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Allocution de Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’OIF
Publié le vendredi 14 avril 2017  |  Centrafrique Libre
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© Autre presse par DR
La canadienne Michaëlle Jean, candidat au Secrétariat général de la Francophonie
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Monsieur le Président de la République Mesdames et Messieurs les Chefs des institutions de la République, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, Messieurs les Ambassadeurs et Représentantes et Représentants des institutions internationales, je veux vous saluer ici toutes et tous en vos grades et qualités, nous aimons bien dire ça en francophonie. Je regarde ici à ma droite deux femmes aussi remarquables que je veux saluer tout particulièrement pour leur posture exemplaire. La Présidente de la Cour Constitutionnelle et aussi la Présidente de l’Autorité Nationale des Élections. Mesdames, vous faites partie de ces femmes vaillantes, déterminées et moi qui ai toujours un souci et qui encourage toujours à l’exemplarité et vous incarnez tellement cette exemplarité dans tout le processus de transition qui a été porté ici en République Centrafricaine. Aucun mot, aucune expression ne saurait exprimer en ce moment ce que j’éprouve. D’abord, le fait que vous ayez fait de moi une centrafricaine de plus, je ressens ce grand honneur que vous me faites de m’élever au grade de Commandeur, ce qui me ramène ici, je dirai une qualité de ma vie lorsque j’étais Gouverneure générale du Canada. Je reçois cet honneur comme gage de confiance, la confiance est essentielle pour le travail que nous aurons à porter ensemble dans la suite de ce que nous avons déjà fait, nous de la Francophonie aux cotés de la République Centrafricaine. Ce que j’éprouve depuis mon arrivée hier ici en cette terre centrafricaine est le fait d’embrasser un ensemble à la fois d’émotions et de sentiments très forts dans mon esprit, dans mon cœur. Monsieur le Président de la République, hier soir, Son Excellence Madame la ministre des Arts, du Tourisme, de la Culture et de la Francophonie Gisèle Pana m’a offert un aperçu de la créativité centrafricaine. J’ai pu apprécier et découvrir quelques-uns de ces artistes exceptionnels dans ce pays foisonné. Merci madame la ministre et celles et ceux qui me connaissent savent que je ne résiste pas à l’appel des tambours qui pour moi, sont une offrande, une grâce qui ne se refuse pas. Alors mon corps qui connait ce langage, ce langage qui est la source de mes origines ne peut jamais refuser de répondre. Et c’est vrai que lorsque nous avons quitté la fête passant devant les musiciens et les danseurs et bien le corps a répondu. Et cela a agité mon sens, vous savez ça vous marque dans le sang, cet appel-là, venant de ce continent chaque fois que je reviens parce que c’est ainsi. Ce que je vis est très fort et défini la personnalité que je suis. C’est comme rentrer à la maison et à peine franchi le seuil ici que je veux dire ma gratitude, je veux dire ma reconnaissance aux centrafricaines et aux centrafricains qui, dans l’aéroport m’ont vite touché par la chaleur, la sincérité et la ferveur de leur accueil. Les tout petits étaient là pour le dire, ces enfants de l’école primaire qui répondaient volontiers à mes questions et même parfois un peu difficile. J’ai mis à l’épreuve un petit garçon sur une addition, il a répondu à la hâte et tout de suite avec la bonne réponse. Donc, ces enfants méritent que nous soyons là pour eux et avec eux. Ainsi que toutes et tous les ministres de la Francophonie, des Affaires Etrangères, de l’Economie, de la Réconciliation nationale, de l’Intérieur et de la Justice. Je veux remercier également le Chef du gouvernement, Son Excellence M. Simplice Mathieu Sarandji ainsi que toutes et tous les ministres de la Francophonie, des Affaires Etrangères, de la Réconciliation nationale, de l’Economie, de l’Intérieur, des Relations avec le Institutions de la République, du Commerce, de la Communication. Vous étiez toutes et tous là et nous avons pu avoir une séance de travail interministériel qui nous a permis et aux collègues de l’OIF, d’établir les axes précis d’une coopération que nous voulons plus robuste avec la République centrafricaine. La République centrafricaine sait ce qu’elle veut, elle l’exprime à travers ce plan que vous avez pensé, ce plan de redressement et de consolidation avec pragmatisme, clarté et c’est pourquoi, il m’est si facile de défendre et porter le plaidoyer. Je veux le dire aussi, d’où mon intention d’aller également à la rencontre de toutes ces femmes, ces hommes, de cette jeunesse qui portent avec fierté et courage sous votre impulsion Mr le Président, le redressement de la Centrafrique, son retour à la sécurité, son retour à une paix sincère et durable. Le chemin à parcourir est encore long et les défis sont considérables mais, nous allons y arriver. Et le fait d’aller aussi au contact de toutes ces énergies, de toutes ces forces vives de la nation résolument engagées dans la réconciliation de ce grand pays avec lui-même et avec l’avenir après ces temps de tragédie et de souffrance. Mais après aussi une transition menée avec un niveau exceptionnel de persévérance et de détermination. Cette visite, je l’ai espérée l’ai voulue, vous également, je l’ai préparée minutieusement avec mes équipes voilà des années que l’organisation internationale de la Francophonie ( l’OIF ) garde les yeux et le cœur rivés sur la République centrafricaine. Monsieur le Président, nous nous rendrons dès demain matin ensemble et avec le chef de la mission des Nations-Unies pour la stabilisation de la RCA, M. Parfait Onanga Anyanga. Nous nous rendrons à Bambari. Cette ville avec ce malheur qui s’y est vécu, des exactions commises par les groupes armés ; symbole de la souffrance endurée par les centrafricaines et les centrafricains, ces hommes, femmes et enfants et tous ces milliers des déplacés tous traumatisés encore, tenaillés par les souvenirs indélébiles des atrocités qu’ils ont vécues, des êtres chers qu’ils ont perdus. Mais Bambari, c’est aussi le symbole du retour de l’Etat, du retour à la vie, du retour à l’espoir et à la conviction que tout peut encore changer. Et c’est animé vraiment de ce même espoir et de cette même conviction que je me présente aujourd’hui devant vous, je sais que vous appelez à l’union des cœurs et des esprits. Je puis vous dire que nous serons à vos côtés dans cet avenir de tout est possible, de tous nos espoirs et comme nous l’avons toujours été dans toutes vos épreuves. Voilà en effet, Vous savez quatorze ans que l’OIF s’est mobilisée pour accompagner les grands tournois de la vie politique et institutionnelle de votre pays, pour contribuer au rétablissement d’une paix et d’une stabilité durable en mettant à disposition une expertise dans les domaines aussi variés que le maintien de la paix, l’assistance électorale, l’appui aux institutions ainsi que la réconciliation nationale, la justice et la lutte contre l’impunité. Je veux le redire ici, c’est une juste une exigence, la seule à rendre et à satisfaire je pense le droit pour les victimes d’être reconnues, de savoir leur obtenir réparations avec la poursuite des responsables, mais aussi permettre aux autorités de remplir leur mandat en tant puissance publique garante de l’ordre publique du devoir de mémoire et de la justice. Cette visite, je l’ai espérée, je l’ai ardemment voulue et je n’ai cessé depuis ma prise de fonction en janvier 2015 de suivre jour après jour avec la plus grande attention l’évolution de la situation dans votre pays. Combien de fois, je me suis entretenue avec les autorités de la transition notamment avec la Présidente de la transition Catherine Samba Panza dont je veux saluer le courage, l’abnégation et la force de conviction. Mon envoyé spécial pour la République Centrafricaine, le Ministre belge a effectué plusieurs missions ici même à Bangui avec les équipes de l’OIF. Et dans le même temps nous n’avons cessé de mettre en éveil et en alerte la communauté internationale, nous continuerons à le faire, j’ai moi-même mené un plaidoyer constant pour ainsi sensibiliser les Etats et gouvernements de l’OIF à l’urgence d’inscrire la République Centrafricaine sur l’agenda international et d’accompagner aussi le processus de transition tant sur le plan politique, humanitaire et financier. Ce plaidoyer je continue de le mener au quotidien lors de mes rencontres bilatérales, mais aussi auprès des Nations-Unies, de l’Union Africaine, auprès de l’Union Européenne, de la Banque Mondiale, du Fond Monétaire International, de la Banque Africaine pour le Développement et d’autres institutions encore. Et nous continuons de plaider sans relâche en faveur du soutien au redressement économique et social que vous conduisez Monsieur le Président dans le cadre du relèvement et de la consolidation. Nous l’avons fait le 17 novembre dernier lors de la conférence de Bruxelles devant les investisseurs et les bailleurs. Il faut dire que la grande qualité du plan national, et pourquoi il suscite tout l’intérêt des partenaires internationaux, c’est de le dire encore parce qu’il est clair, parce qu’il est crédible, parce qu’il est volontaire mais, ça ne suffit pas. Nous sommes maintenant mobilisés pour lever le déblocage des fonds annoncés à Bruxelles et pour poursuivre avec vous la transition parce que nous savons combien les chantiers sont durs à mener. Cet appui multiforme, nous l’avons fourni aux cotés des partenaires nationaux, régionaux, internationaux et bilatéraux. Et je veux ici saluer le travail remarquable qui a été mené par les forces de l’opération Sangaris, comment ne pas saluer aussi tous ensemble les actions menées par la MINUSCA en vue du rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire. Des actions menées avec courage et l’esprit du sacrifice par la Centrafrique et par ses partenaires, je sais que la Centrafrique voudra pouvoir mener pleinement cette prérogative de défendre et sécuriser son territoire et protéger ses populations. Je veux aussi saluer l’esprit de coopération qui a prévalu entre l’OIF et tous ses partenaires, qu’il s’agisse des États de la Sous-région, il était bien de rencontrer le groupe des ambassadeurs des Etats francophones pour en parler ensemble, qu’il s’agisse de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale, de l’Union Africaine, des Nations-Unies, de l’Union Européenne et de la Conférence Islamique et de la France. Nous avons beaucoup parlé hier lors d’une réunion que nous avons tenue ensemble et j’ai senti cet attachement à ce pays. Le partenariat a fait ses preuves et nous devons plus que jamais le renforcer car le moment est venu de voir l’avenir en conjuguant au présent tous les atouts et toutes les forces de la RCA en accompagnant ces efforts en donnant corps à ces attentes et espoirs nous avons toutes les raisons d’être confiant. Ce renouveau entre votre pays et la francophonie s’ouvre sous les meilleurs auspices parce que j’ai la conviction que la nation centrafricaine saura retrouver pleinement sa solennité dans les recettes de toute sa diversité. C’est ce qui fait précisément la richesse de cette terre centrafricaine, c’est sa nature plurielle, elle est le produit de l’âme culturelle et linguistique entrecroisée. Elle est le creuset du brassage humain et culturel. Cette diversité est une force, le don d’un vecteur de développement que la RCA doit préserver et promouvoir pour que raisonne sa musique portée par la Lobaye, pour que s’exporte son artisanat adossé aux sculptures de bois et masques de l’Ombella M’poko , à la bijouterie de l’Etat assortie des pierres précieuses de la Sangha Mbaéré, à la fonderie et la cordonnerie de la Ouaka, de la Vannerie du Mbomou, avec tout cela mettons en valeur la République Centrafricaine. Le défi sécuritaire persiste mais j’ai la conviction ainsi que le peuple centrafricain sera dressé contre ceux qui attisent la haine ; contre ces organisations criminelles et prédatrices qui se cachent derrière et instrumentalisent les différences politiques , religieuses et ethniques ; ces organisations criminelles qui exacerbent le repli sur soi et le rejet de l’autre à la seule fin de s’emparer du pouvoir et des ressources naturelles dont regorge votre territoire à cet égard Je tiens à souligner le rôle décisif des autorités religieuses dans le retour de la paix. J’ai la conviction que la Centrafrique saura retrouver le chemin de la sécurité et que vous avez décidé M. le Président, d’ériger au nom de vos priorités nous savons combien la sécurité est essentielle pour la sérénité de la population, pour la liberté de la circulation, la liberté d’entreprendre, pour l’attractivité des investissements. J’ai la conviction aussi que votre pays saura mettre ce redressement socio-économique tant entendu et pour cela et à vos côtés nous répondons aussi présents. L’apport de l’OIF au plan national de relèvement et de consolidation de la paix en RCA 2017- 2021 est très attendu je le sais et nous sommes là. Le déploiement prochain d’une mission exploratoire de l’OIF permettra d’évaluer de manière plus précise encore les besoins en tenant compte de tous les domaines où notre organisation dispose de l’expertise des moyens où elle pourrait mener des plaidoyers. Par ailleurs je sais M. le Président vous avez à cœur cette dynamique positive que vous avez engagée, d’user de ce que j’ai l’habitude d’appeler de toutes nos armes de constructions massives que sont l’éducation , la formation et l’accès à l’emploi ce qui s’adresse en priorité à la jeunesse et encore plus à la jeunesse centrafricaine qui constitue un atout un potentiel indéniable pour votre pays. Vous le savez mieux que quiconque vous, l’universitaire qui venez du contact avec la jeunesse. En effet je crois beaucoup à la capacité et à la volonté qu’à la jeune génération de réussir là ou d’autres générations ont échoué et je le redirai dans 48 heures aux jeunes centrafricains de l’université de Bangui et je voudrais aussi M. le président le dire à toutes les femmes que vous avez conviées à ce déjeuner, toutes les femmes centrafricaines des villes et des compagnes que cette paix en construction dans ce pays bénéficie sans doute de leur contribution en tant que femmes car sans elle, rien n’est possible. J’ai noté comment grâce aux femmes ce pays a su retisser la longue chaine de solidarité sur laquelle il s’est construit depuis plus d’un millénaire, année après année comme parlait Aimé Césaire. C’est pour cela que l’OIF apportera un appui à la promotion de l’entreprenariat en ciblant particulièrement l’autonomisation économique des femmes. M. le Président nous ne sommes pas là pour reprendre notre coopération notamment économique et culturelle là où l’insécurité l’avait figée. Nous sommes là pour aller plus loin, pour mettre en œuvre les bouts des programmes novateurs dans tous les secteurs que la francophonie déploie sa coopération multilatérale. Je voudrais vous rassurer que la feuille de route sera riche à la hauteur des ambitions légitimes de toutes les filles et de tous les fils de la République Centrafricaine et c’est sur ces termes d’optimisme que nous allons lever les verres qu’en dites-vous ? Nous allons maintenant M. le président à votre santé et à celle de toutes et tous les invités ici réunis, aux liens entre nous tous assis autour de cette table qui unit la Francophonie et la Centrafrique et surtout à la paix retrouvée, vive la Centrafrique, vive la Francophonie.
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