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Un Rapport d’Enquête de l’ONU confirme la Prévalence d’une Economie de Guerre en Centrafrique
Publié le jeudi 16 fevrier 2017  |  LNC
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Un Rapport d’Enquête de l’ONU confirme la Prévalence d’une Economie de Guerre en Centrafrique
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ans son rapport final publié en décembre dernier, le Panel d’Experts des Nations Unies sur la République Centrafricaine (RCA) confirme que les trafics d’armes et de ressources naturelles continuent de jouer un rôle central dans la perpétuation de la violence en Centrafrique.

Les récentes luttes fratricides entre les factions issues de la Coalition Séléka ont été motivées par une compétition pour le contrôle des revenus issus des ressources naturelles tels que l’or et le diamant et le contrôle des axes stratégiques. Le coordonnateur du Panel d’Experts, Ruben de Koning, a indiqué que : « Des compagnies très lucratives permettent au FPRC de maintenir une posture de confrontation vis-à-vis du gouvernement ». Malgré les différents avertissements qui révèlent les motivations économiques derrière la violence, le gouvernement de la RCA et la communauté internationale n’ont toujours pas pris les mesures appropriées.

LE TRAFIC DES ARMES ET DES RESSOURCES NATURELLES PAR LES GROUPES ARMÉS

Depuis août 2016, la violence est devenue plus aiguë et plus répandue partout sur le territoire. Le Panel observe que les récentes violences entre les factions issues de la Séléka et entre Anti-Balaka et Séléka semblaient être localisées et en grande partie motivées par des luttes de pouvoir internes et la concurrence pour le contrôle du territoire.

L’autorité de l’Etat a constamment été défiée par les différentes factions rebelles, en particulier par le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC), le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), le Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de la Centrafrique (RPRC), l’Union pour la Paix en Centrafrique (UPC) et le groupe ‘Retour, Réclamation, Réhabilitation’ (3R). Ces groupes armés ont mis en place une autorité de fait et une administration parallèle en extorquant la population, en détenant des personnes illégalement, en imposant des taxes, des couvre-feux et des barrières de contrôle. L’UPC contrôle les itinéraires de trafic d’armes entrant dans le pays en provenance de la République démocratique du Congo et le FPRC contrôle les routes venant du Tchad et du Soudan. Dans la région de l’est de la RCA, l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA) a poursuivi « le pillage de l’or, du diamant et le braconnage des éléphants pour l’ivoire ».

Dans les régions contrôlées par les anti-balaka, particulièrement dans la partie est de la capitale Bangui, les milices ont maintenu des points de contrôle illégaux afin de taxer les pêcheurs et les bateaux transportant des marchandises et des passagers sur la rivière Oubangui. Le Panel a noté que « de telles taxes illégales font monter les prix des marchandises et sont associées à des agressions physiques, des actes de torture et des viols de passagers ». Dans l’ouest du pays, « les anti-balaka extorquent de l’argent à des musulmans qui souhaitent revenir de leur exile en leur imposant des services de sécurité ».

LE BUSINESS DES LEADERS DES GROUPES ARMÉS

Les business de l’ancien président Michel Djotodia à Bangui: Dans son rapport final de 2015, le Panel a cité le rôle de Mahamat Nour Binyamine qui est chargé de percevoir les loyer des immeubles et des maisons appartenant à Michel Djotodia, qui fut président du FPRC jusqu’en octobre 2016. En juillet 2016, Binyamine a négocié la vente d’un terrain à Bangui appartenant à Djotodia à un entrepreneur privé. Le 29 août, l’entrepreneur a envoyé un montant de 25 millions de FCFA (50 000 $) au compte de Binyamine. Le Panel a noté que « Les États-Unis ont gelés les avoirs de Djotodia depuis le 13 mai 2014, et Binyamine, en tant que résidant américain, pourrait bien faire des transactions ou détenir des fonds appartenant à Djotodia aux USA », en violation du régime de sanction.

Le business de l’or d’Abdoulaye Hissène: le Panel a révélé que Abdoulaye Hissène, l’un des principaux leaders du FPRC et ancien collecteur de diamants et d’or, a repris ses activités commerciales alors qu’il était Conseiller Ministre de la Jeunesse et des Sports sous l’ancienne présidence de Catherine Samba Panza. En septembre 2014, Hissène aurait conclu un contrat de vente avec un investisseur indien pour 300 kilogrammes d’or pour un montant total de 9,9 millions de dollars. Le Panel mentionne n’avoir pas de preuve de la livraison, mais il a souligné que « Hissène n’avait pas d’autorisation d’exportation de minerais – ni en tant que coopérative, ni en tant que maison d’achat ».

La licence artisanale d’un chef anti-Balaka: Nice Demowance, qui demeure sous le commandement de Maxime Mokom, un des chefs notoires des anti-Balaka, a renouvelé sa licence d’exploitation artisanale. Le Panel note que Demowance est toujours le commandant anti-balaka dans la sous-préfecture d’Amada Gaza « où le combat entre anti-balaka et Fulani armés se poursuit, y compris sur les sites miniers ».

COMMERCE LICITE ET ILLICITE DE DIAMANTS

En septembre 2016, le Processus de Kimberley (PK) a déclaré que les sous-préfectures de Boda, Carnot et Nola étaient des zones conformes pour l’exportation de diamants. Le PK considérait qu’il y avait une présence suffisante de l’autorité de l’État, la libre circulation des personnes et des marchandises et que les groupes armés n’étaient pas systématiquement présents. Depuis la levée partielle de la suspension des exportations de diamants, trois colis ont été exportés, pour des diamants originaires des sites miniers localisés dans la sous-préfecture de Berberati, qui a été la première zone déclarée conforme en mars 2016.

Dans le même temps, le commerce illicite de diamants s’est poursuivi. Le Cameroun demeure le principal centre de commerce de diamants pour les diamants illicites des régions de l’ouest de la RCA. Dans les régions contrôlées par des groupes armés à l’est, comme par exemple à Bria, pratiquement aucune pierre n’atteint officiellement les entreprises exportatrices basées à Bangui. Pourtant, de nombreux collecteurs sont enregistrés et se revendent des diamants entre eux, de sorte que ce commerce puisse paraître légitime mais pendant ce temps, l’essentiel des lots est commercialisé illégalement à l’étranger. Le Panel recommande que les licences soient retirées puisque cette pratique va à l’encontre du code minier.

L’EXPLORATION DE PÉTROLE

Dans son rapport à mi-parcours de 2016, le Panel révélait la signature d’un accord financier entre une société appelée FIT Protection (FIT-P) et le groupe armé MPC. La société FIT-P a recruté des agents de sécurité des factions de la Séléka pour protéger les investissements et l’exploration pétrolière menée par la société chinoise PTIAL International Petroleum.

Ruben De Koning a déclaré que « FIT-P a engagé des chefs du FPRC, qui font toujours partie de la rébellion, et les salaires de gardiens versés ont été récupérés par ces chefs ». Il affirme aussi que « bien que le président Touadera a remis en cause ces accords de sécurité dans les médias, dans les faits, le Ministre de la Défense n’a toujours pas révoqué l’autorisation de port d’armes donnée aux éléments recrutés par la compagnie FIT P et qui avait été délivrée en avril de l’année dernière ».

La prédation économique est au cœur du système d’instabilité permanente en Centrafrique. La libre circulation des armes et des munitions a permis toutes sortes de trafics et a alimenté les tensions et la compétition entre les groupes armés. Les chefs des groupes armés peuvent toujours s’enrichir en menant des affaires en toute impunité, qu’il soit physiquement présent sur le territoire ou non. Reconnaître la prédation économique comme une motivation centrale dans la perpétuation de la violence est indispensable pour commencer à répondre aux causes profondes du conflit armé.
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