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Centrafrique : Le préfet de Bamingui Bangoran exprime les attentes des administrés de l’extrême nord par rapport à l’absence de décentralisation
Publié le dimanche 8 octobre 2017  |  RJDH Centrafrique
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© Autre presse par DR
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BANGUI – Plusieurs villes de la République Centrafricaine souffrent de leur éloignement de Bangui, la capitale où toutes les activités sont concentrées. Des populations du nord se plaignent et appellent à l’accélération du processus de la décentralisation dont le projet de loi est à l’Assemblée Nationale.

Plusieurs autorités régionales de la RCA ont exprimé leur inquiétude suite au problème de la décentralisation qui semble boqué. Ces dernières tiennent l’absence de décentralisation pour responsable du sentiment d’abandon qu’ont plusieurs populations de l’arrière-pays. C’est la position exprimée par le Préfet de la Bamingui Bangoran, Mahamat Abdoulaye dans une interview qu’il a accordée au journal Lissoro. Cette autorité souhaite que Bangui agisse vite pour rassurer les populations des zones reculées chez qui le sentiment d’abandon est en train de prendre le dessus.

Mahamat Abdoulaye bonjour !

Mahamat Abdoulaye : Bonjour monsieur le journaliste

En absence de politique de décentralisation comment votre zone qui est éloignée arrive-t-elle à se rapprocher de l’Etat ?

MA : La décentralisation c’est un long processus qui a commencé depuis longtemps mais qui n’est pas encore achevé comme tel. Je dis cela par rapport aux textes. Au moment où je parle de la décentralisation, nous n’avons pas de texte comme tel sous le bras qui permette d’appliquer la politique gouvernementale en matière de décentralisation. En ce qui concerne les textes, nous avons les régions et je suis dans la région 5 où la population est attristée par l’éloignement des services de base. Imaginez, pour les cartes d’identité, la santé, l’éducation et le commerce, il faut se rendre à Bangui et les gens n’ont pas cette possibilité vu les distances qui nous séparent de la capitale. Aujourd’hui, nous faisons ce qu’il faut pour rassurer la population de cette région par rapport à la détermination de l’Etat pour renouer avec la politique de décentralisation mais, c’est difficile de changer le sentiment d’abandon qu’elle a eu durant toutes ces années. Je pense que c’est l’absence de décentralisation qui crée la frustration.

Bamingui-Bangoran est l’une des régions très éloignées de Bangui où tout est concentré, comment appréciez-vous cette solution ?

MA : Le vrai problème, c’est que nous n’avons pas les infrastructures routières nécessaires pour joindre la région numéro 5 à la capitale. Il y a des pays qui sont plus vastes par transport que la RCA. Donc toutest possible. Mais le problème que nous rencontrons sur le terrain, c’est que si je prends l’exemple de la région 5, voilà toutes les directions régionales se trouvent au niveau de la ville de Bria. Pour faire le tour, de toutes les régions il se pose un problème aux directeurs régionaux qui résident à Bria. Ils n’ont pas de moyens de déplacement pour se rendre dans les autres préfectures. Et pour fournir des documents administratifs, il faut descendre dans la capitale Bangui pour pouvoir réunir toutes les pièces nécessaires. La question de la santé, de l’éducation, et d’autres restent aujourd’hui à définir. Vous prenez la question de la santé, en cas d’urgence il faudrait courir à Bangui pour avoir des soins nécessaires et à défaut du manque d’ambulance vous imaginez la suite. Comme vous le savez, la décentralisation est la méthode qui consiste à donner un peu de pouvoir aux collectivités de se gérer. La politique de décentralisation a besoin de moyens. Mais quand on parle de la décentralisation comme ça, je crois que ça ne peut pas porter de fruit. On a vu l’exemple dans les pays voisins, c’est vraiment un pilier. Or chez nous, on parle de la décentralisation sans pour autant mettre des mesures d’accompagnement et cela affaiblit la politique et les régions.

Quelle est la position de vos administrés par rapport à la question de la décentralisation ?

MA : Vous représentez déjà l’Etat, vous essayez de donner satisfaction ! C’est déjà quelque chose. Vous avez les communes qui sont là, les chefs de villages, de quartiers, de groupes qui doivent accompagner votre politique. C’est vous qui devrez manœuvrer cette politique, essayer de conduire les gens. Il faut aussi leur faire comprendre ce que c’est que la décentralisation à la base, quelles sont les bienfaits de la décentralisation ainsi de suite. Mais c’est vraiment insuffisant et tout le monde est fatigué là-bas et ils s’impatientent.

Qu’attendez-vous de la politique de décentralisation monsieur le Préfet !

MA : Je crois que cela dépend de la volonté politique, de la volonté d’y parvenir. Si je prends l’exemple des régions, c’est une loi qui a mis en place toutes les régions de la République Centrafricaine et c’est depuis 1996 jusqu’à aujourd’hui que l’on n’arrive pas à concrétiser cette politique qui devrait permettre à la population de prendre son destin en main. Or, beaucoup de difficultés continuent à entourer cette politique avec l’instabilité au niveau des régions, avec les groupes armés, toutes ces contraintes là, ça pose un problème. Vous ne pouvez pas contrôler toute la préfecture en tant que telle. Puisqu’il y a des régions, des coins où vous ne pouvez pas accéder, donc il nous faut encore du temps.

Quels sont les avantages pour votre zone ?

A : La décentralisation va permettre à chaque région de définir elle-même sa politique de développement. Vous savez chaque région a sa civilisation, sa réalité, sa culture et il faut tenir compte de tous ces aspects en faisant une étude pour savoir ce dont la population a besoin, parce que les régions n’ont pas les mêmes problèmes.

Mais il est clair que dans les zones éloignées, les populations sont dépassées par le fait que tout soit concentré à Bangui et qu’elles n’ont pas la possibilité de se procurer des documents en bonne et due forme.

Monsieur le Préfet Mahamat Abdoulaye je vous remercie !

MA : Tout le plaisir est pour moi de vous remercier monsieur le journaliste.

Propos recueillis par Judicaël Yongo.
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