK : Je partage cet avis puis qu’en rentrant à Bangui, le président de la République n’est rentré avec aucun Franc annoncé à Bruxelles. Ce sont effectivement encore des annonces encadrées par des conditionnalités que le bas peuple ne le saurait peut-être jamais. Même si logiquement, nous pouvons émettre des réserves légitimes en se gardant de crier victoire, il faut dire que le pays a remporté une première manche qui est d’un coté la rédaction du document-plaidoyer et de l’autre de convaincre les partenaires qui ont fait de annonces. Maintenant, tout dépend de la capacité de mobilisation des autorités centrafricaines qui doivent continuer à parler avec les pays et les organisations qui ont fait ces annonces afin de les rassurer que leurs intérêts seront protégés et pour qu’ils puissent concrétiser leurs annonces.

Dans ces conditions, nous proposons la création rapide d’une plateforme représentative de la nation qui implique des représentants de la communauté internationale comme le prévoit l’accord cadre d’engagement mutuel. Mandat devra être donné à cette structure de continuer le plaidoyer de concrétisation des annonces. Si une démarche pareille n’est pas entreprise, nous risquons d’arriver en 2021 avec les annonces de 2016.

RJDH : Le pays décroche d’un coté des fonds pour son relèvement mais de l’autre, l’insécurité continue de prendre de l’ampleur. Dans ces conditions, la mise en œuvre des projets risque d’être problématique. N’est pas une réelle inquiétude dans le cadre de ce pal de relèvement ?

ESK : Il n ya pas de pays au monde qui s’est développé dans la guerre. La République Centrafricaine ne saurait faire exception dans ce domaine. C’est pourquoi, les Centrafricains soucieux de leur pays doivent prendre conscience de la nécessité de faire la paix par soi-même. Ce qu’on ne dit pas assez, c’est que sans la paix, ou un début de paix, on ne saurait mettre en œuvre les projets contenus dans le plan de relèvement qui est financé à Bruxelles. Le retour de la stabilité va certainement être une des conditionnalités que l’un ou l’autre partenaire poserait pour concrétiser ses annonces. C’est pourquoi, les autorités actuelles et la Minusca doivent tout faire pour que les signes du retour à la normale soient aperçus parce que pour l’essentiel, certains décaissements sont conditionnés par ce volet puis qu’il n ya pas de pays ni d’organisation qui accepterait d’injecter des fonds tout en sachant qu’ils n’atteindront pas les objectifs pour lesquels ces fonds ont été remis à cause d’une certaines instabilité.

RJDH : Vous êtes président du PUR, dites-nous à quel niveau votre parti est prêt à contribuer à la mise en œuvre du plan de relèvement de la RCA ?

ESK : L’exercice auquel nous nous livrons en ce moment, est la preuve de la volonté manifeste du Parti de l’Unité et de la Reconstruction de s’impliquer dans le processus de la sortie de crise et surtout du relèvement de la RCA. Au PUR, on n’attend pas qu’on nous implique mais on s’implique par intérêt pour ce pays.

Le PUR comme force d’idées, est prêt à participer à la mise en œuvre correcte et rigoureuse des projets prévus par le plan de relèvement. Mais à quel niveau doit se situer notre implication, cela ne dépend pas de nous. Toutefois, si participation doit exister, ce sera de manière désintéressée et avec la conviction républicaine de travailler pour le peuple. Mais, ce sont les autorités qui sont censées lancer la démarche qui doit être inclusive afin que tout le monde se reconnaisse dans ce programme.

RJDH : Une dernière question, comment se porte la formation politique que vous dirigez.

ESK : Le PUR est en pleine mutation en ce moment. Nous sommes en train de sortir du chantier battu des partis traditionnels qui restent cramponner dans une démarche gouvernante. Nous voulons créer une dynamique de proximité renforcée avec le peuple de la République Centrafricaine. C’est pourquoi, nous avons engagé des reformes pour que le PUR prenne de la hauteur et se rapproche de la réalité de la vie du peuple pour qu’en fin de compte nous devenions un parti du peuple, un véritable parti de masse populaire.

RJDH : Je vous remercie

Propos recueillis par Marina Molou-Gnatho
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