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Centrafrique : A.G Dologuelé juge insuffisants les efforts du gouvernement en matière de paix et de sécurité
Publié le mercredi 27 septembre 2017  |  RJDH-Centrafrique
Anicet
© Autre presse par DR
Anicet Georges Dologuélé, Président du Parti URCA.
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BANGUI – Dans une interview accordée au RJDH, le chef de file de l’opposition démocratique, Anicet Georges Dologuelé a accusé le président Faustin Archange Touadera de passif et attentiste dans la gestion de la situation sécuritaire dans le pays et appelle à un effort conjugué FACA-MINUSCA. Position exprimée ce 26 septembre à Bangui.

RDH : Anicet Georges Dologuelé Bonjour !

Anicet Georges Dologuelé : Bonjour

RJDH : Vous êtes député de Bocaranga, qu’en est-il de la situation sécuritaire et humanitaire dans votre circonscription ?

AGD : La situation est extrêmement grave. Imaginez une ville où toute la population s’est enfuie, la plus part dans la brousse, n’oubliez pas que nous sommes en saison de pluie, beaucoup sont sur le site de la Minusca et une partie à l’Eglise Catholique, donc la ville est complètement vidée de sa population et appartient aux groupes armés. On parle d’une coalition 3R-MPC, je ne sais pas qu’est-ce qu’ils viennent faire là, quand vous prenez l’un et l’autre, généralement ils vont là où il y a de petits bétails, ils font du commerce sur le trafic du petit bétail à Bocaranga, il n’y en a pas et je ne sais pas exactement ce qu’ils font là.

RJDH : Face à cette situation, que comptez-vous faire en tant que député ?

AGD : Depuis le début de cette crise, j’essaie de prendre le maximum d’informations à Bocaranga. Vous savez qu’ils ont coupé le réseau téléphonique à Bocaranga, donc c’est difficile d’avoir des informations directement à partir du téléphone, j’essaie de prendre le maximum d’informations. Nous allons nous réunir entre députés de la région, nous allons voir le gouvernement et la Minusca. Vous savez que depuis le mois de mars, j’avais réussi à m’impliquer directement en parlant aux chefs des groupes armés de part et d’autres. J’avais réussi à maintenir une espèce de paix de brave qui avait été rompue par les 3R. Je ne sais pour quelle raison et donc je suis très préoccupé par cette situation.

RJDH : L’ouverture de Faustin Archange Touadera aux groupes armés qui font leur entrée au gouvernement, ne justifie-t-elle pas l’attaque de Bocaranga ?

AGD : Je ne sais pas si ça y contribue parce que je me suis laissé dire que Bocaranga ne serait qu’une étape et que ces gens avaient des visées de conquérir d’autres villes. Quand on met des représentants des groupes armés dans un gouvernement, il faut convenir, qui on met, qui on ne met pas, il faut que tous les groupes armés soient d’accord sur le modus operandis. Je pense que cela a manqué, je l’ai déjà dit dans une interview… je ne comprends pas très bien ce qui était recherché par le Chef de l’Etat quand il a décidé de mettre quelques personnalités qu’il a choisies lui-même dans son gouvernement.

RJDH : Donc les 3R ne cherchent-ils pas à avoir plus de places dans le gouvernement ?

AGD : Je ne discute pas avec les 3R, mon seul problème, c’est la population. Quand la population est massacrée, souvent j’essaie (……) des interlocuteurs pour essayer d’obtenir d’eux qu’ils arrêtent de martyriser la population, mais je ne discute pas de ces questions avec les groupes armés.

RJDH : Apres l’accord de Saint Edigio en juin dernier et aujourd’hui la feuille de route de l’Union Africaine, toutes les initiatives semblent-être vaines et inefficaces. En quoi pensez-vous qu’une démarche locale peut garantir la stabilité et la paix durable en Centrafrique en particulier à Bocaranga ?

AGD : Je pense que ces groupes armés ayant signé l’accord de Saint Egidio, il faut les gérer après, quand ils sentent qu’il n’y a aucune autorité, d’autres sortent, ils font ce qu’ils veulent. L’initiative locale, précisément vous savez que déjà dans chaque préfecture il y a un ministre résident, dans chaque préfecture, il y a des députés, il y a des personnalités influentes de par leur vécu ; à mon avis il faut associer tout ce monde-là pour qu’ils aient des actions sur le terrain, au quotidien pour qu’ils amènent tout ce monde à respecter leurs engagements. On ne peut pas rester à Bangui et ne rien faire.

RJDH : Cela veut dire que vous comptez encore une fois rassembler les députés de l’Ouham et Ouham Pendé pour y faire une nouvelle descente comme vous l’aviez fait en décembre dernier ?

AGD : Je parle de l’Ouham-Pendé, bon vous avez vu que la visite que nous avons faite il y a pratiquement un an, qui est restée lettre morte, si l’on avait évolué dans les solutions proposées, tout l’Ouham Pendé ne serait pas occupée comme aujourd’hui. A l’époque il n’y avait que Paoua et Koui, aujourd’hui c’est presque la totalité de l’Ouham Péndé qui est occupée parce qu’il avait vu qu’il n’y avait rien derrière cette mission pourtant il y avait des personnalités très influentes, notamment le Président Ziguélé et moi et treize députés, c’est un chiffre assez impressionnant, nous avons été rencontré tout ce monde-là, ceux-là veulent qu’il n’y aucune autorité, cela veut dire que ces députés ne sont écoutés au niveau de l’Exécutif et donne l’idée de faire ce qu’il voulait. Je pense que l’initiative locale doit-être encouragée. Le pays est très grand, le gouvernement à partir de Bangui ne peut pas tout faire. La Minusca ne connait pas les cultures des populations, il faut associer les initiatives locales de haut niveau pour aider à trouver des solutions.

RJDH : Entre l’augmentation de l’effectif des forces de la Minusca qu’a demandé le président Touadera à la tribune des Nations-Unies et le retour progressif des Forces Armées Centrafricaines, qu’est-ce qui semble efficace d’après vous ?

AGD : Je pense qu’il faut les deux. L’augmentation des effectifs est une chose, mais il faut que ces effectifs soient opérationnels. Pour qu’ils soient opérationnels, je l’ai toujours dit, il faut que le gouvernement se mette enfin à faire une diplomatie préventive.

Le gouvernement doit aller dans chacun de ces pays qui fournissent des hommes pour que ces pays fournissent des contingents opérationnels, c’est-à-dire des hommes qui savent se battre, sinon on peut fournir du n’importe quoi, des mécaniciens etc.., si les négociations sont menées, ils se mettent d’accord avec le gouvernement, ils savent qu’ils vont affronter les groupes armés, ils feraient ce qu’il faut et cela faciliterait le travail de la Minusca.

Si nous restons bras croisé et demande l’augmentation des effectifs, certes on peut avoir trois ou quatre pays de plus ; mais si ces pays restent sur le terrain et qu’il n’y a pas d’offensive des groupes armés, cela veut dire que rien ne se passe. Je pense que l’action du président à New York n’est pas mauvaise mais elle est insuffisante. Le gros doit-être fait ici au niveau du gouvernement dans les actions diplomatiques. Maintenant les FACA, les 600 FACA qui sont déjà formés, pourquoi ils ne sont pas opérationnels ?

Cela fait des mois, ils ont peut-être perdu tout ce qu’ils ont appris. Ceux qui sont en formation, il faut déjà prévoir l’acquisition des armements pour eux. Je crois qu’il faut faire de la prévention, il faut avoir une planification des actions cela permettra que petit à petit nos forces reprennent leurs places dans l’échiquier national.

RJDH : Dans une interview accordée au journal français Le Monde, vous avez dit que le problème en Centrafrique est que le fauteuil présidentiel est vide, pensez-vous que le problème centrafricain est lié en la personne de Faustin Archange Touadera ?

AGD : Personne ne conteste la légitimité du président Faustin Archange Touadera, à commencer par moi-même qui ai refusé de déposer un recours en annulation devant la Cour Constitutionnelle lors des élections présidentielles. Seulement le poste du Président de la République est un poste d’autorité. Il n’y a pas plus grand poste, après le poste du Président de la République c’est Dieu. On s’attend à ce qu’il soit le principal protecteur de la Nation. Il a prêté serment, vous savez que le texte de serment est très précis, et tourne surtout autour de la protection de la population et l’intégrité territoriale.

On a besoin de se sentir dans un pays, même quand le pays est en crise, on a besoin de sentir que le pays a un chef qui contrôle tout, qui fait travailler le gouvernement, qui fait fonctionner le gouvernement, on a besoin de le sentir. Vous conviendrez avec moi qu’aujourd’hui le dernier des centrafricains s’interroge sur ce que fait l’Exécutif. Ce que j’ai dit, je n’ai fait que traduire l’interrogation de tous les centrafricains. Vous savez, je suis député, donc en faisant ce type d’interview, j’informe le gouvernement de ce que la population pense, je le dis avec mes mots, donc c’est à eux d’analyser le contenu de voir pourquoi, est-ce qu’un homme politique, député de surcroit se permet de dire ce genre de choses. C’est un ressenti par tout le monde, on a l’impression que personne en sait ce que fait le gouvernement.

On a besoin de sentir le gouvernement partout, ça ne peut ne pas donner des résultats tout de suite, mais c’est rassurant de sentir le gouvernement partout, quel que soit ce qui se passe, le gouvernement se sent concerné, qu’il ait des déclarations, des actions, il faut qu’on sente le gouvernement et c’est ce qui manque.

RJDH : Monsieur Anicet Georges Dologuélé merci.

Propos recueillis par Juvénal Koherepede
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