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Centrafrique : Une catastrophe chasse l’autre
Publié le lundi 5 juin 2017  |  Al Wihda
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© Autre presse par DR
Une patrouille de la MINUSCA dans la ville de Bambari
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Pour éviter que la population de Bambari ne soit prise sous les feux croisés de Darass qui tenait la ville, et de ses anciens amis de la Séléka, qui voulaient l'en déloger, la MINUSCA (1) n'a pas trouvé mieux que de laisser partir le condottiere nigérien, pour des régions relativement épargnées jusqu'ici mais qui vont malheureusement basculer dans l'horreur à leur tour.

1. FAUTE LOURDE

Cette énième flambée de violence était prévisible, comme l'était, quelques années auparavant, le transfert des Séléka lourdement armés, de Bangui en province. Que de déceptions ! Mais qui sont ces militaires de l'ONU qui n'apprennent pas de leurs échecs ? Régler le conflit centrafricain a consisté jusqu'ici à déplacer les foyers de tension, à faire passer les théâtres d'affrontements d'une région à l'autre, avec son cortège de morts, avec son cortège de blessés, comme si cette guerre n'aurait jamais de fin. Il me semble, et cela n'a point échappé à la sagacité des observateurs, qu'il était relativement aisé de réduire la rébellion Séléka pendant que ses généraux et le gros de ses troupes se trouvaient à Bangui que maintenant qu'on les a semés comme de l'ivraie dans toutes les provinces.

Les jours passent et le doute s'installe. Après, je ne sais plus quel massacre, un des hauts dirigeants de l'ONU en charge du conflit centrafricain avait promis que dorénavant ses hommes seraient proactifs. Promesse de gascon, lui diraient aujourd'hui Alindao, Bangassou, Mobaye. En Centrafrique, un drame chasse l'autre et les promesses des Nations unies n'engagent que ceux qui les reçoivent.

2. DOS AU MUR

La violence des derniers affrontements a surpris tout le monde, à l'exception de la MINUSCA, qui savait qu'en laissant partir vers la frontière sud de la Centrafrique un homme traqué, accusé de vols, de rébellion et de massacres, elle le poussait littéralement dans ses derniers retranchements. C'est un buffle blessé qu'elle a lâché dans la Basse-Kotto. Il sera d'autant plus difficile à capturer qu'il y dispose à Mboma, à côté de Zangba, à quinze kilomètres de Mobaye, d'une base militaire. Pendant qu'à Bambari la MINUSCA parlementait avec lui, il assurait ses arrières, en transformant la Basse-Kotto en un véritable camp retranché. Ce secret de Polichinelle, toute la population de Mobaye le savait, qui s'est enfuie comme un seul homme de l'autre côté de la rivière, à Mobayi-Mbongo, en territoire congolais.

Les deux villes portent le même nom comme la plupart des villages qui se font face de part et d'autre de l'Oubangui. Elles partagent aussi une longue tradition d'entraide. Quand les rebelles de Mulélé, le vengeur malheureux de Lumumba, avaient attaqué Mobayi, toute sa population s'est repliée sur Mobaye. Et réciproquement quand la Séléka s'empara de Mobaye en 2013, sa mauvaise réputation l'avait précédée dans la ville et fait fuir à Mobayi tous ses habitants.

3. DRAME HUMANITAIRE

Deuxième fuite en moins de cinq ans : les mêmes causes produisant les mêmes effets. Mais cette fois-ci, il ne s'agit pas d'une simple fuite : on peut parler de sauve-qui-peut à Mobaye. Pour une raison que j'ignore, la population n'a pas fui à Mobayi-Mbongo, mais à côté, en aval, sur une plage d'un kilomètre et demi où l'on ne trouve rien. Pas l'ombre d'un arbre où s'abriter de la canicule ou des orages, pas de nourriture, pas d'eau potable : on se contente de boire l'eau de la rivière. Ces conditions extrêmes n'augurent rien de bon. Des enfants et des vieillards ont commencé à mourir, sur du sable chaud ou mouillé par temps d'orage, dans une zone qui, avant la construction du barrage hydroélectrique par Mobutu, était inondable pendant la saison des pluies.

Je précise à l'attention des autorités centrafricaines, si autorités il y a, que la MINUSCA à Mobaye a prêté main forte aux séides d'Ali Darass pour chasser la population des villages qu'elle était venue protéger. Au moment où je termine cette tribune, Mobaye n'est plus qu'une ville fantôme, arpentée par des pillards, les sicaires du condottiere nigérien.

GBANDI Anatole
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