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EDITO/Centrafrique : 57 ans dans le sang, la famine et les larmes !
Publié le vendredi 18 aout 2017  |  LNC
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Instant d’un constat, la République Centrafricaine n’est plus un espace géographique, mais la pluralité d’imaginaires et de temporalités.

Lorsque nous osions affirmer que 14 de ses 16 préfectures étaient hors contrôle, nous dûmes faire face à une levée de boucliers d’un grand nombre, préférant toujours cultiver le déni du réel. Il aura fallu confirmation du porte parole du gouvernement pour qu’enfin le constat prenne corps dans les consciences.

CRISE POLITIQUE, CRISE SÉCURITAIRE, CRISE HUMANITAIRE, DES COCKTAILS EXPLOSIFS

Dans une interview explosive accordée au quotidien français “Le Monde” Anicet Georges Dologuele, le plus visible des opposants symbolise bien le climat délétère régnant dans la vie politique nationale, déclarant : “N’importe quel président souhaiterait avoir un opposant comme moi. J’essaye de participer à tout ce qui est positif et d’apporter ma contribution, mais j’ai l’impression de donner à boire à un âne qui n’a pas soif. Le chef de l’Etat ne collabore avec personne. On ne peut pas être dans ma position et se satisfaire de voir chaque jour des gens se faire massacrer.”

Chacun s’épie, s’accuse, se soupçonne, se méfie se dénigre, dans une totale discordance et une ambiance paranoïaque.

Le chef de l’état lui, face à la déferlante des violences, ce jour dans son discours au pays a parlé de la capacité du peuple à la “RESILIENCE”.

Le terme de résilience, emprunté à la Science physique et repris par Boris Cyrulnik en psychanalyse, signifie tout simplement la capacité d’un objet que l’on déforme à reprendre sa forme originelle. Cas d’un ballon. Cyrulnik lui pense que les pires épreuves sont surmontables, que la guérison est possible, grâce la capacité naturelle de l’être humain dans des souffrances, à instinctivement chercher un état d’équilibre, comme une balle que l’on comprime, et qui retrouve sa forme sphérique dès que la pression subie cesse.

L’on comprend par cet éclairage que TOUADERA une fois de plus aura eu un mot malheureux, parce que totalement inadapté à la situation. Ceci rappelant un de ses discours à Bambari en Mars dernier, où parlant des violences il déclarait : “Cette situation est maintenant derrière nous !” – Manifestement non, les violences se sont amplifiées depuis.

Car il ne peut y avoir résilience que s’il n’existe plus de pression exercée. Comment y croire avec plus de 20% de la population étant soit des déplacés internes, soit des déplacés externes ? Avec la moitié du pays criant famine ? Avec 75% du territoire nationale en permanente situation de volatilité sécuritaire ?

En dehors de “La République de Bangui”, la plupart des villes de “l’ailleurs” sont coupées en deux, à l’instar de KAGA-BANDORO. Les milices Séléka contrôlant la partie NORD de la ville, jusqu’au pont, et même au-delà qui sert de limite. De nombreux quartiers sont vides et plus de 25.000 déplacés s’entassent sans aide ni soutien autour de la base de la MINUSCA.

LE 58ÈME ANNIVERSAIRE ?

Pour le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, se confiant à RFI, la République centrafricaine “est au bord d’une situation génocidaire”. Ajoutant :« On ne peut pas rester dans cette position, à juste prier pour que cela n’arrive pas ».

L’espoir de sortie de crise ne viendra donc pas de la prière, pourtant l’allant de soi centrafricain – dans un pays laïc où les politiciens jusqu’au plus haut sommet, par pure démagogie, adorent les mélanges de genre en évoquant Dieu dans les discours officiels. Pur paradoxe, mais nous en sommes plus à un près.

Avec un Etat inexistant, une armée inexistante, la solution de sortie de crise par la force est donc inenvisageable. Les groupes armés qui pullulent eux sont surarmés. Le rapport de force étant en leur faveur. Et ce, d’autant plus que les 12.000 hommes de la MINUSCA n’iront pas au feu pour les déloger de leurs places fortes. Et les scénarii fictionnels de DDR ou DDRR toujours de simples distractions.

Enfin, en absence de mutualisation des aides internationales dont le pays dépend à 100%, le casse tête centrafricain risque de durer, car personne n’a vraiment une réelle envie de le sauver. Les saupoudrages humanitaires ont depuis longtemps affichés leurs limites. Il ne compensent même pas 25% des besoins urgents.
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