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Coupée de son arrière-pays, Bangui vit dans sa bulle
Publié le jeudi 3 aout 2017  |  Le Monde
Centre-ville
© Autre presse par DR
Centre-ville de Bangui
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Depuis la guerre civile, la capitale centrafricaine n’est reliée à l’extérieur que par l’aéroport, le corridor vers le Cameroun et le fleuve Oubangui. La route de Bangui jusqu’au Cameroun, via Bossembélé, Bouar puis la frontière, à Bokolo, n’est plus ce qu’elle était. Il y a certes quelques passages troués comme un champ de bataille, mais Romaric ne s’en plaint pas. Quelle route africaine n’en a pas ? Ce qui a changé la vie de Romaric et de ses collègues camionneurs, ce n’est pas la qualité « passable » du goudron, mais la sécurité désormais assurée sur cet axe vital pour la capitale centrafricaine, dont l’approvisionnement des 700 000 habitants repose presque exclusivement sur deux voies : la route vers le Cameroun et le fleuve Oubangui.

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En ce vendredi de juin, Romaric est encore plongé dans les entrailles de son vieux Renault jaune éprouvé par plusieurs centaines de milliers de kilomètres. Encore quelques heures pour les derniers réglages. Le lendemain, il prendra la route pour une longue virée, à la queue leu leu avec 80 autres camions garés, comme lui, sur le parking du Bureau des affrètements routiers centrafricains (BARC), à l’entrée de Bangui. Une vie s’organise autour des petits commerces dans ce caravansérail mécanisé avant de partir en convoi, escorté par des casques bleus et des voitures de la police économique centrafricaine.
Un corridor stratégique

Cette mesure a été prise durant la période de transition assurée par Catherine Samba-Panza (2014-2016), après la guerre civile qui a plongé le pays dans un bain de sang, de 2012 à 2014. Avant elle, les Français avaient pris la mesure de l’importance de ce corridor stratégique. Sa sécurisation fut l’une des priorités des militaires de l’opération « Sangaris », dès leur déploiement début 2014, qui dégagèrent cette voie livrée aux milices chrétiennes anti-balaka et aux coupeurs de route.

« Avant, si vous tombiez en panne, vous ne pouviez pas vous en sortir. Les gens sortaient des forêts, vous tuaient et brûlaient le véhicule. Aujourd’hui, c’est bon, mais il ne faut toujours pas circuler seul avec de la marchandise », raconte Romaric. Les escortes ont d’ailleurs commencé après la mort d’un chauffeur camerounais. Dorénavant, ils prennent la route deux fois par semaine, le mardi et le samedi, sans trop s’en soucier.

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Un autre objectif de ces escortes, plus inattendu, est, selon l’expression de Wilfried Dimanche Nguissimale, président de l’Union syndicale des conducteurs de Centrafrique, « d’arrêter les tracasseries sur la route ». Entendre par là le racket organisé par tout ce que le pays compte d’hommes en uniforme – policiers, gendarmes, douaniers, service des eaux et forêts… –, qui ponctionnaient leur dîme à l’entrée et à la sortie de chaque village. La présence de casques bleus du Bangladesh dans les convois a mis fin à cette pratique. En Centrafrique, tout du moins. « Pas au Cameroun. Ils peuvent immobiliser ton véhicule pendant plusieurs jours en attendant que ton patron te dise de payer », ajoute Wilfried Dimanche, dit « Willy ».

Enfin, reste la douane centrafricaine. « Ils préfèrent être payés en liquide », grince un commerçant. « Le train de vie du nouveau directeur général de la douane, Frédéric Théodore Inamo, a changé depuis sa nomination. Il est proche du soleil, comme on dit », ironise-t-il, en référence à sa proximité avec le président Faustin-Archange Touadéra, originaire lui aussi de l’ethnie gbakamandja. La directrice précédente, Rachel Ngakola, était la compagne de Mahamat Kamoun, le premier ministre de Mme Samba-Panza. Elle a été éjectée de ce poste lucratif avec le changement de pouvoir.
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